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Citations sur Bataille de chats : Madrid, 1936 (21)

Le prolétariat ne veut pas seulement de l'argent. Il veut la justice et le respect. Et tant que vous ne comprendrez pas ça, il n'y aura ni concorde ni progrès social, et la violence ne fera qu'augmenter.
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En Angleterre comme dans le nord de la France que je viens de traverser, la compagne est verte, les champs sont fertiles, les arbres montent haut, mais le ciel est bas, gris et humide, l'atmosphère est lugubre. Ici, (Espagne) en revanche, la terre est aride, les champs sont secs et crevassés, ils ne produisent que des buissons rabougris, mais le ciel est infini et la lumière héroïque. Dans notre pays, nous marchons toujours la tête baissée et les yeux rivés au sol, accablés ; ici, où la terre n'offre rien, les hommes vont la tête haute en fixant l'horizon .
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Si l'ouvrier se soulève, au lieu de se demander ce qu'il veut, on lui envoie la police ; quand ça ne suffit pas, la garde civile, et si nécessaire la légion. Avec de tels arguments, pas besoin d'avoir raison.
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Trahir le Parti, c'est mauvais pour l'avenir du prolétariat, mais ça l'est encore plus pour le présent de celui qui le fait.
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Il (Azaña) sait que les militaires, sous leur apparence terrible, sont inconsistants, versatiles et malléables : d'un côté ils critiquent et menacent, de l'autre ils pleurnichent pour avoir un avancement, une affectation, une décoration ; ils sont toujours à l'affût des prébendes et se jalousent entre eux : chacun est convaincu de s'être fait doubler par un autre qui n'a pas ses mérites ; finalement ils se laissent flatter comme des enfants.
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La nuit tombait de bonne heure, et la pénombre enveloppait peu à peu la maison du duc de la Igualada tandis qu'Antony Whitelands, recroquevillé dans son coin, entendait les brèves consignes de ses poursuivants, regroupés dans le hall qu'il venait de quitter pour se réfugier à l'étage du dessus.
- Si quelqu'un est vraiment entré, ce dont je doute, annonça le terrible majordome sur un ton catégorique, il ne peut être sorti de la maison sans qu'on l'ait vu. Je propose que nous procédions à une fouille minutieuse, chambre par chambre. Vous chercherez dans les pièces de réception. Les domestiques sont avertis, au cas où il viendrait dans la cuisine, l'office ou la buanderie. Je me charge des chambres à coucher.
Les généraux acceptèrent l'ordre sans broncher, reconnaissant l'autorité provisoire de celui qui connaissait le mieux le terrain.
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- Inglish?
La question le fit sursauter. Absorbé dans la rédaction de sa lettre, c'était à peine s'il avait remarqué la présence d'autres voyageurs dans le compartiment. Depuis Calais, il avait eu pour unique compagnie un Français laconique avec lequel il avait échangé un salut au début du voyage et un autre quand l'homme était descendu à Bilbao ; le reste du temps, le Français avait dormi à poings fermés, et l'Anglais avait fait le même après son départ. Les nouveaux passagers étaient montés lors des arrêts qui s'étaient succédé depuis. Outre Anthony voyageaient maintenant, formant une sorte de compagnie théâtrale folklorique en tournée, un curé de campagne d'un âge plus que canonique, une jeune fille à l'allure rude de paysanne et l'individu qui venait de l'aborder, un homme de condition et d'âge incertains, crâne rasé et épaisse moustache républicaine. Le curé voyageait avec une modeste valise en bois, la fille avec un gros balluchon et l'homme avec deux volumineuses valises en cuir noir.
- Je ne parle pas anglais, vous savez? poursuivit-il devant l'apparent acquiescement de l'Anglais à sa question initiale. No Inglish. Moi, Spanish. Vous Inglish, moi Spanish. Espagne pas du tout comme Angleterre. Different. Espagne, soleil, taureaux, guitares, vin. Everibodi olé. Angleterre, no soleil, no taureaux, no joie. Everibodi kaput.
Il garda le silence un moment pour donner à l'Anglais le temps d'assimiler sa théorie sociologique, puis ajouta :
- En Angleterre, roi. En Espagne, no roi. Avant, roi. Alfonso. Maintenant, plus roi. Fini. Maintenant, république. Président : Niceto Alcala Zamora. Elections. D'abord Lerroux, maintenant Azana. Partis politiques tous dans le même sac, tous mauvais. Politiciens pourris. Everibodi fumiers.
L'Anglais ôta ses lunettes, les nettoya avec le mouchoir qui dépassait de la pochette de sa veste et profita de la pause pour regarder par la fenêtre. Sur la terre ocre qui s'étendait à l'infini, on ne voyait pas un arbre. Au loin, il aperçut un paysan, portant cape et chapeau à large bord, monté en travers sur un mulet. Dieu sait d'où il vient et où il va, pensa-t-il avant de se tourner vers son interlocuteur avec une expression peu engageante, bien décidé à ne pas se montrer disposé au dialogue.
- Je suis au courant des vicissitudes de la politique espagnole, dit-il froidement, mais en ma qualité d'étranger je ne me considère pas autorisé à m'immiscer dans les affaires intérieures de votre pays ni à émettre des opinions sur le sujet.
- Ici, personne ne se mêle des affaires des autres, dit le loquace voyageur, quelque peu déçu de constater la maîtrise de la langue castillane dont faisait preuve l'Anglais. (...)
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Les communistes et les nazis sont des monstres et nous, qui sommes les bons, nous ne sommes que des canailles.
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En marchant dans la rue, il découvre avec surprise que les réflexions mélancoliques inspirées par la contemplation du tableau, loin d'augmenter son abattement, l'ont dissipé. Pour la première fois, il prend conscience d'être a Madrid, une ville qui lui rappelle d'agréable souvenirs et lui procure une excitante sensation de liberté.
Anthony Whitelands a toujours aimé Madrid. A la différence de beaucoup d'autres villes d'Espagne et d'Europe, l'origine de Madrid n'est pas grecque, ni romaine, ni même médiévale, mais date de la Renaissance. Philippe II l'a créée a partir de rien en y établissant la cour en 1561. Pour cette raison, Madrid n'a pas de mythes fondateurs qui remonteraient a une obscure divinité, ni de Vierge romane qui l'abriterait sous son manteau de bois sculpté, ni d'auguste cathédrale qui projetterait son ombre sur le vieux quartier. Sur ses armoiries, pas de belliqueux tueur de dragons; son saint patron est un humble paysan dont on célèbre la mémoire par des fêtes et des courses de taureaux. Pour préserver son indépendance naturelle, Philippe II a construit l'Escurial et a éloigné ainsi de Madrid la tentation de devenir un foyer de spiritualité en plus d'être le siège du pouvoir.
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Tous les maux que les revers de l'Histoire, la faiblesse du gouvernement de la nation et les discordes des hommes avaient accumulés sur l'Espagne de 1936 se trouvaient momentanément suspendus à l'heure de l'apéritif en vertu d'un accord unanime des parties impliquées.
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