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Critique de Crossroads


Horace McCoy ( 1897 – 1955 ) , comme tant d'autres au pays de l'Oncle Sam , n'obtint jamais la reconnaissance eu égard à son rang . Témoin et acteur de la grande dépréssion des années 30 , il sortira un premier roman ( They shoot horses , don't they ? En 1935 ) corrosif et acerbe qui ne trouvera jamais son public . Atteint d'une crise cardiaque , il disparaitra à l'age de 58 ans dans l'indifférence la plus totale...
L'Aaaaamériiiiqueeee , l'Aaaaamériiiiqueeee , je veux l'avoir...Joe ? Non rien...

On acheve bien les chevaux , c'est avant tout une rencontre...Pas une belle rencontre mais de celles qui vous font longtemps regretter le jour pas béni de son avènement...Robert , figurant désoeuvré courant le cacheton dans un Hollywood moribond , et Gloria , pseudo actrice au chomage surnommée Patte de Lapin , Bout en train , Bleu Bonheur...La joie de vivre désincarnée...
C'est avec un entrain limité qu'ils décideront de s'inscrire au marathon de la danse , pitance et dodo assurés avec à la clé , 1000 $ aux vainqueurs ! Et pourquoi pas , peut-etre , l'occasion de se faire remarquer par un producteur pour ces Ginger et Fred désenchantés...

Par le biais de ce court récit , McCoy tire à boulets rouges sur ce pays des possibles et dégomme le reve Américain en un peu plus de 200 pages ! A chaque époque ses jeux du cirque . Les gladiateurs sont morts , place à ces forçats de la danse qui ne sont pas sans rappeler nos délicieux programmes de télé-pseudo-réalité , odes à la vacuité et la bétise la plus débilitante . Lelay , il y a peu , vendait du temps de cerveau humain disponible...A défaut de vendre du reve...Qui a dit cynique ? Mais revenons à nos moutons...chevaux...
Robert est jugé pour meurtre . A l'énoncé de la sentence , il se souvient de Gloria et de tous les évenements l'ayant conduit à comparaitre . Il se rappelle le marathon , il se remémore l'enfer...
A ma droite , les nantis , odieux spectateurs voyeurs d'une misere qui s'expose .
A ma gauche , les forçats de la vie prets à tout pour s'en sortir ou tout du moins , prolonger un peu plus leur agonie...
McCoy a su trouver le juste équilibre sans en faire de trop . Il nous immerge dans ces concours d'un autre temps , sans susciter le moindre ennui , et ce par le biais d'idées novatrices à meme de relancer continuellement l'interet du public et par ricochet , celui du lecteur ! Aucun temps mort...Organisation d'un pseudo mariage , instauration de derbys éliminatoires , tout est bon pour attirer et fideliser le chaland . le sponsoring est également de la partie , on a rien inventé...
L'on suit ces amitiés qui se font et se défont , ces rivalités qui explosent au rythme infernal d'une musique qui ne s'arrete jamais pour le plus grand plaisir de l'assistance qui ne vibre , elle , que pour la mise à mort annoncée de ces galériens du dancefloor...Au fur et à mesure , Robert se prend au jeu quand Gloria n'aspire plus qu'à lacher prise et souhaiter disparaître définitivement .
Une écriture envoutante . McCoy , astucieusement , joue avec le lecteur en alternant les évenements dramatiques inhérents à une telle compétition et le délibéré du proces . Malin . Les corps souffrent , les ames pas moins . 144 couples au départ , il ne doit en rester qu'un ! Ça vous rappelle quelque chose ?
Boudé à sa sortie pour cause d'attentat patriotique ( faut pas casser les reves , le ricain est susceptible...) , ce magistral récit retranscrit admirablement les affres d'une génération prete à tout pour s'en sortir , meme au pire...Il pose également la question du suicide assisté , frein supplémentaire au succés éditorial dans une Amérique dévote en diable . Si , si , c'est possible ;)

On Acheve Bien les Chevaux  , c'est comme le tres bon café : noir et intense ! Tu danses ?
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