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Critique de Alfaric


Dans "Ethan d'Athos" le génial nabot qui a déclaré la guerre aux forces obscures de la crevardise n'est présent que dans les déclarations de son agente très spéciale Elli Quinn, et on retrouve la formule de "Chute Libre" / "Opération Cay", à savoir un candide obliger d'affronter les forces obscures de la crevardise pour sauver un peuple créé de toutes pièces et menacé d'extinction avant même d'avoir pu recevoir un nom… Mais nous retrouvons d'abord et surtout une société baroque censée représenter un ou plusieurs des travers de notre société (héritage Jack Vance ^^), un lieu haut en couleur perdu au fin fond de l'espace, et une situation policière entre enquête et espionnage qui va animer le dramatis personae du récit. Les connaisseurs auront reconnu une formule gagnante que Joe Michael Straczynski, fan de l'auteure, va reprendre pour les 110 épisodes télévisés du space-opera culte "Babylone V" ! ^^


C'est la panique sur la Planète Athos, trou du cul du cosmos choisi par des fondamentalistes gays pour fonder une nouvelle civilisation 100% masculine et 100% misogyne ! Les cultures ovariennes qui assurent la pérennité de leur mode de vie grâce aux technologies betanes de procréation artificielle sont en voie d'épuisement… le Haut Conseil donne carte blanche au pauvre Dr Ethan Urquhart pour résoudre le problème, et ce dernier doit quitter la planète en urgence pour partir en quête d'une solution avant de se confronter aux dures réalités du cosmos. Notre demoiselle en détresse qui semble tout droit sorti de la série "La Petite Maison dans la prairie" doit ainsi affronter simultanément le contact avec les femmes femelles et les gros cons homophobes, mais pour ne rien gâcher il est aussi le centre d'intérêt de toutes les factions qui se livrent au Grand Jeu !
Car la Station Kline est l'un des nombreux champs de bataille de la guerre de l'ombre que se livrent les services secrets de Cetaganda et la Sécurité Impériale de Barrayar (CIA vs KGB quoi ^^), et les suprématistes adeptes de l'eugénisme et du darwinisme social ont fort à faire avec l'arme secrète de leur adversaire : Tyrion Lannister dans l'Espâce !!! Et force est de constater que Miles Vorkosigan qui a su influer sa géniale intelligence à ses mercenaires libres dendarri donne moult sueurs froides tant à ses adversaires qu'à ses employeurs… Tout commence avec le Ghem-Colonel Millisor qui a mené un projet de manipulation génétique tellement ambitieux qu'il le fait sans en référer à la mère patrie de l'ingénierie génétique : le fameux projet L-X-10-Terran-C évoqué dans Cetaganda… Sauf qu'il a égaré ledit projet et qu'il est persuadé que notre bon docteur en est le possesseur, et qu'Elli Quinn mandaté par Miles Vorkosigan compte bien découvrir quel est ledit projet (et Elli Quinn, véritable James Bond au féminin, c'est à la fois une karaté girl, une véritable bombe, une strong independant woman et un concentré de badassité : pauvres de ses ennemis comme de ses amis ^^)… Chacun cuisine à sa sauce notre pauvre Ethan qui ne possède aucune réponse, et après avoir été interrogé de manière musclée par à peu près tout le monde c'est ledit projet qui débarque dans sa chambre ! mdr

Pour résoudre l'enquête qui mélange Agatha Christie et Ian Flemming, et qui ressemble furieusement à un "La Mort aux trousses" d'Alfred Hitchcock dans l'Espâce, j'ai envie de dire : « cherchez la femme ! » ^^

On est dans le détournement des films et séries des années 1980, genre "Matt Houston", "Remington Steel", "Claire de Lune" ou "Les deux font la paire"… et ici ce sont les personnages féminins qui tirent toutes les ficelles de l'intrigue, y compris le Dr Cynthia Jane Baruch qui a permis à la civilisation d'Athos de voir le jour, jusqu'au moment au le Baron Luigi de l'Ensemble de Jackson envoie ses sicaires Mr Fushia et Mr Chocolat récupérer son pognon ou faire place nette !


Comment un roman aussi court peut-il être à la fois aussi cool et fun et aussi grand et noble ???
Rien que la description de communauté d'Athos, au départ parodie des moines sexistes du Mont Athos IRL, vaut le détour car on est dans utopies sociales de l'Âge d'Or de la Science-Fiction. Mais en plus l'auteur continue à mélanger tous les genres avec bonheur, et on rit avec le running gag vaudevillesque du cadavre dont on ne sait que faire dans une station spatiale et on pleure avec Ethan qui abandonne ses préjugés les uns après les autres pour nouer un triangle amoureux impensable pour ceux de son peuple (donc quelque part on se fout bien de la gueule des délires machistes de Jack Vance, parce quelque part on est dans le détournement du Gastel Etzwane des "Chroniques de Durdane" ^^)…

Derrière la grosse déconne et les rebondissements pulpiens, l'auteure traite le plus sérieusement du monde le thème de l'altérité, de l'acception de soi et de l'ouverture aux autres : avec ce livre paru en 1986, d'un côté elle défend la cause homosexuelle (remember le cancer gay et autres préjugés de sinistre mémoire), et d'un autre côté elle pioche avec humanité et subtilité chez A. E. van Vogt et Alfred Bester (sans parler de la saga fleuve "Perry Rhodan") pour aborder les thèmes délicats des pouvoirs psy et de la post-humanité… Joe Michael Straczynski a repris tout cela sans la série "Babylone V", et putain qu'est-ce que c'était bien !!!


Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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