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Citations sur L'étreinte fugitive (20)

Personne n'a jamais écrit de tragédie sur Ismène, la sœur d'Antigone – celle qui conseillait la prudence, celle qui a survécu. Comment serait-il possible ? La tragédie aime les extrêmes. Elle célèbre la beauté vertigineuse de la destruction totale. […] C'est de la beauté de la jeunesse sacrifiée que nous nous souvenons en sortant du théâtre, la beauté de ceux pour qui il n'y avait au bout du compte pas d'autre possibilité que la mort, que le renoncement à la vie pour son contraire. Le compromis ne peut être tragique ; il ne laisse rien derrière lui dont on puisse se souvenir. Les Athéniens, dans leurs éloges des morts au combat, parlaient d'une chose appelée « thanatos kalos », « la belle mort » – une mort qui est belle notamment parce qu'elle vous préserve dans la mémoire, dans l'oraison par laquelle on se souvient de vous, comme potentiel pur, de telle sorte que votre mort devient d'une certaine manière un moyen de garder la beauté intacte, elle devient un monument à elle-même. Dans « Antigone », si l’héroïne peut aller à son exécution en chantant qu'elle est une « épouse d'Hadès », une « épouse de la mort », c'est parce que, eût-elle choisi de vivre, de se marier, de devenir une épouse, il n'y aurait pas d'histoire à raconter, rien à célébrer, rien à chanter. Le quotidien est anathème pour la tragédie. C'est à partir de l'autodestruction, de l'échec, du manque et de la dévastation que la tragédie construit le beau monument qu'elle est elle-même.
Nous allons voir des tragédies parce que nous avons honte de nos compromis, parce que nous trouvons dans la tragédie la beauté pure de l'absolu, une beauté qu'on ne peut avoir si on choisit de vivre. On ne peut faire une tragédie de la survie. On ne peut écrire une tragédie sur Ismène (J'ai lu, 2018 : pp. 219, 222-223).
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Lorsque vous êtes gay, vous découvrez l’ironie de bonne heure, puisque c’est elle qui vous protège de votre propre échec, c’est elle qui vous permet d’avoir l’air puissant, comme un vainqueur, alors que en réalité, vous avez tout perdu.
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C'est là, dans le ghetto surpeuplé des morts de l'immigration juive, que j'ai compris pour la première fois le plaisir de déchiffrer les récits, de dénouer les significations secrètes et saturées des écritures sinueuses dans lesquelles elles avaient été enroulées.
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Comme de nombreux athées, je compense par la superstition et je crois au pouvoir des prénoms.
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Le désir est un mouvement plutôt qu'un lieu. Mais, plus encore, le souvenir de cette longue poursuite, dont la fin était indiscernable du début, dit un certain type de rapport au monde : l'expérience rejetée au profit du souvenir, le centre rejeté au profit de la marge. Un sens du beau planant tout juste hors de votre portée, que vous puissiez considérer, auquel vous puissiez réfléchir. La réflexion devient, à sa façon, une autre forme de possession.
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Un des plus grands poèmes lyriques d'amour qui fasse autorité dans le canon occidental a été en fait écrit deux fois. Il a été tout d'abord composé par Sappho, habitante bien connue de l'île de Lesbos, en 600 avant J-C à peu près, dans un dialecte grec. (...) Dans l'Antiquité déjà, par conséquent, le poème avait la réputation d'être l'expression canonique du désir.
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Comment découvrez-vous l'existence de mensonges? Parfois c'est de façon accidentelle, parfois il faut qu'on vous l'apprenne. Parfois, vous apprenez tout seul que les histoires que vous aviez besoin de croire n'étaient, en fin de compte, que des mythes ou simplement des mensonges.
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Nous allons voir des tragédies parce que nous avons honte de nos compromis, parce que nous trouvons dans la tragédie la beauté pure de l'absolu, une beauté qu'on ne peut avoir si on choisit de vivre. On ne peut faire une tragédie de la survie. On ne peut écrire une tragédie sur Ismène.
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Freud a écrit: « Les garçons que l’adolescent aime désormais ne sont que des personnes de substitution et des renouvellements de sa propre personne enfantine, qu’il aime comme sa mère l’aimait enfant ». (…) Je trouvais [Brad] irrésistible parce que certains détails me redonnaient accès à ma propre enfance perdue et malheureuse, comme si j’avais pu en aimant Brad être capable de récupérer et de réparer quelque chose en moi qui n’avait pas été comme il fallait, quelque chose qui avait été abimé.
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Comme la plupart des tragédies, Ion ne vous gratifie pas d'une réponse toute prête , mais plutôt d'un paradoxe, d'un "men" et d'un "de". À la fin de votre quête d'identité, Ion semble vous dire que votre recherche d'une connaissance vraie et absolue de vous-même, de votre composition génétique et des traits qui vous font être vous de façon inlassable et inaliénable , tout cela pourrait ne pas aboutir à une réponse unique, mais à une énigme nouvelle, à une réponse qui ne peut être connue que de vous : vous êtes peut-être deux choses plutôt qu'une, un garçon à deux pères.
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