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Critique de gatsbi


Ça y est, l'holocauste nucléaire est advenu. Les jeux sont faits.
Pour les humains, la fin semble se profiler. Pour le maître du jeu, la partie ne fait que commencer…

Une poignée de survivants émerge péniblement des décombres de la civilisation. Mais sont-ils si chanceux que cela ? Vivre sur une terre devenue stérile, subir les radiations mortelles, tuer pour ne pas être tué, est-ce que cela en vaut la peine ?

Tel est le décor de la vaste fresque apocalyptique qui se joue au fil des quelque mille pages de ce Swan Song.


Un petit mot sur les livres : cette édition est juste magnifique. Il suffit de lire attentivement les quelques pages qui suivent et précèdent le texte pour réaliser le soin apporté à la réalisation. En prime, une petite biographie très bien faite à la fin du roman.
Le tome 1, sans dénouement satisfaisant, n'est pas vraiment autonome. Il est donc préférable d'enchainer sur le second, et ma présente critique portera sur l'ensemble de l'oeuvre.

McCammon, je connaissais pas. Grâce à l'aimable invitation de mon ami babéliote Senna pour une lecture commune, c'est chose faite, et je l'en remercie car l'aventure valait son pesant de pages !


Dans sa biographie, on apprend que l'auteur écrit depuis le plus jeune âge. Cela explique peut-être la qualité d'écriture peu commune, un aspect qui saute aux yeux dès les premières lignes. Et cette qualité ne faiblit à aucun moment : une écriture solide et constante.

Le style est fluide et agréable, sans être particulièrement prononcé. La force de McCammon est de cocher toutes les cases qui font les bons conteurs :
- Un univers cohérent bien rendu.
- Un équilibre remarquable entre descriptions, dialogues et action. Sans jamais rentrer dans le contemplatif, les descriptions sont suffisamment imagées pour rendre compte de l'univers de désolation dans lequel évoluent les personnages.
- Une écriture logique, précise, avec de nombreux rappels.
- Un excellent sens de la scène et de la chorégraphie d'action.
- Des personnages très bien travaillés auxquels on croit, qu'on aime ou qu'on déteste.
- Des péripéties nombreuses et variées s'accordant avec les personnalités et l'univers. Une alternance de moments forts et de moments de répit.
- Un fil d'Ariane ténu mais solide, qui se déroule lentement par l'entremise de détails savamment distillés pour amener à l'inexorable dénouement tant attendu.

Comme qualité plus spécifique, j'ai noté la régularité dans l'écriture, particulièrement dans la forme. Ainsi les chapitres sont de taille homogène et regroupés au sein de parties des 70 pages environ, à l'exception des deux dernières qui font 100 pages chacune. J'ai apprécié les titres des chapitres qui, très modestement et classiquement, résument le texte en extrayant une phrase représentative. C'est bien fait.


Swan Song, c'est avant tout une atmosphère, une couleur, une odeur. Pas des plus agréables, hein, on est dans du post-apo dur, ici !
L'univers dévasté, aride et sans pitié (sans espoir ?) rappellera La Route, de McCarty. Mais l'atmosphère n'a rien à voir. Autant l'écriture sensible et introspective de McCarty nous fait rentrer dans la peau du père et de son fils, dans un monde cauchemardesque devenu inhumain, et l'on n'en sort pas indemne. Autant Swan Song se traverse sans encombre (pour le lecteur !) malgré les descriptions parfois gores et la noirceur de certains personnages. C'est que l'auteur sait contrebalancer l'horreur par l'optimisme et la ténacité de certains personnages, par l'héroïsme ou la générosité d'autres.
Il y a aussi du Mad Max dans Swan Song avec ce clivage, parmi les survivants, entre groupes pacifiques et factions belliqueuses, ou encore la valeur que prend l'eau et l'essence. Mais alors que Mad Max tire clairement vers la science-fiction (la technologie y est toujours prisée), Swan Song penche davantage vers la Fantasy, car l'élément fantastique (voire magique) prend ici le pas.


C'est clairement une des originalités (et un gros point fort) de Swan Song que d'incorporer une dimension fantastique ou magique. Certes, les éléments en question sont discrets, mais ils accompagnent le récit d'un bout à l'autre (l'introduction de l'anneau magique et celle du Diable ont lieu dès les premiers chapitres), et font partie intégrante du scénario. La découverte des mystères qui accompagnent ces manifestations surnaturelles alimente l'intérêt.

Un autre aspect rapproche Swan Song du genre de la Fantasy : celui de la quête ou du parcours initiatique du personnage principal. Ici, nous suivons plusieurs personnages principaux, et chacun a droit à sa quête personnelle.
Swan est le personnage central et sa quête est la plus classique : découvrir et maîtriser les pouvoirs qu'elle seule semble détenir.
Josh a la lourde responsabilité de protéger Swan, coûte que coûte.
Sister est la porteuse de l'anneau, et sa quête rappelle celle de Frodon dans le Seigneur des Anneaux.
Le colonnel s'investit lui-même de la tâche de reciviliser la population survivante, à sa manière.
Le jeune Roland endosse la carrière classique du Chevalier.

Mais là où McCammon fait fort, et c'est selon moi la plus grande réussite du roman, c'est qu'il parvient à juxtaposer derrière ces quêtes apparentes des quêtes intérieures (identité, refoulements). Ces quêtes intimes s'appuient sur un passé des différents personnages formidablement fouillé et bien exploité tout au long de l'histoire.

Les personnages de Swan Song sont nombreux et variés. Ce sont de bons archétypes dont l'auteur a choisi de limiter les forces.


Si les thèmes classiques du post-apo sont au rendez-vous (la violence, la mort, l'espoir, la reconstruction…), trois thèmes sortent du lot, les deux derniers étant fortement liés :
- le climat est traité de façon magistrale et donne sa consistance à l'univers.
- le religieux est omniprésent. Dans toutes les bouches avec les « Oh mon Dieu ! » qu'on ne compte plus. Dans tous les esprits surtout. On reconnait bien là l'Amérique profonde.
- La lutte entre le bien et le mal forme la véritable clé de voute du roman. À ce titre, Swan Song rappelle ces contes fantastiques où candeur et méchanceté s'affrontent au plus au niveau. (*)


Mes petites déceptions :
- Certains choix scénaristiques, comme le fait remplacer l'un des compagnons de Sister par un autre à un moment donné.
- Des choix un peu trop naturels et logiques concernant l'évolution des personnages. Il y avait peut-être matière à plus de complexité, plus de surprise.
- le traitement du pouvoir de l'anneau sur la fin (que je ne m'explique pas).


En conclusion, une très belle découverte et une longue traversée fort agréable !

(*)
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