Maman disait que les problèmes détestent la solitude. Quand l'un d'entre eux se pointe tu peux être sûr qu'il va ramener tous ses copains.
J'ai commencé à me taire un beau jour de janvier, quand les mots se sont mis à manquer, quand j'ai réalisé combien le langage est impuissant face à la profondeur, la complexité des choses. On se croit intelligents avec notre don de parole mais au final on ne sait jamais quoi dire lorsque les pires choses arrivent.
C'est ainsi que les choses fonctionnent, Mattia. La justice aux juges. La violence aux flics. La santé aux médecins. Les fous aux asiles, et ne t'avise pas de t'attribuer une place qui n'est pas la tienne.
un jour ma mère m'a dit qu'il fallait s'attacher à personne parce que tout le monde finit par t'abandonner.
Le bonheur ne dépend pas uniquement des personnes avec qui on partage sa vie.
Elle est comme moi, Gina. Elle remarque tout. Mais elle a hérité de ma mère l'art de taire les choses importantes, et de mon père l'art de la fuite.
« A 19 heures on passe à table. Gabrielle invite les travailleurs sociaux à se joindre à nous. Titre du documentaire : « La famille dysfonctionnelle dans la vie quotidienne ». Ça pourrait même faire une bonne émission de télé-réalité. J’imagine le pitch : Un meurtrier passionné de poésie, une dépressive suicidaire et un enfant perturbé tentent de vivre ensemble au-delà de leurs différences, mais les services sociaux s’en mêlent. Zé, Gabrielle et Mattia parviendront-ils à faire illusion et à déjouer la menace ? »
[...] l’erreur est humaine à ce qu’on raconte. Le seul problème c’est qu’elle est tolérée pour certains et pas pour d’autres, et toujours les mêmes.
Grâce à eux, vous étiez de nouveau prêts à vivre en société. Vous étiez normaux. Heureux ? Tout le monde s'en foutait. Il fallait juste vous rendre aptes à habiter dehors, peu importe dans quel état. Peu importe si le monde autour de vous n'avait pas changé. Ils disaient que c'était à vous de vous adapter. Ils n'ont pas encore inventé de neuroleptiques pour modifier la réalité.
Je me tourne vers la cage d'escalier avec l'envie de me boucher les oreilles et de fermer les yeux, pour les rouvrir sur une autre réalité où personne n'aurait envie de mourir parce que la vie serait super chouette - et où personne ne vous obligerait à vivre...Là ça me semble aussi cruel que de tuer.