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Critique de Elamia


Elamia
06 décembre 2015
Je ressors agréablement surprise par cette lecture.

Je connaissais Katarina Mazetti uniquement de nom, grâce au fameux roman le mec de la tombe d'à côté. Si ce dernier ne m'a jamais intéressée plus que ça, le viking qui voulait épouser la fille de soie m'avait interpellée lors de sa première parution en grand format. L'autre jour je suis tombée sur le format poche, et après avoir longuement hésité, je suis repartie avec.

C'est avec un grand étonnement que j'ai été happée par cette histoire. Je m'intéresse depuis longtemps aux vikings et à leur mythologie et cette épopée historique dans la Scandinavie du Xème siècle m'a vraiment captivée. Il est étrange que sensible comme je suis, je m'intéresse à un peuple avec des manières aussi brutales, mais c'est avant tout pour leur mythologie que je me passionne. Effectivement, les vikings vénéraient de nombreuses divinités et tout ça fait partie intégrante de leur mode de vie. Lire un roman historique sur leurs coutumes, c'est aussi une manière pour moi d'en apprendre davantage sur leur spiritualité et sur les différents rituels de vénération. Je me focalise peut-être un peu trop sur leur cosmogonie et j'en oublie souvent qu'ils étaient des individus aux conditions d'existence âpres et aux moeurs rudes et barbares. Mais outre cet aspect assez désagréable, c'est un peuple qui me fascine toujours autant. La faute en est à l'influence héroïc-fantasy des films, jeux et autres sources d'inspiration.
Comme le démontre si bien l'auteure dans son histoire, c'est avant tout un peuple de marins, ils ont des connaissances immenses sur tout ce qui à trait à la navigation. Mais, pas seulement. Si certains étaient avides de conquête et de pouvoir, certains étaient plus versés dans l'agriculture et devenaient d'habiles fermiers, d'autres encore, étaient d'imminents négociants et vendeurs. Certains encore, combinaient toutes ces aptitudes. S'il y a quelque chose que j'ai en revanche trop tendance à oublier, c'est qu'ils avaient de nombreux esclaves. Et si dans cette histoire Sabjörn – le personnage central- est plutôt indolent avec les siens, on imagine assez bien les conditions horribles de ces individus rabaissés au rang de butin de guerre ou de rapt. L'auteure rend d'ailleurs bien compte de cet aspect là à plusieurs reprise dans le roman. Âmes sensibles, s'abstenir donc.

Au départ, la difficulté est de s'habituer aux divers noms que ce soit de personnages ou de lieux. Heureusement, ce sont toujours plus ou moins les mêmes figures qui reviennent au fil du texte, et on s'habitue très vite à ces patronymes peu communs. de même, la carte en début d'ouvrage est une aide précieuse pour nous situer dans cet espace totalement confus, et j'y revenais même souvent au cours de ma lecture.
Si vous n'êtes pas familiers avec les dieux scandinaves, il vous faudra peut-être faire quelques recherches pour comprendre les attributs des divinités citées dans le livre.
D'une manière générale, l'auteure reconstitue de manière précise les coutumes scandinaves du Xème siècle. Il apparaît clairement qu'elle a fait des recherches poussées et s'est longuement documentée sur la question pour nous offrir un récit le plus proche possible de la véracité historique. Elle a réussi à rendre crédible son intrigue tout en nuançant son propos et en romançant la globalité du récit. Elle nous propose des portraits très différents, certains auxquels on s'attache plus volontiers qu'à d'autres, car on les a découverts enfants et on a suivi toute leur évolution jusqu'à l'âge adulte. Elle attise notre curiosité en entourant certains personnages d'une aura mystérieuse et n'hésite pas à en faire disparaître ponctuellement certains pour mener à bien une mission. D'ailleurs le début même du livre s'ouvre sur une disparition, et pas n'importe laquelle. Cette mésaventure va peser lourdement sur la famille et ce jusqu'à la fin du récit.

L'atmosphère et les décors sont si palpables, et les coutumes de la communauté viking sont tellement détaillées que l'on a aucun mal à imaginer nos protagonistes évoluer dans cette réalité tangible. L'auteure dresse toute une série de portraits et nous présente des individus au caractère et tempérament variés. Cela va du père de famille jamais remis de sa perte, aux deux frères en perpétuel conflit, en passant par la tante prophétesse jusqu'à la princesse byzantine et à ses deux esclaves douées pour la divination. Mais dans tout ce florilège de personnalités, l'on remarque aisément que les femmes sont influentes, et essentielles à l'équilibre du village. Fait que ne manque pas de préciser Katarina Mazetti dans sa postface qui indique qu'avant la christianisation, les femmes avaient un rang social plus élevé. Pas de shieldmaiden ici, mais des femmes pour le moins fortes et affirmées, qui sont le coeur même du récit.
Dans leurs soif de richesse et de pouvoirs, dans leur avidité à parcourir les mers et à découvrir de nouveaux horizons et malgré la rudesse de leur tempérament, les vikings peuvent aussi faire preuve de tendresse et d'amour. Les sentiments qui enflamment nos personnages tout au long du récit en sont la preuve. Amour, haine, vengeance, trahison, amour maternel, fraternel, ou paternel, ce sont des personnages animés et déterminés. Katarina Mazetti prend deux familles déchirées par le coup du sort, les fait se rencontrer et se lier en une seule et même grande famille. C'est beau et émouvant. Puis, j'ai adoré l'ambivalence entre la réalité palpable et rurale et l'aspect mystique et prophétique du roman.

A ma grande surprise, je suis conquise par ce livre. Cette saga familiale au coeur de la Suède du Xème siècle m'a énormément plu, et je ne manquerais pas de recommander ce livre à mon entourage.
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