AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 164 notes
Ville de Mesto, Tchécoslovaquie. le livre s'ouvre sur le retour, celui de Frau Landauer, sa canne tapotant le sol de la cour. Une absence de trente ans. Guidée dans la demeure, arrivée dans la Pièce de verre, les images du passé ressurgissent, ses yeux aveugles la privant de voir la pièce telle qu'elle est aujourd'hui.

Mais revenons en arrière, vers la fin des années 1920. La maison, une immense demeure très avant-gardiste pour son époque, plaque centrale de ce roman, n'est pas encore construite. C'est lors de la lune de miel de Liesel et Viktor Landauer qu'émerge le désir d'un foyer en accord avec le XXe siècle, une maison rêvée pour une vie entièrement tournée vers l'avenir. Leur rencontre avec Rainer, un architecte ou plutôt « un poète de la lumière, de l'espace et de la forme » comme il se qualifie lui-même, va remplir toutes leurs envies de modernisme. Là, à Venise, alors que la lumière fait étinceler les gondoles, l'architecte leur dessine un projet, une oeuvre d'art dont tout le monde s'émerveillera.
Fini le temps des pierres et des briques ainsi que des ornements lourds et clinquants.
L'immense maison sera construite à flanc de colline. du verre pour une impression de contact direct sur l'extérieur, une structure en acier chromé et, dans la Pièce de verre, un mur d'onyx très onéreux, qui, caressé par les rayons du soleil couchant, s'enflamme d'or et d'ocre.
Pour Liesel, ce foyer atteindra la perfection. Et pour son amie Hana « Tout cela est bien trop beau pour durer. »

Le choix de cette maison de verre, qui, excepté le mur d'onyx dont le flamboiement amène une touche chaleureuse, semble très judicieux pour y installer, en premier lieu, les vies du couple Landauer. Ce grand espace moderne et froid va en effet abriter leur dérive conjugale. Avant les évènements amenés par la montée en puissance d'Hitler, les relations du jeune couple s'effritent alors que Viktor fréquente une jeune Viennoise rencontrée lors de ses déplacements professionnels. L'auteur instaure un contraste saisissant entre la transparence, la clarté de cette Pièce de verre où l'on revient si fréquemment, et la fausseté du mari, sa relation extraconjugale ne lui apportant aucune honte, aucune culpabilité.
Puis les articles de journaux ou le poste de radio relatent les succès politiques en Allemagne. le grand Reich annexe, des réfugiés en masse quittent l‘Autriche et se réfugient en Tchécoslovaquie alors que Viktor, juif non pratiquant, songe à fuir aussi.
« La maison est devenue leur refuge, la Pièce de verre, cette construction qui n'a pourtant rien d'une forteresse, leur apporte la consolation de la raison et du calme, tandis que dehors, aux confins de leur existence, le monde s'écroule. »
Finalement déserté, ce Palais de verre retrouvera sa nudité première, celle d'avant l'installation du couple. L'angoisse, les incertitudes flottent dans la maison vide. Un retour sera-t-il possible ?
Les nazis, les Soviétiques, respecteront-ils la propriété Landauer ?

