Citations sur Après la poussière, tome 3 : Glory (10)
Mon cœur bat fort, comme si des pierres se cognaient entre elles dans ma poitrine. Mon sang afflue et j’entends mes cellules entrer en collision dans mes veines.
Je tressaille. Ma Déviance a aiguisé mes sens. Ma conscience de tout ce qui se passe en moi. Je n’arrive même pas à cligner des paupières. J’ai beau essayer, je ne peux pas bouger.
À force de me regarder dans les yeux, je me suis laissé prendre au piège par mon propre pouvoir.
L’adrénaline me chauffe le sang, et les battements de mon cœur m’assourdissent. J’inspire. Le son et la force du geste me semblent mille fois plus retentissants que les assauts du vent à l’extérieur du dôme.
Je n’ai toutefois nulle envie de prendre part à une guerre. Je ne veux pas être mêlée aux actions de l’AL et des rebelles : les bombes, les sabotages, les victimes innocentes…
Je sais que, au cours des trois années suivantes, j’ai permis à la haine de grandir en moi, tellement qu’elle a menacé de me consumer. La méfiance et la peur en étaient venues à colorer toutes mes décisions et tous mes actes.
Son regard semble s’assombrir et j’en ai le souffle coupé. Avec toutes les émotions qui me traversent, il est dangereux de le regarder dans les yeux – je risque de lui faire du mal –, mais je suis incapable de me détourner.
Maintenant que je suis libérée de mes vieux secrets, plus rien ne s’oppose à ce que je sois avec Cal. Rien ne m’empêche de redevenir sa petite amie. Et maintenant que nous sommes dispensés de faire sanctionner nos fréquentations par les Ressources humaines, l’idée de m’engager envers Cal semble plus réelle, plus concrète.
Je me sens bien auprès de lui. Mais je ne dois pas sortir avec lui simplement parce que c’est facile. Ou, pire, parce que Burn ne veut pas de moi.
J’aurais besoin d’un signe.
Nous survivons en nous montrant très prudents, mais, pour les Normaux, la poussière peut être mortelle. J’ai entendu dire que, pendant une tempête de poussière, quelques semaines avant notre arrivée à Concorde, une femme était morte parce qu’elle n’avait pas réussi à enfiler son masque à temps.
Sous l’effet conjugué de l’air frais, des hormones et de la liberté, mon frère est passé du statut de garçon à celui de jeune homme – de jeune homme amoureux, par-dessus le marché. Il est vrai qu’il aime bien Jayma depuis toujours.
Bien qu’elle soit rare par ici, la poussière d’astéroïdes qui a éliminé presque toutes les formes de vie sur Terre il y a trois générations représente toujours un danger.
Aujourd’hui, tous les ingrédients du bonheur sont réunis, dans les bonnes proportions, et pourtant je sens dans mes épaules une tension tenace. J’agite les bras dans l’espoir de m’en débarrasser.
La liberté donne l’illusion de la sécurité, et mon désir le plus cher est de m’abandonner à ce fantasme. Entourée d’amis, au milieu d’une forêt baignée par l’air pur, je me sens à l’abri. Je ne porte même pas mon masque contre la poussière.