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Critique de valleg


Dans la demeure des Cazeneuve, Mathilde, la bru se meurt. Derrière la porte, sa belle-mère Félicité jubile, certaine de retrouver, une fois l'intruse disparue, la relation fusionnelle qui l'unit depuis cinquante ans à son « bien aimé », son fils Fernand. Mais la Mathilde morte semble avoir plus d'emprise sur Fernand qu'elle n'en avait de son vivant. Et la mère toute puissante comprend « que les absents ont toujours raison : ils sont ceux qui ne contrarient pas le travail de l'amour. »

Le décor est planté pour un huis-clos mère/fils fait de feintes, de disputes, de silence, de renoncement. Mauriac analyse avec une grande acuité et sans complaisance les différentes phases que traversent les deux protagonistes ; l'une pour tenter de reconquérir l'amour filial, l'autre pour s'en délivrer. Mais peut-on jamais se libérer d'un amour vorace lorsqu'on l'adule malgré tout?

On pense à Vipère au poing dans l'image de la toute-puissance maternelle, mais Fernand n'est pas Brasse-Bouillon, il lui manque la haine salvatrice et l'issue est tout autre.

J'ai été fascinée par la noirceur qui se dégage de ce court récit. Et qui tient autant à la dureté du propos qu'à l'atmosphère confinée de cette petite bourgeoisie terrienne qui vit comme recluse, tournée vers le passé dans « ces domaines ceints de murs et enserrés si étroitement d'arbres, qu'il semble que les êtres qui vivent là n'aient aucune autre communication qu'entre eux ou avec le ciel ».

Sombre, sobre, intense : une très belle découverte.

Challenge Nobel 2013-2014
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