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Critique de caro64


Bataille de chats se déroule sur quelques jours dans une Espagne au bord de la guerre civile, en début de printemps 1936. Eduardo Mendoza délaisse Barcelone pour Madrid, la ville de toutes les intrigues. Entre art, politique et amour, un vrai plaisir de lecture.

Anthony Whitelands est un Britannique expert en peinture espagnole du XVIIe siècle. Il part pour Madrid à la demande d'un mystérieux marchand de tableaux afin d'estimer la collection du duc de la Igualada. La vente de ses tableaux devrait permettre au duc et à sa famille de quitter l'Espagne. On devine très vite que ce voyage ne sera pas si simple. Anthony se retrouve mêlé malgré lui à des malversations politiques et à un combat qui n'est pas le sien. Tout comme Vélasquez, le peintre qu'il admire, notre Anglais est un peu hermétique au monde extérieur, préférant se réfugier dans l'art. Et pourtant, il va devenir un instrument, alternativement aux mains de la Phalange et de la police espagnole ; sans oublier son ambassade qui le suit de très près. Anthony aurait tout intérêt à fuir rapidement ce lieu maudit, sauf qu'il tombe amoureux. Deux fois. D'abord de la fille du duc, Paquita, qui n'a d'yeux que pour José Antonio Primo de Rivera, le chef de la Phalange, ensuite d'un tableau, un chef-d'oeuvre inconnu qu'il attribue à Vélasquez. C'est cette peinture mystérieuse qui est à la base de tout. Whitelands se retrouve pris au piège d'une lutte politico-financière, cette bataille de chats comme on surnomme les madrilènes.

Dès les premières lignes, la légèreté du ton contraste efficacement avec l'ambiance pesante d'une ville au bord de l'implosion. Les habitués de Mendoza regretteront néanmoins de ne pas retrouver dans Bataille de chats l'humour qui caractérise la plupart de ses autres romans, car, malgré le génie de Whitelands pour se fourrer dans des situations rocambolesques, on rit peu à la lecture de ce roman. Qu'à cela ne tienne : construit comme une enquête policière, Bataille de chats garde le lecteur en haleine jusqu'à la fin et les personnages secondaires apportent une densité remarquable à l'histoire. L'analyse politique est finement menée et les détails historiques servent l'action de façon très habile. Mais ce qui fait la véritable originalité du roman, c'est la façon dont Mendoza parle de la peinture. Les tableaux prennent forme dans l'esprit d'Anthony (et dans celui du lecteur) et lui dévoilent des réalités cachées. Tel est d'ailleurs le but de l'art : représenter le monde pour mieux en révéler les mystères. le musée du Prado devient ainsi le lieu de conscience d'Anthony Whitelands. La plongée que l'auteur nous offre dans l'univers du plus célèbre peintre espagnol est telle que l'on ne quitte qu'à regret le roman pour contempler, dans un livre d'art, les chefs d'oeuvres de Vélazquez.

En bref, un très bon roman d'aventures historico- policières aux accents vaudevillesques, à ne pas négliger sur la liste des lectures estivales.
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