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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les accords lourds d'un adagio s'élèvent de chaque chapitre de ce roman. Tel un pendule, le lecteur balance entre la côte Est chinoise et sa soeur américaine. le temps siffle aux oreilles de ce balancier malgré lui, filant du début du 20ème siècle à nos jours. Des destins entremêlés de femmes et d'hommes, combattant les oppressions, tous reliés par un fil d'ADN commun : les touches noires et blanches d'un Steinway, ce piano mythique, personnage principal de ce court roman.
Les aller-retours temporels extrêmement rapides sont parfois de nature à perdre le fil de l'identité des personnages et de leur histoire. Plusieurs femmes chinoises glissent ainsi leur destin dans celui d'une autre. Marie-Diane Messirel est impitoyable avec les poupées de papier auxquelles elle donne vie, et la déchirure n'est pas seulement délibérée, elle est chirurgicale.
Le fond de paysage sonore qui s'étire derrière la vitre de ce train bondé de biographies emplies de drames remplit les oreilles, les gorges, et entrave les capacités. Bach envahit tout, et lorsque le Steinway se referme, l'écho de ses accords silencieux fait tomber ses croches au pied du lecteur.
"Le sol, couvert des innombrables portées de notes qui l'avaient maintenu à la surface ces dernières semaines, se mit à vaciller."

Ce roman est un mémorial dédié aux silences et à leur force. "Le silence était une toile sur laquelle se dessinaient les arabesques multicolores des pigeons musiciens de son enfance, s'évaporaient les volutes argentées des voix féminines célébrant la lune, s'imprimait en rouge l'estampille rythmée des percussions des rites nuptiaux et funéraires, s'esquissait le trait d'encre fragile d'un erhu solitaire, perdu sur une route de poussière et se dévoilait, peu à peu, le miracle d'une symphonie. Cette harmonie lumineuse venait sauver l'humanité de l'abîme."

A ceux qui aiment les cordes frappées par le feutre, à ceux qui aiment les personnages vifs et qui avancent contre les éléments, à ceux qui s'emplissent de larmes au son de la Sonate au clair de lune, à ceux qui nourrissent le rêve de caresser les touches d'un pianoforte, je dédie cette chronique. Les accords silencieux sont faits pour vous. Je vous laisse, je pars ouvrir mon fidèle ami noir et blanc.
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Bercé par l'Adagio de Bach, cette histoire m'a emmènée de 1937 à 2014 entre New York et Hong Kong, en passant par Shanghai, l'Inde aussi, un peu...
Un piano, une partition, des sentiments amoureux voilés de mystère, des liens invisibles, des drames font de ce petit roman une grande et belle histoire.
J'ai aimé découvrir la vie de Tillie, de Shen et de tous ceux qui ont croisé leur route pour se lier sur des notes de Rachmaninov ou de standard de Jazz pour le meilleur et le pire parfois.
Le pire apporté par la 2ème guerre mondiale, les souffrances infligées par la révolution culturelle en Chine..
On voyage donc d'un passé à un autre sur les touches d'un Steinway.
Je m'y suis perdue un peu, parfois dans les personnages et les époques mais cela étant une lecture agréable, sa musicalité et son mystère m'ont permis de finir ce roman sur un sourire, un soupir de tendresse.
Merci à Babelio et Pocket pour la découverte de ce roman dans le cadre de l'opération masse critique privilège.

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C'est avec une belle émotion que je quitte les destins de Tillie, de Mei, de Xia...
Cet ouvrage nous berce par sa poésie, son lyrisme. Mais avant tout questionne. Par la présence de ce piano, le steinway papillons, balayant le temps, à travers les continents et au travers de ces destins, l'auteur nous interpelle quant à la notion d appartenance, de destin, de liens, d'objet charge d'histoire...
Et mon piano à moi, un sauter 1970, quelle est son histoire? L'envie me prend de chercher, d'apprendre davantage de lui.
Un bel ouvrage !
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J'ai mis quelques chapitres à me sentir embarquer, mais une fois prise j'ai dévoré ce roman qui tourne autour de l'histoire de deux femmes, une très vieille et une très jeune, mais pas que! le récit, alternant passé et présent, nous mène sur les pas de plusieurs personnages, d'un bout à l'autre du globe, avec pour point central un piano.

Le récit est brillamment mené, on comprend tout de suite certaines choses et d'autres restent dans un flou artistique jusqu'à la fin, qui m'a émue.

De plus, on en apprend un peu sur la Chine de Mao et sur « l'après Mao » ce qui m'a beaucoup intéressé et m'a donné envie de lire d'autres livres traitant de ces deux périodes.

Encore merci à @babelio_ et @editions_pocket pour cet envoi dans le cadre de la masse critique!

