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Critique de franksinatra


Dans un monde post-apocalyptique où tout a été dévasté, brûlé, réduit en poussière, un homme et son jeune fils errent sur les routes, les collines et dans les bois, à travers un nuage permanent de cendres qui obscurcit le jour et rend la nuit encore plus sombre. Poussant un caddie de supermarché où sont entassés leur maigre viatique, quelques vivres et provisions, une bâche, des couvertures, quelques vêtements, deux ou trois outils, ils se dirigent à l'aide d'une carte en lambeaux vers le sud pour fuir les contrées glacées où ils se trouvent et où ils auront du mal à survivre.
Derniers survivants d'un monde qui s'est écroulé depuis des années et qui a disparu, n'existant plus que dans les rêves métaphoriques de paradis perdu de l'homme et que l'enfant n'a même jamais connu, en perpétuel mouvement, toujours aux aguets, gardant l'oeil ouvert sur l'hostilité du monde qui les entoure, ils craignent quiconque croise leur chemin, enfant, vieillard et surtout les adultes car tout le monde se bat pour la moindre conserve, le plus petit fruit pourri, certains même n'hésitant pas à pratiquer l'anthropophagie. L'homme pour défendre sa vie et celle de son fils, préfère donc éviter les rencontres. Pourtant il n'hésitera à se servir du révolver qui ne le quitte jamais mais qui ne contient plus que deux cartouches s'il le faut. Toujours à la recherche de nourriture et d'abri protecteur; ils ne se fixent pourtant jamais et avancent, avancent jusqu'à l'océan enfin. Est-ce pour y rebâtir une vie nouvelle ou pour y mourir ?

Face au cataclysme qui a frappé la terre et ravagé toute forme de vie ou presque, comment les survivants s'en sortent-ils ? C'est à cette question que tente de réponde l'auteur récemment décédé en juin 2023 à 89 ans dans son roman "La route" récompensé par le prix Pulitzer de la fiction en 2007 et adapté au cinéma deux ans plus tard par John Hillcoat avec Viggo Mortensen dans le rôle principal. Vers quoi les pousse cet instinct de survie que l'Homme avec un grand H a chevillé au corps ? Car c'est bien là le thème principal de ce roman au style dépouillé et à la narration assez linéaire comme la marche incessante à laquelle se livrent le père et le fils.
De la catastrophe qui a ravagé et détruit le monde, on ne sait rien. Pas plus qu'on ne connait les noms de deux protagonistes principaux que l'auteur s'évertue à appeler "l'homme" et "le petit" comme pour mieux en faire des archétypes de l'humanité. Tout ce que l'on sait en revanche, c'est que la mort est omniprésente dans les paysages dévastés, dans les cadavres qui jonchent les routes, dans le triste gris des cendres, dans l'absence des bruits caractéristiques de la vie. Et à la mort s'ajoute la violence qui fait régresser les humains dont les comportements meurtriers et le cannibalisme deviennent la norme pour survivre. C'est ce à quoi s'oppose farouchement l'homme qui choisit de vivre sans violence dans ce monde oppressant pour se confronter aux aspects les plus élémentaires de l'humanité. Il puise sa force dans l'émouvant amour paternel qu'il porte à l'enfant pour l'aider à survivre coûte que coûte alors que la mère du petit garçon a, quant à elle, choisi la mort pour éviter l'enfer et la douleur. Sa force, mais aussi sa persévérance à lutter pour "porter le feu", à préserver la bonté et la civilisation de l'humanité dans un monde infernal que Dieu lui-même à abandonné et dans lequel se dire "à quoi bon" semble la seule chose raisonnable. Car en donnant à l'amour la priorité, il transmet des valeurs et il protège la compassion et la naïveté de l'enfant qui, lui, donne sans réserve sa confiance aux gens fragiles, vulnérables et précaires, qu'ils croisent sur leur route. le lecteur ne peut alors qu'espérer que la rencontre finale avec une famille donnera raison au père qui, avant de mourir, a renoncé à tuer son fils pour lui éviter de rester seul dans un monde atroce et au fils d'être "un bon gars" dont l'éthique constitue le dernier bastion d'humanité et de pureté face à la barbarie.
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