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Critique de fabienne2909


Avec « L'homme de Lewis », deuxième roman d'une trilogie se passant dans les Hébrides extérieures, en Ecosse, Peter May signe un ouvrage se situant entre roman historique et polar.

Après avoir démissionné de son poste d'inspecteur de police à Edimbourg, hanté par l'assassinat de son fils renversé par un chauffard toujours en cavale et son mariage brisé, Fin MacLeod revient sur son île natale, l'île de Lewis, afin de tenter de reconstruire sa vie.
Il y retrouve assez rapidement Marsaili MacDonald : les cendres de leur amour sont-elles vraiment refroidies ? Leurs retrouvailles seront toutefois un peu ralenties par la découverte d'un corps momifié dans la tourbe, dont l'ADN révèle la parenté avec Tormod MacDonald, le père de Marsaili. Or, celui-ci, plutôt taiseux sur son passé, n'a jamais indiqué avoir eu un frère. Tormod MacDonald est-il vraiment celui qu'il paraît être ? Il fait donc office de principal suspect, et, étant atteint de démence, n'est d'aucune aide pour éclaircir cette histoire.
Fin MacLeod, pas tout à fait débarrassé de ses réflexes de policier, seconde alors le détective de la police locale en attendant la venue, dans une semaine, de l'inspecteur principal dépêché d'Edimbourg : en effet, il sera moins conciliant sur l'arrestation de Tormod MacDonald… La vérité doit donc être vite trouvée.

Si l'intrigue policière est somme toute assez classique, l'originalité de « L'homme de Lewis » est d'alterner les points de vue et d'entrelacer différentes histoires sur une rythmique différente : en effet, une partie de l'histoire est narrée par Tormod MacDonald, qui perdant la raison, ne reconnaît plus sa famille, et s'enfonce de plus en plus dans ses souvenirs. Ainsi, le lecteur apprend bien avant les personnages du roman qui est vraiment Tormod MacDonald et d'où il vient. le mystère autour de ce dernier, dévoilé peu à peu par le vieil homme, prend d'ailleurs le pas (c'est un reproche que l'on pourrait faire au roman) sur l'intrigue policière puisque l'on devine assez rapidement qui est l'identité du mort : ainsi, peut-on parler de roman policier quand il n'est plus vraiment essentiel de savoir comment ni pourquoi il a été assassiné, qu'il n'est en fait plus qu'un prétexte au roman ?

L'histoire de Tormod MacDonald est surtout l'occasion pour Peter May de dévoiler un pan mal connu de l'histoire écossaise : celle des « homers », ces jeunes orphelins (ou seulement abandonnés par leurs parents) qui ont été envoyés dans les campagnes pour les repeupler. Adoptés par des paysans (qui ne les traitaient pas toujours bien), ils devaient changer de nom pour adopter celui de leur « nouvelle » famille et voire même changer de langue, le gaélique étant l'idiome employé dans les campagnes.

« L'homme de Lewis » est donc un roman passionnant, qui s'affranchit des règles du polar en ce qu'il traite de sujets historiques (les « homers »), sentimentaux (l'aspect le moins réussi : les retrouvailles Fin/Marsaili sont un peu mièvres parfois, à l'instar de l'intrigue autour de Finlagh, sa petite amie Donna, l'enfant qu'ils ont eu alors qu'ils n'ont pas encore fini le lycée et de la réaction du père de cette dernière, un peu difficile à comprendre, mais qui, ô miracle, se résout grâce à Fin) et sociaux (comment s'occupe-t-on d'un retraité sénile en Ecosse quand on n'a pas les moyens ?). Si certains ressorts de l'intrigue sont assez grossiers, et donc prévisibles, la joliesse incontestable du style de Peter May (que j'avais découvert avec ses polars se passant en Chine, et qui sont parfaitement différents) et le charme tout écossais (les paysages sont magnifiquement décrits, le vent nous siffle aux oreilles, on est giflés par les embruns de l'océan presque à chaque ligne) qui s'en dégage rattrapent aisément ces petits défauts.
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