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Critique de valochemat


Simon, la cinquantaine, a quitté l'Irlande dans sa jeunesse et vit aujourd'hui à New-York. Il vient de subir une opération du cerveau pour en finir avec ses crises d'épilepsie. Sur la vidéo de l'intervention qui lui a été remise, il s'entend murmurer une phrase : « Comment tu t'appelles fiston ? ». Cette phrase qu'il entend à chaque crise. Ces crises qui ont débuté à l'âge de 15 ans juste après l'attentat du 8 novembre 1987 perpétré par l'IRA dans la ville nord-irlandaise d'Enniskillen durant le Dimanche du souvenir où Simon était présent avec son père.

Sa mémoire nous emmène sur les traces de son enfance dans la ferme familiale à Lisnarick Irlande. Une enfance meurtrie par le décès de sa mère atteinte d'un cancer puis par cette attaque à laquelle il va chercher un sens en imaginant la vie du bourreau à qui il attribue la phrase fatidique qu'il a entendue un jour et qu'il continue d'entendre à chaque crise « Comment tu t'appelles fiston ? ».

Ce roman retrace bien entendu l'histoire des Troubles survenus dans le pays vers 1970 et qui ont pris de l'ampleur en 1981 après le décès de Bobby Sands des suites d'une grève de la faim. Mais c'est surtout de vies chamboulées par le conflit nord-irlandais dont il s'agit ici. Des vies marquées à jamais par le traumatisme et par la culpabilité qui n'est pas toujours du côté que l'on croit.

Cette approche romanesque pour imaginer les vies ordinaires d'une victime et d'un bourreau dans les moments qui ont précédé l'épisode tragique du Dimanche du souvenir est habile et extrêmement crédible grâce à un grand sens du détail qui nous fait pénétrer dans le quotidien et l'intimité des personnages. Deux personnages opposés en apparence mais qui ont finalement des similitudes.

C'est une belle découverte pour ce roman qui ne porte aucun jugement, perpétue le souvenir et ouvre à la réflexion.

« Qu'il y a-t-il de lui en moi, qu'y a-t-il de moi en lui ? » est la citation de Brian Keenan qui ouvre ce roman.

Ce roman nous place des deux côtés de la barrière et nous oblige à réfléchir sur la radicalisation et les motivations qui poussent parfois à commettre des actes irréparables un peu comme c'était déjà le cas, dans un autre registre, dans « Nous, les Allemands » d'Alexander Starritt paru également chez Belfond en 2022.




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