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Critique de Charybde2


Un magnifique passage en revue de l'imaginaire des séries américaines apocalyptiques contemporaines, et de ce qu'il pourrait signifier ou non.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/18/note-de-lecture-apocalypse-show-quand-lamerique-seffondre-anne-lise-melquiond/

En mai 2019, Manouk Borzakian nous avait offert sa superbe « Géographie zombie », sous-titrée fort logiquement « Les ruines du capitalisme ». Chez le même éditeur, Playlist Society, Anne-Lise Melquiond nous propose en septembre 2021 une fascinante vulgarisation de sa thèse de doctorat, « Apocalypse et fin du monde dans les séries télévisées américaines », soutenue à l'Université Paris Nanterre en octobre 2019, sous le titre « Apocalypse show, quand l'Amérique s'effondre », pour tenter de rendre compte d'un phénomène englobant le premier, celui de la prolifération des séries télévisées mettant en scène, en tout ou en partie, des effondrements apocalyptiques et leurs différentes conséquences spéculées. Si l'autrice fait d'emblée la part belle, en effet, à l'emblématique « The Walking Dead » (2010-2021) de Frank Darabont et Robert Kirkman, elle élargit très vite son propos pour viser une revue d'ensemble qui intègre de façon très importante « The 100 » (Jason Rothenberg, 2014-2020), « The Leftovers » (Damon Lindelof et Tom Perrotta, 2014-2017)) et « Revolution » (Eric Kripke, 2012-2014), et de manière moins omniprésente plus d'une cinquantaine de séries parmi lesquelles se distinguent néanmoins « 12 Monkeys » (Terry Matalas et Travis Fickett, 2015-2018), « Jericho » (Stephen Chbosky et Jon Turteltaub, 2006-2008), ou encore « Battlestar Galactica » (Ronald D. Moore, 2003-2009), voire, de manière sans doute plus anecdotique, « Lost in Space » (Matt Sazama et Burk Sharpless, 2018-), « Snowpiercer »(Josh Friedman et Graeme Manson, 2020-), « Colony » (Ryan J. Condal et Carlton Cuse, 2016-2018) ou bien « Zoo » (André Nemec, Jeff Pinkner et Josh Appelbaum, 2015-2017). Fort rares sont les séries qui échappent à cet impressionnant travail de mise en corpus, travail indispensable et pourtant encore négligé par trop d'essayistes de pop culture : on signalera toutefois, uniquement pour mémoire, l'absence de quelques séries interrompues en cours de route comme « Terra Nova » (Kelly Marcel et Craig Silverstein, 2011) ou « The Lottery » (Timothy J. Sexton, 2014), dont l'absence demeure anecdotique.

Comme quasiment toujours pour les essais de vulgarisation (très) intelligente mais (parfaitement) accessible de l'éditeur Playlist Society, le travail d'Anne-Lise Melquiond proposé ici est remarquable, et captivant de bout en bout. Tout au plus regrettera-t-on, sur un mode réellement mineur, qu'il ne soit pas établi de distinction notable entre les séries originales, créées pour la télévision ou le streaming, et celles issues de romans ou de comics auxquels elles restent fidèles (ce en quoi la genèse de leur imaginaire pourrait être différente), et sur mode légèrement moins mineur, qu'il soit discrètement adressé un procès en millénarisme ou en complaisance apocalyptique aux idéologies révolutionnaires (voire post-marxistes) d'une part, et qu'il ne soit pas creusé davantage (au-delà de plusieurs mentions logiques) d'autre part (comme cela avait été clair, chez le même éditeur, dans le volume consacré à Paul Verhoeven, et donc notamment à son « Starship Troopers ») le contenu (à la fois évident mais demandant une véritable évaluation) de proto-fascisme et de fascisme tout court inhérent – avec ou sans pastiche ou parodie – aux fictions de survie et de guerre à outrance contre un « ennemi ». Deux remarques mineures qui n'enlèvent pas grand-chose à la belle qualité de ces 150 pages intenses et nécessaires.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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