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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si ce linceul n'a pas de poche, Horace McCoy , lui, a rempli les siennes avec des fioles de vitriol. Faute d'éditeur aux Etats-Unis, il est publié en Angleterre en 1937 puis en France après la guerre, portant le dossard n°4 dans la mythique Série Noire.
Violente critique de la presse américaine hypocritement célébrée comme libre et indépendante, ce très bon roman noir met en scène Mike Dolan, un journaliste qualifié par son rédacteur en chef de « Don Quichotte », qui, las de voir ses articles passer à la trappe, claque la porte de la salle de rédaction pour fonder un hebdomadaire, le Cosmopolite, qui ne sera pas soumis aux diktats des annonceurs. Enfin libre, il décide de rendre publique son enquête sur des sportifs professionnels corrompus, qui avait été censurée par son précédent employeur. le succès aidant, Dolan s'attaque à un médecin qui pratique des avortements clandestins et cause la mort de ses patientes, puis aux « Croisés », un groupuscule d'extrême-droite mené par des notables qui appliquent à la ville de Colton les méthodes du KKK. Mais le journal dérange et les milieux corrompus où s'exerce le pouvoir vont le lui faire savoir.

Portrait sans concession d'une société américaine des années 30 où la liberté de penser et de dire est illusoire, Un linceul n'a pas de poches est un roman lucide dans lequel McCoy dit toute son amertume. le très entier Mike Dolan a la révolte chevillée au corps. Il nous rappelle Johnny Hill, le personnage secondaire marquant de son roman J'aurais dû rester chez nous, scénariste à Hollywood, viré de son emploi sous la pression d'un consul allemand pour avoir montré dans l'un de ses scénarios les visées d'Hitler. Décidément, McCoy, comme Hammett, aimait dénoncer les ratés du rêve américain.

Extrait:  
« Il y avait un Carlisle dans chaque ville, mais que des millions et des millions de de gens étaient trop crétins pour s'en soucier, et que c'était pareil dans le monde entier: des millions et des millions de gens prenaient Hitler pour un grand bonhomme, sans savoir (ou sans s'en inquiéter) que c'était un fou qui battait de la grosse caisse, pauvre malade délirant, conduisant un immense troupeau (ces mêmes millions de crétins) à l'abattoir, et qu'il finirait sûrement par nous y conduire tous (Hemingway avait raison de dire que dans la prochaine guerre, la T.S.F. servirait à propager une hystérie collective); songeant qu'il serait grand temps de les liquider, tous ces Carlisle et ces Hitler; oui, bien sûr, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, dans ce superbe, ce merveilleux paradis que sont les Etats-Unis d'Amérique, seul pays où la radio est libre et ne connait pas la censure, où la parole, la presse, sont libres et ne connaissent pas de censure - parfaitement, un homme a le droit de dire tout ce qui lui passe par la tête, quand ça lui chante- tu parles- essaie seulement et on te rafle ton journal.
L'espèce
de saloperie
d'enfant de putain
se dit-il, en songeant à Carlisle (mais songeant en même temps à Hitler). »
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Puisque j'affectionne régulièrement plonger dans le roman noir, je me suis dit que ce ne serait pas une mauvaise idée de me taper le numéro 4 de la mythique collection "Série Noire".

Non, ne cherchez pas vainement un crime et en enquêteur habituel, ici, rien n'est habituel. Les crimes, se sont les notables de la ville qui les commettent avec leurs magouilles. Leurs complices ? Les journaux complaisants qui détournent la vérité ou la maquille.

L'enquêteur ? Mike Dolan, un jeune journaliste assoiffé de vérité qui a déniché une magouille et, puisque son patron ne veut pas publier son article sur le match de base-ball truqué, il plaque tout afin de créer sa propre revue, se disant qu'il pourra exercer son métier comme il l'entend ainsi que dénoncer tout ce qui lui semble contraire à la morale..

Mike sait que si les journaux n'osent plus appeler les enfants de salaud par leur nom, c'est à cause des pressions qu'exercent sur eux les notables de la ville et les annonceurs publicitaires. Tout le système est gangrené.