De sa construction à 1990, cette maison de verre nous ouvre grand ses portes et ses baies vitrées. On s'y engouffre, porté par la fluidité de la plume de Simon Mawer. Entre faits historiques et liaisons amoureuses ou haineuses qui se font et se défont, les vitres de cette vaste demeure laissent voir au lecteur des décennies de rapports tumultueux, du point de vue politique et intime. Au fil de ces temps chaotiques, l'occupation de la Pièce de verre initialement conçue pour un avenir radieux et plein de belles promesses reflète finalement la folie, la perversité et la brutalité de l'homme.
Si l'architecture du Palais de verre faisait preuve d'un impressionnant modernisme, il semblerait que l'auteur ait également mis du côté du personnage d'Hana des attitudes et un langage très osés pour l'époque. D'ailleurs, sa dernière relation est vraiment improbable et enlève un peu de crédibilité à l'histoire.
Il n'en reste pas moins que les plus de six cents pages de ce roman se dévorent en nous ramenant inlassablement dans l'intérieur dépouillé de la Pièce de verre où, par delà son alignement de vitres, l'orage gronde et éclate, la complexité des relations et des désirs humains entachant la pureté de la lumière qui inonde ce vaste espace moderne.
Commenter  J’apprécie          301
Beau roman inspiré de la villa Tugendhat réalisée par en république tchèque (https://fr.wikipedia.org/wiki/Villa_Tugendhat) par l'architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe à la fin des années 1920.
Ma passion pour l'architecture et pour l'histoire du 20ème siècle explique pourquoi j'ai dévoré ce livre. la qualité de l'écriture n'y est pas étrangère non plus. un livre que je vous conseille.
bonne lecture!
Commenter  J’apprécie          00
Le palais de verre raconte l'histoire de plusieurs générations à travers une maison d'architecte moderne d'après 1ère guerre mondiale en Tchécoslovaquie. J'ai apprécié les descriptions de la maison, suivre le parcours des différentes personnes qui l'ont occupée et la destination qu'elle a pu avoir au cours des années. Cela m'a permis également de découvrir l'arrivée du nazisme côté tchécoslovaque, la réaction des locaux face au risque: l'indifférence, la prévoyance, l'optimisme... Super livre que j'ai avalé en quelques jours.
Commenter  J’apprécie          00
C'est plutôt l'histoire d'une maison, un palais souhaité par un couple jeune et riche dans les années 1920 en Tchécoslovaquie. Cette maison est conçue par Rainer
von Abt architecte de renom. Il imagine un palais de verre où tout ce joue autour de la lumière, c'est une oeuvre d'art !
Autour de cette maison évoluent des personnages propriétaires, amis, amants, gardiens, occupants, médecin etc. au fil des ans avec chacun leur histoire. Autour de cette maison se joue l'histoire avec un grand H : occupation nazi, soviétique et enfin renaissance !
J'ai découvert au travers de ce livre une partie de l'histoire et de l'art qui m'était totalement inconnue.
Commenter  J’apprécie          10
Le nazisme se profile en Tchécoslovaquie; le personnage principal est riche, il est juif: il va perdre, sinon tout, du moins beaucoup.
Évidemment, ce n'est pas tout à fait un sujet inédit. Comment l'aborder sous un angle neuf? Simon Mawer imagine une saga pleine de passions où l'amour est envisagé sous tous ses angles: conjugal, ancillaire, saphique, vénal, maternel, romantique et j'en passe certainement. Chacun de ces amours est traversé par la grande histoire: séparation, déportation, traîtrise, abandon: il y a un côté figures imposées dans tout cet inventaire, et même, si j'osais, un côté Oulipo sous le troisième Reich... Si le Juif n°1 s'exile, le n°2 est déporté; si l'amour vénal 1 devient passion, l'amour vénal n°2 va aboutir à une dénonciation; si l'enfant n°1 est tué, l'enfant n°2 est sauvé... On se surprend à cocher mentalement des cases pour anticiper la suite des événements.
En fait, la vraie originalité du roman tient à l'importance du palais de verre, foyer de deux des personnages principaux qui ont voulu cette immense maison de style moderniste pour abriter leur famille. Cette maison sera quittée quand l'exil deviendra nécessaire; elle sera annexée par la "science" nazie puis par l'État communiste avant de devenir musée. Les tribulations de la maison redoublent celles des humains, mais, là encore, le palais de verre devient moins un personnage à part entière qu'une allégorie de plus en plus grossière à force de servir à tout. Symbole du luxe effréné d'une minorité privilégiée aveugle à la haine qu'elle suscite. Symbole d'une volonté de transparence rendue impossible par les atermoiements de l'amour adultère. Symbole d'une modernité éprise d'efficacité qui annonce la mort industrielle des camps d'extermination. Symbole de la beauté dernier rempart à la barbarie.
Eh oui, ça clichetonne pas mal.
Quand même, enfin, à la dernière page, la maison devient symbole de la permanence et, enfin, cela fait sens et l'émotion surgit.
J'ai versé quelques larmes sur les dernières lignes. Mais fallait-il autant de froide rationalité dans toutes celles qui précédaient pour obtenir in extremis que le coeur se serre?
Commenter  J’apprécie          320
Le début de ce roman m'a déroutée : il est écrit de manière assez froide et cru, dans un style particulièrement bien adapté au goût du couple Landauer pour l'art contemporain dépouillé, mais aussi comme un rappel de la guerre sur le point d'éclater. J'ai donc eu un peu de mal à entrer dans ma lecture, mais au fil des pages je me suis surprise à aimer de plus en plus ce roman. La maison Landauer est vraiment au centre de l'histoire, il s'agit presque d'un personnage autour duquel gravitent les autres personnages. de ce fait, seuls les personnages à proximité de la maison sont évoqués. C'est un peu perturbant au départ, car l'auteur n'évoque plus ceux qui sont partis, mais c'est finalement passionnant. J'ai aimé le fait que ce roman soit inspiré d'une histoire vraie (la villa Tugendhat), mais j'ai trouvé dommage que l'auteur ne nous informe pas plus sur ce qui s'est réellement passé.
Commenter  J’apprécie          00
Bon livre à lire, où l'on suit les péripéties de la famille Landauer dans leur maison si particulière avec impatience jusqu'à la fin ... Cela donne envie de lire d'autres livres de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          00
L'histoire d'une maison, construite sur l'idée d'avenir de l'intelligentsia tchèque au début du 20ème siècle par un architecte allemand, pour un couple d'industriels les Landauer : moderne, lumineuse, nue, tournée vers l'extérieur et le monde, construite avec des matériaux précieux. Mais la seconde guerre mondiale, et la rafle des juifs disperseront les protagonistes. Un roman un peu long mais des personnages ambigus et riches.
Commenter  J’apprécie          10
Un très bon livre qui raconte 60 années d'intrigues autour d'une architecture et ou l'intime et l'histoire se mèle. L'auteur nous offre un grand roman d'amour.
Commenter  J’apprécie          20
Une légère déception ou une déception légère? Il y pourtant beaucoup de bonnes choses, mais, il manque un rien de "savoir faire"...
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (364) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3224 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}