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Critique de Bartleby


http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2008/01/promthe-porteur-de-feu-mccarthy-la.html

Extrait :

Il y a probablement eu une guerre nucléaire. le monde n'est plus qu'un champ de ruines. Un déluge de flammes s'est abattu sur la terre comme en témoignent les buildings recroquevillés ou ces morts momifiés enlisés dans le bitume des routes. L'atmosphère est remplie de cendres grises qui pleuvent sans cesse et recouvre un sol dévasté. Il n'y a plus d'animaux, ni dans les airs, ni dans les eaux, ni sur terre si ce n'est, de temps à autre, un chien, au loin. Il ne reste que quelques hommes. Sur la route, un homme et son fils poussent un vieux caddie déglingué rempli de boîtes de conserves, de couvertures et de tout un bric-à-brac. Ils vont vers le sud, vers la mer, espérant ainsi échapper au froid polaire qui règne dans le nord, maintenant que le soleil, comme Dieu, s'est retiré. Même lorsqu'ils atteindront le noir océan, la désolation sera la même et là encore, il n'y aura ni poissons ni oiseaux, si ce n'est l'Oiseau de l'Espoir, le Pájaro de Esperanza, une vieille épave rouillée gisant à quelques mètres de la côte.
Le monde dans lequel ils évoluent est gris et noir, nulle trace d'une autre couleur dans la nature, encore moins de blanc. L'innocence n'est plus, elle ne survit plus que dans l'enfant :

« Quand il fit assez clair pour se servir des jumelles il inspecta la vallée au-dessous. Les contours de toute chose s'estompant dans la pénombre. La cendre molle tournoyant au-dessus du macadam en tourbillons incontrôlés. Il examinait attentivement ce qu'ils pouvaient voir. Les tronçons de route là-bas entre les arbres morts. Cherchant n'importe quoi qui eût une couleur. N'importe quel mouvement. N'importe quelle trace de fumée s'élevant d'un feu. Il abaissa les jumelles et ôta le masque de coton qu'il portait sur son visage et s'essuya le nez du revers du poignet et reprit son inspection. Puis il resta simplement assis avec les jumelles à regarder le jour gris cendre se figer sur les terres alentour. Il ne savait qu'une chose, que l'enfant était son garant. Il dit : S'il n'est pas la parole de Dieu, Dieu n'a jamais parlé. »

Ceux qui ne connaissent de Cormac McCarthy que les romans antérieurs à Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, seront surpris par la simplicité du style et le dépouillement du vocabulaire. La prose de McCarthy qui se caractérisait par un style chatoyant et un vocabulaire florissant s'est épurée. Les longs chapitres ont laissé place à de petits paragraphes d'une dizaine de lignes. Et pourtant, la force poétique est indéniable car ce style est parfaitement adapté au monde post-apocalyptique dans lequel l'auteur nous fait évoluer. Une écriture froide, décharnée et précise est nécessaire pour décrire un monde en voie de déshumanisation. McCarthy s'inscrit ainsi dans le sillage de Beckett et de Thomas Bernhard.
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