~collaboration commerciale non rémunérée~produit offert~
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Un Steinway aux papillons et des ideogrammes : un piano qui fait le lien à travers le temps, les soubresauts de l'histoire mondiale (de 1936 à 2015) et les lieux de l'Amérique à Hong Kong, Shangai, Bombay en passant par Pékin et Moscou alors que le pays s'appelle encore l'URSS.
C'est l'histoire d'un amour impossible, de liens familiaux (de ses poids et du courage de s'en libérer) qui se découvrent par le biais de la musique classique, le jazz, le Cantique des créatures de Saint François d'Assise, le poète Wang Wei, la poète Jia Dao (merci à l'auteure pour les idéogrammes que je ne peux lire, mais qui combine mystère et grâce).
Mathilda et Joseph son frère, son âme soeur, Mathilda et la musique, la chanson, l'entreprise Steinway ...
Tout commence par une annonce dans une résidence étudiante afin que Mathilda (Tillie), devenue une vieille dame, cherche une pianiste pour continuer à faire vivre son instrument et que que la jeune fille qui se présente joue spontanément l'Adagio du Concerto italien en ré mineur de Bach.
Une grande puissance évocatrice dans ce roman qui se rattache à la façon dont chaque interprète utilise son instrument de musique, qui me touche particulièrement car il est vrai que j'aime certaines interprétations de musique et que je suis toujours ravie de découvrir des instruments méconnus comme l'erhu, d'autre pays, cultures. L'histoire avec un grand H, mais aussi les histoires personnelles de chaque personnage interagissent et produisent des effets magiques.
J'ai eu une pensée particulière pour Eunice Kathleen Waymon alias Nina Simone, qui n'a jamais pu devenir la brillante pianiste classique qu'elle ambitionnait ; elle a été refusée au concours d'entrée du Curtis Institute of Music de Philadelphie parce qu'elle était noire dans les années 50. Un des personnages que croise Tillie, lui rend une forme d'hommage sobrement. Une belle histoire qui croise des univers éloignés les uns des autres pour former un grand tout lié par la musique, le courage et l'ouverture d'esprit.
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Il a suffi de quelques pages pour m'envelopper de l'adagio du Concerto italien en ré mineur de Bach en fond sonore, rejoindre Tillie dans son rêve éveillé, entrer dans ses souvenirs et ces moments de bonheur lorsque son père interprétait ce morceau.
En 1937, Stillie Schultz travaillait chez Steinway and Sons. Plus de soixante-dix années plus tard, meurtrie des blessures de l'Histoire, le corps vieillissant, ses souvenirs sont intacts lorsque résonnent derrière elle les mêmes accords. du piano ceinturé de deux papillons s'envolent les notes jouées par Xia, étudiante privée de son piano par ses parents pour lui permettre d'embrasser un vrai métier. C'est ainsi que commence l'histoire de deux femmes, Tillie et Xia que plus de soixante-dix années semblent séparer. Révolution culturelle, seconde guerre mondiale et autres conflits peuvent-ils anéantir une passion ?

Avec grâce, poésie, sensibilité, dans des dédales parfois acrobatiques tant les personnages sont nombreux et leur vie complexe, Marie-Diane Meissirel réussit à ériger le Steinway mythique et ses immortels ambassadeurs en symbole de la résistance.
Si ce roman exige un peu de concentration, il procure une évasion certaine, offre un voyage temporel et culturel peuplé d'émotions. Ce roman a été sélectionné par le jury du Prix Orange du Livre… si j'étais juré… !

Lien : https://mireille.brochotnean..
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C'est l'amour et la passion de la musique, et plus particulièrement celle du piano, qui anime ce récit. « Les accords silencieux » est un roman choral qui nous fait voyager aussi bien dans le temps (de fin 1930 à nos jours) que géographiquement (de New York à Hong Kong). J'ai globalement aimé cette histoire, même si j'ai eu du mal à y rentrer, me mélangeant entre les temporalités et certains personnages. de plus, certaines coïncidences ne sont guères réalistes, mais j'ai fini par me laisser porter par la musicalité du récit. Comme souvent, j'ai surtout aimé les parties liées au passé, et notamment ce traitement sous forme de lettres ou d'extraits du journal intime de Tillie. Outre la Seconde Guerre Mondiale qui est abordée dans les premières pages, c'est également un autre pan de cette période que nous découvrons avec le conflit sino-japonais dont on connaît finalement peu de faits.

