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Critique de CDemassieux


« Hitler est l'Idée et l'Idée c'est Hitler. »
Cette phrase de Joseph Goebbels – ministre de la Propagande du IIIe Reich qui s'est suicidé dans le bunker d'Hitler de la Chancellerie à Berlin, avec sa femme et ses enfants, eux-mêmes trucidés par leur propre mère ! – aurait pu servir de sous-titre à ce roman de l'enfer moderne.
Pourquoi enfer ? La réponse vous apparaîtra en lisant. Pourquoi moderne ? Parce que c'est la première fois qu'une extermination humaine est pensée de manière industrielle. En effet, Auschwitz est, à bien y regarder, la plus « belle » réussite du capitalisme sauvage : l'homme devient une bête de travail, laquelle est exterminée lorsqu'elle ne sert plus.
La mort est mon métier : titre tellement signifiant !
Dans cette histoire nous suivons, sous forme de mémoires, la vie de Rudolf Lang – en réalité Rudolf Höss, exécuté sur son « lieu de travail » en 1947 –, dirigeant du camp d'Auschwitz et qui participera très activement à « l'amélioration » des techniques d'extermination.
On suit ainsi ce personnage depuis sa jeunesse, en passant par le front de 1914-1918, jusqu'à son engagement dans la SS et sa nomination en tant que commandant de l'usine de mort que certains « grands esprits » considèrent aujourd'hui, en France, soit comme un mensonge, soit comme une entreprise de salubrité ! L'infamie a cela de semblable à la grippe : on peut se soigner mais elle revient toujours !
Lang est l'archétype de l'exécutant soumis à une idéologie totalitaire et à un chef autoproclamé dieu vivant. Son empathie est réservée à sa famille, jamais à ses victimes chosifiées. Si certains de ses « collaborateurs » déraisonnent face à la nature « particulière » de leur tâche, lui ne se départit jamais d'un maintien impeccable. Lang assume jusqu'au bout son rôle, invectivant au passage son chef – Heinrich Himmler – lorsqu'il se suicide. Il a la foi !
Ce roman pénètre ainsi l'intimité d'un tueur de masse besogneux, sans états d'âme, convaincu du bien-fondé de sa « mission ». Il est un témoignage du fanatisme – politique ou religieux d'ailleurs – en même temps qu'un questionnement sur le libre-arbitre, cette qualité fondamentale qui nous fait agir en conscience.
Certes, La mort est mon métier n'est pas un ouvrage d'histoire, quoique très documenté, et c'est justement là sa qualité : nous nous laissons emporter par le récit, nous prenant à croire que ce n'est qu'un mauvais rêve. Hélas, une fois le livre terminé, la réalité nous murmure ceci : c'est arrivé…
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