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Critique de kielosa



J'ai d'abord vu le film de Sidney Pollack de 1969, basé sur l'ouvrage de Horace McCoy de 1935, l'année de sa sortie dans nos salles et l'histoire m'a tellement impressionné que je suis retourné voir le film le lendemain. Et pas parce que j'étais un fan inconditionnel de Jane Fonda, ce que je n'étais pas, quoiqu'elle y est convaincante. L'idée qu'il y ait eu aux États-Unis des marathons de danse pour des sous, ou tout simplement pour se remplir l'estomac, m'avait laissé interdit. C'était avant de lire "Les raisins de la colère" du Prix Nobel John Steinbeck, LE livre sur la Grande Dépression américaine après le Krach de Wall Street de 1929.

D'après les statistiques de Babelio, dont la qualité scientifique n'est contestée par personne de sensé, ce roman a été lu par presque 1000 Babéliautes, 937 pour être aussi précis que notre site préféré ! Chiffre saisissant, auquel il convient naturellement d'ajouter toutes celles et tous ceux qui ont vu le film et dont le total doit être carrément hallucinant et se situer dans les dizaines de milliers de spectateurs, rien que dans les pays francophones de notre vieille Europe, que ce serait un exercice hautement futile que de vouloir résumer le récit de ce pauvre McCoy.

Au moment de la lecture en 1971, j'avais noté au crayon pour moi-même en bas d'une page à propos des marathons yankees de danse les qualificatifs suivants : inhumains, décadents et hypocrites.
Deux dames de la Ligue des mères pour le relèvement de la morale publique essaient de faire arrêter le marathon par le Conseil municipal de l'endroit parce qu'elles estiment que le spectacle est "vil et dégradant". Objectivement elles ont, bien entendu, raison. Mais si le Conseil municipal est réticent c'est que, comme souvent aux États-Unis, c'est tout d'abord une histoire de sous. Il y a en effet les entrées, la vente de boissons et victuailles et cela sur une période de marathon qui dépasse facilement le mois.

L'auteur fait référence à un marathon de danse qui s'est tenu, en cette période dans l'Oklahoma, et qui a duré 1.253 heures, soit plus de 52 jours d'affilé. Les participants étaient obligés de constamment se mouvoir, sauf lors d'une petite pause de 10 minutes tous les 2 heures. de très courtes pauses durant lesquelles il fallait se nourrir, se laver et changer de vêtements, se faire masser les muscles endoloris, se faire ausculter et à la rigueur soigner par le toubib et les infirmières et cela évidemment à toute vitesse et... dormir un petit bout, quitte à être obligé de se faire réveiller à l'ammoniaque pour pouvoir reprendre la "danse".

Certains organisateurs de telles festivités inventaient par ailleurs n'importe quoi pour augmenter la "qualité" des show en prévoyant des petits sprints et bien pires des derbys éliminatoires autour de la piste avec le couple qui faisait le moins de tours disqualifié.

Si participer à de tels événements était rentable, à vous de juger. Les participants recevaient 7 fois par 24 heures de la nourriture : 3 repas complets et 4 casse-croûte. Ils recevaient aussi vêtements et godasses, ce qui n'est pas un luxe car l'usure des vêtements et chaussures est importante. Puis, il y avait les sponsors, comme par exemple "La Bière Jonathan, qui ne fait pas engraisser" et offre au couple sortant gagnant d'un petit sprint 20 dollars.

Et finalement pour le couple victorieux, qui a tenu le plus longtemps, la prime. Dans l'exemple donné d'Oklahoma 1500 dollars pour 1253 heures. Faites vos calculs, mais n'oubliez pas qu'un dollar de 1935 vaut un peu plus qu'un dollar 2019 et que ce n'est qu'un seul couple qui touche le prix.
Compte tenu des dommages que de telles épreuves physiques causent au corps humain, la bonne question est de savoir si ces 1500 dollars permettront de financer l'aide médicale et pharmaceutique indispensables à moyen et à long terme pour soigner ces dommages ?

J'ai lu d'autres ouvrages de Horace McCoy, tels "Un linceul n'a pas de poches" de 1937 et "Pertes et fracas" de 1953, mais je crois que ce roman-ci constitue incontestablement son chef-d'oeuvre.

Il y a aussi son approfondissement des héros de l'histoire et lorsque Gloria, qui en a totalement marre de la vie, tout en ayant peur de mourir - comme dans le célèbre negro-spiritual "Old Man River" : "I'm tired of living and 'fraid of dying." - demande à la fin à son partenaire, en lui tendant un revolver : "prends-le et poinçonne mon ticket pour là-haut". Et Robert tire ......
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