C'est parfois dur de
continuer, il y faut plus d'énergie qu'on ne croit.
Une mère et son fils en font l'expérience dans la steppe kirghize. À cheval.
Sibylle y emmène son fils, Samuel, ado à la dérive, rivé à ses écouteurs et à son téléphone, cette forme moderne de l'autisme, pour l'aider à retrouver le sens de sa vie et à refonder le socle des valeurs qu'elle voudrait partager avec lui...sûrement aussi pour retrouver, quant à elle, cette estime de soi que sa vie professionnelle, son mariage- autant d'échecs- lui ont fait perdre depuis qu'a disparu ce qui lui donnait la force d'exister et l'audace d'entreprendre.
Pour
continuer, il faut d'abord rompre avec la routine.
Pour
continuer il faut arrêter de s'engluer dans le quotidien qui sape et qui ronge.
Pour
continuer il faut briser le silence, ouvrir les vannes de la colère ou celles du désir, affronter le risque, la mort, écouter les bêtes, et ce qu'elles nous apprennent du monde et de nous-mêmes, aller vers les autres, combattre les préjugés, les peurs, les fantasmes, accueillir l'amour.
Mère, fils et chevaux iront jusqu'au bout d'eux-mêmes sur cette route initiatique. Ils
continueront. Non sans casse. Non sans peril. Non sans surprise.
La phrase magnifique- rythmée, soutenue, hypnotique- de Mauvignier sera le fil conducteur, le courant continu, l'amarre infinie à laquelle se rattacher dans cette traversée dangereuse qui mène à la rencontre de soi.
Un beau récit, tendu comme un filet jeté au-dessus de l'abîme.
On se laisse emporter, on ne peut rien faire d'autre que
continuer, nous aussi, en dépit du vertige.