Nous avons d'un côté, la famille Schutlz, des immigrés allemands qui travaillent à différents postes dans l'entreprise new-yorkaise Steinway & sons. Gustaf, le père, a été l'accordeur officiel de Rachmaninov lors de ses tournées américaines. Les jumeaux, Tillie et Joseph, ont eux aussi la musique dans le sang, mais la jeune femme met un terme à ses études musicales et une future carrière de professeure, pour devenir vendeuse et se mettre ainsi au service des « Immortels », ces pianistes de légende. Joseph, violoncelliste de talent, va quant à lui, s'engager dans l'armée quand les Etats-Unis rentrent en guerre. Il sera alors le témoin de toute l'horreur perpétrée par ses compatriotes…

Parallèlement, nous suivons le jeune Shen, recueilli par sa tante An, qui est au service d'une riche famille chinoise. Mei, la patronne, va se prendre d'affection pour le jeune garçon, d'autant que son arrivée correspond avec le départ de son unique fils, Vince. Toujours en Chine, mais de nos jours, nous suivons Xia qui rentre au service de Tillie devenant sa « pianiste de compagnie ».

Mais, il y a deux autres personnages importants dans ce roman. Deux fils conducteurs, deux liens qui unissent le groupe : le piano, d'une part, ce fameux Steinway, et d'autre part, un morceau, l'Adagio de Bach. Vous allez ainsi vibrer tout au long de votre lecture au son de cette mélodie, mais surtout d'une partition aux deux idéogrammes mystérieux calligraphiés sur sa page de couverture …
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Chaque personnage de cette histoire nous est présenté dans son rapport avec la musique et pour la plupart avec son piano, sauf un musicien qui joue de l'erhu, un instrument chinois à deux cordes avec un archet. Leur passion pour la musique ainsi que leur relation journalière et symbiotique avec le piano permettent de construire une histoire qui se dissémine entre New-York, Shanghai et Hong Kong. Des accords silencieux…D'où la découverte de ces cultures différentes, de leurs particularités, de leurs richesses qui, mises ensemble, sont un vrai bonheur. Nous suivons également, le parcours et la vie d'un Steinway, acheté à New York, à la maison mère, avec un signe distinctif, une gravure de deux papillons.
Les descriptions des morceaux classiques, de leurs interprétations et de leurs rôles dans la vie de nos héros, nous invitent à les écouter et à apprécier la musique. de plus, c'est un roman qui nous entraîne page après page à suivre l'intrigue avec curiosité. C'est une invitation à aimer, à se laisser imprégner par la musique…MG
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L'autrice ne vous propose pas une bagatelle mais plutôt une véritable symphonie. Un roman qui vous donnera envie de fuguer pour suivre nos protagonistes à New York, Shanghai, Hong-kong...et voyager dans le temps.
Au grès des symphonies, vous apprendrez à découvrir l'histoire de Tillie. Vous remonterez le temps, grâce a son journal intime, pour vivre des moments forts, ceux qui forgent un destin, ceux qui blessent à jamais...mais vous serez surtout bercer par sa passion et séduit par toutes les variations de sa vie.

Au-delà de la fiction, ce roman est une porte d'entrée sur l'histoire de l'Orient. J'ai été captivée par l'histoire de Hong Kong, la révolution culturelle chinoise, les coutumes...je pense que l'autrice a dû réaliser un travail journalistique énorme. Elle réussit aussi, subtilement, a mêler les époques, les intrigues afin que nous ne puissions réussir à entrevoir les connexions entre les personnages avant le final (en tout cas, je n'avais pas tout deviné).
Une lecture qui vous parle aussi des choix de vie, des secrets ... bref, je ne peux pas tout vous dire donc le mieux, c'est que vous le lisiez.

Et pour parfaire cette découverte, n'hésitez pas à accompagner votre lecture de la playlist de l'autrice
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"Son majeur gauche va à la rencontre du clavier et égrène six notes timides, son index vient alors à son secours pour lui donner la force d'un accord, puis son petit doigt se joint en renfort pour qu'enfin sa main droite ait l'élan nécessaire pour porter la mélodie."

Ce geste musical, l'amorce de l'Adagio de Bach, Tillie, Xià et Shēn, qui ne se connaissent pourtant pas, l'effectuent exactement de la même manière.
Les accords silencieux est composé de leurs trois récits qui s'entremêlent : Tillie à New-York en 1937, Shēn à Shanghai en 1936, Xià à Hong-Kong en 2014.

Sur fond de musique, la petite histoire se mêle à la Grande Histoire : l'invasion de la Chine par le Japon, la Ségrégation aux Etats-Unis, la Deuxième Guerre Mondiale, la Révolution culturelle en Chine...

J'ai été très touchée par ce roman, par ces destins brisés ou fissurés, par les culpabilités résiduelles. Bien que non-musicienne, j'ai pu me laisser porter par la mélodie du texte.
J'ai également beaucoup apprécié la construction narrative, des allers-retours entre passé et présent, des passages d'un personnage à un autre. Les liens entre eux sont esquissés, suggérés, jusqu'à ce que le moment soit venu de leur révélation.

Une très belle découverte !
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