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EAN : 9791096098453
155 pages
Playlist Society (07/09/2021)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Zombies, extraterrestres, holocauste nucléaire, robots androïdes, disparitions mystérieuses et virus exterminateurs sont révélateurs de la grande peur des États-Unis: la chute de la nation. Les catastrophes et le "monde d'après" hantent les séries télévisées américaines, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001. "The Walking Dead", "Battlestar Galactica", "The Leftlovers", "The 100": ces versions du cataclysme, ces mises en scène de la survie rejouent, chac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Vous, comme moi, vous êtes sûrement déjà trouvés face à un essai concernant un sujet qui vous intéresse ou vous passionne mais dont vous n'avez pas compris un traître mot ou concept, établi par son auteur. Cela peut être par un peu de snobisme de certains mais parfois, d'autres écrivains maîtrisent tellement bien leur thème qu'ils ne parviennent plus trop à se mettre à la portée du lecteur lambda.

Et bien, avec celui-ci, « Apocalypse Show, Quand l'Amérique s'effondre », vous n'aurez absolument pas ce souci, car l'auteure a écrit un livre à la portée du commun des mortels, tout en restant hyper instructif.

Comme je vous l'ai sûrement déjà mentionné ou si vous me connaissez un peu, je suis une très grande fan de séries (télévisées ou via plate-formes). Mais en plus, quand ça concerne un monde post-apocalyptique ou envahi de zombies, je pourrais passer des heures à les regarder. Cet essai était donc une très bonne compilation pour moi entre deux de mes passions : l'écriture et ces séries.

Comme Anne-Lise Melquiond le mentionne, en regardant ce genre de programmes, on est en quelque sorte « drillé » face au pire qui pourrait se produire. C'est vrai qu'à force de regarder des séries avec des zombies, je pense être devenue une parfaite guerrière et ne me laisserai pas du tout submerger en cas d'invasion…

Bon, vous l'aurez compris, que c'est bien entendu à prendre au second degré mais j'avoue que pour moi, ce genre de programmes a le don de me calmer. Et oui, je suis bizarre parfois (enfin, peut-être souvent) mais vu que cela me semble à des années-lumières de notre monde actuel (même si Poutine est sur la mauvaise voie), cela me déconnecte de mon quotidien.

Par contre, comme elle l'explique très bien, en focalisant les spectateurs sur ce genre de « problèmes », les grandes menaces actuelles, tel que le réchauffement climatique,.. sont alors occultées.

Anne-Lise Melquiond est partie de sa thèse de doctorat pour écrire ce livre de vulgarisation intéressant et captivant, mais tout en faisant preuve de rigueur et de justesse.

J'ai donc beaucoup apprécié le style d'écriture de l'auteure, qui permet ainsi à tout lecteur, intéressé par cette thématique de s'y retrouver. Nonobstant sa plume, elle n'hésite pas à fournir une pléthore d'exemples concrets grâce à de nombreuses séries à succès, dont vous aurez au moins vu un des épisodes ou si pas, entendu parlé.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Anne-Lise Melquiond interroge les séries télévisées américaines apocalyptiques et postapocalyptiques qui banalisent les images de la catastrophe, en revisitant la même réalité historique, idéologique et sociale, sans toutefois confronter leur public aux menaces réelles qui pèsent sur la Terre aujourd'hui : réchauffement climatique et désastres industriels. En les habituant au pire, il s'agit de « faire accepter aux téléspectateurs la gestion politique de la catastrophe », car comme l'expliquait Frederic Jameson : « Il est plus facile d'imaginer la fin du monde que d'imaginer la fin du capitalisme. »
« Littérature des temps de crise, les apocalypses sont nées dans un contexte d'espérance messianique » mais sont aussi une « littérature de résistance ».
(...)
Apocalypse show, quand l'Amérique s'effondre passe en revue, avec rigueur et sérieux, ce que les séries américaines apocalyptiques et postapocalyptiques disent de nos angoisses, de notre rapport au monde et aux menaces qu'il entretient, tel un miroir tendu au public. Elles entretiennent une mythologie, notamment autour de l'histoire des États-Unis, que l'auteur s'efforce de décrypter.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Un magnifique passage en revue de l'imaginaire des séries américaines apocalyptiques contemporaines, et de ce qu'il pourrait signifier ou non.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/18/note-de-lecture-apocalypse-show-quand-lamerique-seffondre-anne-lise-melquiond/