Mais ce n'est pas évident de créer sa propre revue lorsqu'on est sans le sous et criblé de dettes ! La rigueur de Mike fait peur et après quelques publications, son imprimeur se défile et sa revue est retirée des kiosques suite à un article qui a dérangé la personne visée.

Malgré plusieurs menaces, Mike est bien décidé de continuer à faire tomber les gros bonnets.

Son combat n'est-il pas perdu d'avance, lui qui voudrait nettoyer les écuries d'Augias d'un seul coup de torchon ? (non, pas au kärcher).

Plume trempée dans le vitriol, cynisme à tous les étages, personnages haut en couleur dont le "héros", rempli de défauts est un joli coeur, véritable bête noire des pères possédant une jolie fille, assoiffé de reconnaissance, voulant côtoyer les plus grands... Homme épris de justice, il me fait penser à un Don Quichotte des temps modernes.

Vous l'aurez compris, ce roman "noir de noir" est un violent réquisitoire contre la corruption et l'hypocrisie de la société américaine et de la société en général.

Écrit avant la Seconde Guerre Mondiale, McCoy nous dresse donc un portrait horriblement sinistre des États-Unis : censure de la presse, extrémisme, Ku Klux Klan.... Pays de la liberté ? Mon c**, oui !

Tout comme son personnage principal qui lui ressemblait beaucoup, Mc Coy paiera très cher cette peinture peu reluisante : son roman ne sera pas publié en Amérique, mais en Angleterre et ensuite en France, dans la mythique série noire de Marcel Duhamel.

"No pockets in a shroud" devra patienter jusque 1948 pour être édité : et encore, ce sera une version remaniée de l'édition anglaise, qui, elle-même, avait subi des coupes par rapport au manuscrit original.

La fin est brutale, mais il ne pouvait en être autrement...

Un roman qui se lit vite, les dialogues pulsent, l'action aussi, on ne s'ennuie pas et ça valait la peine d'être lu !
Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Dolan, journaliste bridé se lance dans la production de 'Cosmopolite', son propre hebdomadaire où il pourra enfin révéler les magouilles, matchs truqués, erreurs médicales dissimulées, secte raciste des 'Croisés' pour rendre l'Amérique aux américains..

Malgré l'aide du sheriff Mac Gonagill, de quelques collègues et le soutien de sa secrétaire Myra, il résistera difficilement aux pressions.

J'y ai trouvé un petit côté 'Steinbeck' mais moins fort, moins dépouillé, un Steinbeck de boulevard?


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Une sacrée caboche d'Irlandais ce Mike Dolan.
Son credo "La vérité, toute la vérité et rien que la vérité". Un axiome avec lequel on ne transige pas. Avec une telle devise un journaliste se heurte à pas mal de murs. La solution est vite trouvée : démissionner de la presse complaisante et créer son propre journal "Le Cosmopolite".
Le nerf de la guerre, le financement, n'est finalement pas si difficile que cela à trouver dans les années 30 à Colton, petite ville des États Unis.
La presse régionale n'est pas une presse d'investigation (ndlr : rien n'a changé). Dolan va flinguer tous azimuts à Colton, matchs truqués, avortements clandestins par un médecin, infiltration à haut risque lors des actions punitives des Croisés (KKK). On imagine le remue-ménage.
Le rythme est mené tambour battant. À chaque nouvelle édition, un nouveau scandale est dénoncé. le reste, les femmes le mariage l'argent, les postures idéologiques, les tracasseries du quotidien, tout est évacué d'un haussement d'épaule. Pas vraiment le temps de s'attarder.
Le roman est essentiellement constitué de dialogues vifs et politiquement incorrects. Les associés de Dolan sont même des communistes. On comprend aisément l'absence d'adaptation par Hollywood. On parle de roman noir, j'ai pourtant eu l'impression d'être dans un film des Marx Brothers où l'énergie et l'absurde désamorcent allégrement les conflits sans faire dévier d'un iota la ligne de conduite du héros. Chambouler l'ordre établi sans faillir devant personne et surtout pas devant les autorités.
"Un linceul n'a pas de poches". Dolan ne croyait pas si bien dire. Une belle formule qui a fait florès. Un thème toujours brulant. Un titre excellent.

