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Critique de Lucilou


Issue de la petite noblesse normande, Jeanne a reçu l'éducation classique des jeunes filles de son rang et de son milieu, c'est-à-dire pas grand chose si ce n'est cinq années passées au couvent à apprendre à être une bonne catholique et une bonne épouse. Cinq années qui suffisent aussi à s'imaginer un futur au bras d'un époux auprès duquel le plus charmant des princes charmants ne serait qu'une pâle copie... Au terme de ces quelques années, l'oie blanche si belle et si blonde quitte le couvent pour retourner vivre chez ses parents, de paisibles et aimants nobliaux de campagne. La grande affaire, c'est quand même qu'elle est en âge de se marier, qu'il est temps de recevoir les hommages et les compliments de ses prétendants et d'en choisir un qui lui plait tout en ayant l'approbation de ses parents. On ne trouve pas l'homme idéal sous le sabot d'un cheval... et pourtant, beau brun ténébreux, voici qu'arrive Julien de Lamare, fils de la noblesse déchu. le parc du domaine familial sert de décor à la cour empressée du jeune homme et la jeune fille en fleur succombe. On célèbre de belles noces, qui pourraient être une fin mais qui signe le début d'une vie conjugale... Hasardeuse... Julien sera un mari avare, violent, infidèle. Alors Jeanne subit... en pleurant d'abord, en se taisant ensuite... Elle ne se bat pas, ce qui peut d'ailleurs la rendre agaçante... de son époux, elle aura un fils -une autre femme aura de même- qu'elle aimera plus que de raison, mais à l'image de son père, il ne traitera que fort mal sa mère. C'est le parcours de toute une vie que déroule Maupassant, pathétique et silencieuse, tout en croquant sur le vif la petite noblesse normande et ses protagonistes. le curé est à cet égard particulièrement savoureux. Tableau normand au réalisme cruel et non sans ironie, ce roman de Guy de Maupassant est une réussite! A titre personnel, je préfère le début du roman à la fin... Je suis moins touchée par la femme mûre puis âgée que par la jeune fille... L'innocence de cette dernière est touchante quand la faiblesse de la première me paraisse parfois agaçante. Mais ce n'est que mon avis.
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