En mai 2019, Manouk Borzakian nous avait offert sa superbe « Géographie zombie », sous-titrée fort logiquement « Les ruines du capitalisme ». Chez le même éditeur, Playlist Society, Anne-Lise Melquiond nous propose en septembre 2021 une fascinante vulgarisation de sa thèse de doctorat, « Apocalypse et fin du monde dans les séries télévisées américaines », soutenue à l'Université Paris Nanterre en octobre 2019, sous le titre « Apocalypse show, quand l'Amérique s'effondre », pour tenter de rendre compte d'un phénomène englobant le premier, celui de la prolifération des séries télévisées mettant en scène, en tout ou en partie, des effondrements apocalyptiques et leurs différentes conséquences spéculées. Si l'autrice fait d'emblée la part belle, en effet, à l'emblématique « The Walking Dead » (2010-2021) de Frank Darabont et Robert Kirkman, elle élargit très vite son propos pour viser une revue d'ensemble qui intègre de façon très importante « The 100 » (Jason Rothenberg, 2014-2020), « The Leftovers » (Damon Lindelof et Tom Perrotta, 2014-2017)) et « Revolution » (Eric Kripke, 2012-2014), et de manière moins omniprésente plus d'une cinquantaine de séries parmi lesquelles se distinguent néanmoins « 12 Monkeys » (Terry Matalas et Travis Fickett, 2015-2018), « Jericho » (Stephen Chbosky et Jon Turteltaub, 2006-2008), ou encore « Battlestar Galactica » (Ronald D. Moore, 2003-2009), voire, de manière sans doute plus anecdotique, « Lost in Space » (Matt Sazama et Burk Sharpless, 2018-), « Snowpiercer »(Josh Friedman et Graeme Manson, 2020-), « Colony » (Ryan J. Condal et Carlton Cuse, 2016-2018) ou bien « Zoo » (André Nemec, Jeff Pinkner et Josh Appelbaum, 2015-2017). Fort rares sont les séries qui échappent à cet impressionnant travail de mise en corpus, travail indispensable et pourtant encore négligé par trop d'essayistes de pop culture : on signalera toutefois, uniquement pour mémoire, l'absence de quelques séries interrompues en cours de route comme « Terra Nova » (Kelly Marcel et Craig Silverstein, 2011) ou « The Lottery » (Timothy J. Sexton, 2014), dont l'absence demeure anecdotique.

