Car elle savait qu'un homme qui regarde toujours vers la porte comme s'il voulait être ailleurs finit toujours par partir.
Il avait été formé pour devenir l'un des meilleurs guerriers d'Ecosse, une arme secrète et létale. Il était capable de se glisser derrière les lignes ennemies, de s'infiltrer dans le camp adverse, d'affronter une douzaine de soldats à la fois, de tuer un homme sans faire le moindre bruit. Il y avait toutefois une épreuve pour laquelle il n'avait pas été entraîné : fuir une fille un peu trop entreprenante.
Qu'il soit guerrier, chevalier, quelle importance ? Dans son cœur, Anna savait qu'elle avait trouvé l'homme auquel elle était destinée.
Jusqu'à présent, elle n'avait rien trouvé de louche, à moins que parler uniquement par monosyllabes ne soit un crime.
Le pardon faisait partie de l'amour.
Plutôt mourir que capituler. C'était l'une des devises de la garde des Highlanders.
Pour le moment, elle ne pouvait penser qu'à l'homme qui la tenait. Il sentait divinement bon, dégageant une odeur chaude et fleurie. Il sortait probablement de son bain. Ses cheveux noirs encore humides s'enroulaient en boucles denses dans son cou et sur son front. Il s'était rasé, même si elle percevait encore l'ombre d'une barbe sur son menton ferme.
Tout en angles et en muscles, il possédait une virilité puissante qui, d'ordinaire, ne l'attirait pas. Elle préférait les hommes à l'allure et aux manières plus raffinées.
Généralement, elle ne regardait pas les guerriers. Ils lui rappelaient trop la mort.
Soutirer un brin d'affection à Sir Arthur était aussi impossible que de faire pleurer une pierre, une entreprise condamnée à la frustration et à l'échec.
La femme sortit de sa cachette. Lorsque Arthur lui prit le coude, elle se raidit. Pas de doute, elle avait tout entendu.
Sa capuche avait glissé en arrière, dévoilant une longue chevelure d'un brun doré qui retombait en boucles épaisses sur ses épaules. Il fut momentanément dérouté tant sa beauté paraissait incongrue dans cette situation. Lorsque le clair de lune illumina son visage, il retint son souffle.
Bigre ! Elle était ravissante. Ses traits délicats étaient dominés par de grands yeux bordés de cils épais. Son petit nez était légèrement retroussé, son menton pointu, ses sourcils formaient un arc doux. Sa bouche dessinait un cœur parfait. Quant à sa peau, elle était lisse et veloutée. Elle avait cet air vulnérable et attendrissant d'un petit animal à fourrure... comme un chaton ou un lapin.
Il ne s'était pas attendu à une telle aura d'innocence. Que faisait cette créature au beau milieu de la guerre ?