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Critique de daniel_dz


Un récit de Robert Merle publié en 1974 qui touche deux thèmes d'actualité: principalement la place des femmes dans la société, mais aussi les réactions politiques et populaires face à un virus dévastateur.

Le point de départ de ce roman de science-fiction est le virus de l'encéphalite 16, qui provoque la mort des hommes capables de procréer; les autres hommes, ainsi que les femmes, sont épargnés. Par les temps qui courent, j'ai trouvé les premiers chapitres savoureux. Ce n'était pas de la science-fiction mais de l'anticipation ! Je pense en particulier à ce président qui ne voulait pas trop parler de ce virus parce qu'il craignait qu'il occulte un autre thème qu'il voulait mettre en évidence pour servir sa réputation. On voit ensuite le mouvement des « Continents » prôner l'abstinence comme moyen de se prémunir contre le virus, avec le soutien de la religion. Mais avant la mise au point d'un virus, la seule protection réellement efficace était celle prônée par les « Abolitionnistes »: la castration. Savoureux aussi de voir les Continents croire en leurs prophètes comme si leurs croyances étaient science.

On peut imaginer les réticences face à cette solution radicale… le virus fait donc des ravages et l'on voit ainsi les femmes occuper peu à peu la place des hommes, y compris à des postes de dirigeants.

Le personnage principal du roman est le Docteur Martinelli. Il n'est pas un Ablationniste, mais un « Homme protégé ». Avec son équipe, il est détenu dans une camp retranché qui l'isole de tout contact avec des hommes porteurs du virus afin qu'il puisse mener ses recherches pour la mise au point d'un virus. D'autres scientifiques y mènent d'autres recherches.

Le camp est dirigé par une femme et ce sont des femmes qui en sont les gardiennes. Martinelli y reçoit parfois la visite de son épouse, quand sa carrière politique le lui permet.

J'ai trouvé que cette description d'une société où les femmes ont une position dominante était un plaidoyer féministe assez subtil. J'avoue en effet m'être surpris à trouver perturbant de voir certaines femmes dans des rôles inhabituels, pour ensuite me sentir mal l'aise d'avoir eu cette réaction. Je n'étais pas fier de m'être vu victime de clichés tenaces. C'est là la subtilité indirecte du message de Robert Merle.

Le récit est donc intéressant pour son message, tout en procurant une lecture plaisante par les intrigues et les luttes de pouvoir qu'il raconte. Pour tout cela, je vous le recommande, même si le dénouement a un côté libertaire que j'ai trouvé plus faible, de même que certains clichés sexistes qui parsèment le récit et qui m'ont paru artificiels; peut-être aurais-je réagi autrement si j'avais été un lecteur de 1974.
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