Comme quasiment toujours pour les essais de vulgarisation (très) intelligente mais (parfaitement) accessible de l'éditeur Playlist Society, le travail d'Anne-Lise Melquiond proposé ici est remarquable, et captivant de bout en bout. Tout au plus regrettera-t-on, sur un mode réellement mineur, qu'il ne soit pas établi de distinction notable entre les séries originales, créées pour la télévision ou le streaming, et celles issues de romans ou de comics auxquels elles restent fidèles (ce en quoi la genèse de leur imaginaire pourrait être différente), et sur mode légèrement moins mineur, qu'il soit discrètement adressé un procès en millénarisme ou en complaisance apocalyptique aux idéologies révolutionnaires (voire post-marxistes) d'une part, et qu'il ne soit pas creusé davantage (au-delà de plusieurs mentions logiques) d'autre part (comme cela avait été clair, chez le même éditeur, dans le volume consacré à Paul Verhoeven, et donc notamment à son « Starship Troopers ») le contenu (à la fois évident mais demandant une véritable évaluation) de proto-fascisme et de fascisme tout court inhérent – avec ou sans pastiche ou parodie – aux fictions de survie et de guerre à outrance contre un « ennemi ». Deux remarques mineures qui n'enlèvent pas grand-chose à la belle qualité de ces 150 pages intenses et nécessaires.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
À la manière des westerns et de leur révision d’une certaine histoire de l’Amérique, les fictions apocalyptiques rejouent sans cesse l’effacement de ceux qui étaient présents auparavant par des procédés violents : il faut tuer l’autre, jusqu’à son propre frère, répétition incessante de cette mythologie comme si leur propre histoire n’était toujours pas digérée. Toutes ces séries, y compris dans leurs moindres détails, rejouent sempiternellement ce traumatisme originel. Le 11 septembre n’a fait que mettre de l’huile sur le feu intérieur, manifestant une certaine continuité historique. Par leur efflorescence à l’aube du nouveau millénaire dans le fracas de la chute des tours, ces séries, qui se pensent post-apocalyptiques, ne font que rejouer la violence sans fin de la construction de la nation américaine. 
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Ça commence par un très gros plan sur un œil ouvert. Le zoom arrière permet d’identifier un, puis deux morts-vivants. Des grognements zombiesques accompagnent ce travelling optique. C’est le même mouvement de caméra que la fin de séquence de Psychose où le tourbillon de l’eau dans la bonde de douche raccordait avec l’œil de Marion. Dans le film d’Hitchcock, cet œil ouvert dévoilait le crime de Norman Bates ; dans la série d’AMC, ce gros plan montre un renversement métaphysique du point de vue : la mort est en vie. L’humanité se transforme désormais au contact des zombies qui peupleront indéfiniment ce monde. La jeune Enid l’exprimera simplement : « C’est leur monde. On ne fait qu’y vivre. » Ainsi débute la troisième saison de la série The Walking Dead.
La porte s’ouvre brutalement et les deux zombies se font tuer par Rick Grimes, ex-shérif et personnage principal de la série, son fils Carl et deux éclaireurs. Ils inspectent méticuleusement la maison à la recherche d’autres rôdeurs. L’endroit sécurisé, Carl part en quête de nourriture. Le reste du groupe s’installe en cercle à même le sol du salon. Chacun est exténué, abattu. De gros plans scrutent leurs visages fatigués, les regards baissés, silencieux. Le jeune Carl a trouvé des boîtes de nourriture pour chat. Alors qu’il en ouvre une, Rick, qui guettait à la fenêtre, s’approche, prend la conserve et la jette. Sans qu’une parole ne soit prononcée, il refuse que son fils, sa femme enceinte et toute sa bande d’amis mangent cette nourriture dégradante, signe d’une humanité en péril. Un membre du groupe qui monte la garde émet un léger sifflement en désignant la fenêtre : des zombies arrivent. Sans un mot, résigné, le groupe se lève. Chacun ramasse ses affaires et se dirige vers les voitures. Ils ont l’air de savoir ce qu’ils doivent faire, personne n’est pris au dépourvu. L’habitude. Le cortège démarre en trombe alors qu’une masse de zombies envahit la maison. Le générique commence alors, laissant le spectateur sidéré par l’âpreté de cette survie.
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Ce plan dans The 100 avec la statue de Lincoln recouverte de végétation convoque le final de La Planète des singes de Franklin Schaffner (1968), mais aussi la version de Tim Burton (2001), quand le héros retourne à son époque et découvre une statue simiesque du général Thade en lieu et place du Lincoln Memorial. Dans The 100, ce monument n’est pas seulement un indice géographique : il a pour fonction de nous montrer comment la nature a repris ses droits, quatre-vingt-dix-sept ans après les attaques nucléaires qu’a subies le Terre. Octavia ignore jusqu’à l’existence de cette statue, contrairement au capitaine George Taylor de La Planète des singes de 1968, qui, lui, comprend à travers la statue de la Liberté à moitié enfouie dans le sable où il est, et surtout quand il est. Ce qui émerge d’une plage est le seul vestige de la ville de New York, probablement disparue depuis longtemps, qui révèle à Taylor que le monde hostile peuplé de singes qu’il croyait avoir découvert avec ses compagnons n’est pas une autre planète, mais seulement la Terre, sa terre d’origine, bouleversée par un cataclysme passé. Dans le monument désormais déchu, personnage et spectateurs ne lisent pas seulement un lieu, mais un temps : autrefois.
Le voyage dans l’espace comme voyage dans le temps : voilà ce à quoi invitent les paysages apocalyptiques, lieux hors des lieux, lieux hors du temps, lieux après le temps.
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De l’apocalypse naît la figure du combattant : le monde d’après l’apocalypse ne peut s’envisager sans violence ni guerre. Du droit naturel et ancestral de se préserver, les sociétés se sont ensuite construites entre deux modèles dont l’un, très anglo-saxon, fondateur pour les États-Unis d’Amérique, pense la défense de la nation comme une extension du droit naturel de chaque personne à se défendre.
« On se bat ou on mourra », dit Clarke à Bellamy dans The 100. Le monde post-apocalyptique est un retour à l’état de nature théorisé par Hobbes. Il faut combattre pour survivre. Parfois, comme dans Battlestar Galactica ou Falling Skies, le combat est réservé exclusivement aux militaires, les civils étant perçus comme des parasites. Les autres fictions poussent à ce que chacun prenne part à la guerre. La rupture apocalyptique rend vitale la maîtrise du maniement des armes. Se défendre, c’est également défendre sa terre.
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Nos sociétés contemporaines se caractérisent par un “désir de murs“ : le mur est un objet symbolique de notre époque. Plus de trente ans après la chute de celui qui scindait Berlin, d’autres se sont construits dans le monde : en Palestine, entre le Mexique et les États-Unis, en Bulgarie, sans compter les gated communities, véritables murs intérieurs qui s’édifient aux-États-Unis, en Israël, au Brésil et ailleurs. Partout, il s’agit de repousser les pauvres, les migrants ou de possibles terroristes afin de s’en protéger. Les murs n’expriment qu’une mise en scène du déclin des États ou de leurs tentatives de restaurer leur autorité. 
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