Citations sur Rebecca (324)
C'était Manderley, notre Manderley secret et silencieux comme toujours avec ses pierres grises luisant au clair de lune de mon rêve, les petits carreaux des fenêtres reflétant les pelouses vertes et la terrasse. Le temps n'avait pas pu détruire la parfaite symétrie de cette architecture, ni sa situation qui était celle d'un bijou au creux d'une paume.
Le bonheur n'est pas un objet à posséder, c'est une qualité de pensée, un état d'âme.
Je songeais combien peu nous connaissons les pensées des vieilles gens. Nous comprenons les enfants, leurs jeux, leurs espoirs et leurs illusions. J'étais une enfant, hier. Je n'avais pas oublié. Mais la grand-mère de Maxim, assise dans ses châles avec ses pauvres yeux aveugles, qu'éprouvait-elle, que pensait-elle ? Savait-elle que Béatrice bâillait et regardait sa montre ?
Devinait-elle que nous étions venues la voir parce que nous pensions que c'était bien, que c'était notre devoir, et afin que, en rentrant chez elle, ensuite, Béatrice pût dire : "Maintenant, j'ai la conscience tranquille pour trois mois" ?
L'âme adulte peut mentir avec une conscience tranquille et un air joyeux (...).
La langueur et la subtilité que j'avais lues dans les romans n'étaient pas pour moi, ni le défi, ni les escarmouches, ni le sourire provocant. L'art de la coquetterie m'était inconnu, et je restais immobile, sa carte sur mes genoux, le vent soufflant dans mes cheveux ternes, heureuse dans son silence et pourtant avide de ses paroles.
"Si seulement on pouvait inventer quelque chose, dis-je vivement, qui conserve un souvenir dans un flacon, comme un parfum, et qui ne s'évapore, ne s'affadisse jamais. Quand on en aurait envie, on pourrait déboucher le flacon et on revivrait l'instant passé"
Si seulement, m'écriai-je, on pouvait inventer une technique qui permette de mettre les souvenirs en flacons, comme les parfums. Qui les empêche de s'évaporer, ou de virer. Alors, quand on voudrait, on pourrait déboucher le flacon, et on aurait l'impression de revivre l'instant.
Nous avons tous en nous un démon qui nous harcèle et nous tourmente, et il faut bien finir par lui livrer combat.
"J'aurais pu lutter contre une vivante, non contre une morte. S'il y avait une femme à Londres que Maxime aimât, quelqu'un à qui il écrivit, rendît visite, avec qui il dîna, avec qui il couchât, j'aurais pu lutter. Le terrain serait égal entre elle et moi. Je n'aurais pas peur. La colère, la jalousie sont des choses qu'on peut surmonter. Un jour cette femme vieillirait, ou se lasserait, ou changerait et Maxim ne l'aimerait plus. Mais Rebecca ne vieillirait jamais." (page 226)
Je suis contente qu'on ne puisse l'avoir deux fois, la fièvre du premier amour. Car c'est une maladie et c'est un fardeau, quoi qu'en puissent dire les poètes.