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Horace McCoy est un de mes auteurs américains préférés parce qu'il excelle dans le roman noir et le polar social. C'est un auteur engagé qui dénonce la corruption aux États-Unis dans la première moitié du 20ème siècle.
C'est Jean-Pierre Mocky qui m'a fait découvrir "Un linceul n'a pas de poches" grâce à son adaptation à la française dans les années 70 du roman éponyme de 1937.

Mike Dolan est journaliste au quotidien Times gazette mais son patron M. Thomas ne veut pas publier ses articles quand ils sont susceptibles de déranger ses actionnaires ou notables locaux.
Dolan claque la porte pour créer un hebdomadaire, le Cosmopolite, avec l'intention de dire la vérité, toute la vérité sur les magouilles des dirigeants de l'équipe de baseball, celles d'un médecin véreux qui a tué des femmes au cours d'avortements ou une compagnie de théâtre dont la vocation était d'aider les jeunes premiers mais qui préfère placer les poulains des financeurs. Bref, Mike veut dénoncer toutes les injustices.
Il sera aidé dans son projet par son ami Eddie Bishop, reporter judiciaire, qui lui présentera Myra Barnowsky, jeune femme de caractère qui est la seule à lui tenir tête tout en devenant indispensable au journal.
Si toutes les femmes sont amoureuses de lui y compris Myra, cette dernière réussira à l'énerver suffisamment pour qu'il veuille la frapper à plusieurs reprises. C'est ce que je reproche au héros qui dévoile ainsi le machisme de l'époque et la banalisation de la violence envers les femmes (ce qui justifie une étoile en moins de cette excellente histoire).
Pourtant, quand Mike va s'attaquer aux Croisés, le Ku Klux Klan local et que le journaliste justicier prendra des risques démesurés, Myra sera là pour tenter de le raisonner.

Et puis il y a cette expression énigmatique "Un linceul n'a pas de poches" qui veut dire que Mike Dolan met sa vie en danger mais qu'il ne s'enrichira pas pour autant. On se demande quand même à chaque instant en frissonnant où son intégrité et sa recherche de vérité vont le mener ?
Lisez ce bon roman noir pour le savoir où regarder le film qui ne démérite pas.


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Roman noir datant de l'âge d'or du genre décrivant les années noires de l'époque: crise économique, montée du fascisme. L'auteur utilise beaucoup de sa propre vie pour décrire le journalisme d'avant guerre, son combat contre les abus et inégalités au sein d'une petite ville du sud. Une secte criminelle, Les Croisés regroupe les personnes influentes du style Ku Klux Klan. Les différents problèmes sociaux de cette époque restent toujours d'actualité.
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je ne savais pas ,en achetant le livre qu'il s'agissait d'un livre culte, témoin d'une époque ( écrit en 1939/1940 je crois) avec son contexte mondial ( nazisme ) mais surtout local américain ( relations aux noirs, aux juifs et magouilles en tous genres) ....le héros est juste parfait! le chevalier blanc voulant redresser tous les torts, naif à souhait mais tellement plein d'énergie que tout lui réussit ( ou presque) .....Interessant de voir que dans le livre ( du à l'époque) ,les noirs ne sont pas appelés noirs mais négres....et oui,.... à lire en tous cas!
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Un journaliste justicier au milieu de notables corrompus. Un roman noir très américain que l'on parcourt agréablement.
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Après avoir lu pas mal d'autobiographie, je reviens à mes seconds amours, les romans noirs. Et quel roman. Quand dire la vérité devient plus important que tout pour le journaliste Mike Dolan, il plaque tout pour imprimer son propre journal. Mais dire la vérité, et seulement la vérité, n'est il pas dangereux. La fin en était inéluctable.
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Le livre n'est pas très long et se lit facilement en une ou deux soirées, tant on se prend d'affection pour les personnages.
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