Ce fut comme si je marchais presque constamment dans l'ombre d'un monde inhumain, les nerfs frémissants comme sous la surveillance de choses invisibles hors de notre existence, le subconscient se hissant jusqu'au seuil du conscient, frappant violemment à la porte qui les sépare, en lui hurlant de prendre garde... de prendre garde à tous les instants.
Ce n'est pas précisément encourageant de voir s'écrouler ce qu'on a longtemps cru être un monde assez bien organisé autour de la cause et de l'effet.
Je ne pouvais prédire ce qui sortirait de cette rencontre, mais c’était, manifestement, le seul moyen de conserver le respect de moi-même. Admettre que ce qui était arrivé était de la magie, de la sorcellerie, du surnaturel était s’abandonner à la superstition. Rien ne peut être surnaturel. Si une chose existe, il faut qu’elle existe en obéissant à des lois naturelles. Les corps physiques doivent obéir à des lois physiques. Nous pouvons ne pas connaître ces lois… mais elles n’en existent pas moins. Si Mme Mandilip possédait une science inconnue, il m’incombait, en tant que représentant de la science connue, de découvrir tout ce que je pouvais sur cette autre science. Spécialement puisque j’y avais récemment réagi si complètement. Que j’eusse été capable de deviner d’avance sa technique – s’il s’agissait d’une technique et non d’une illusion que je m’étais créée – me donnait un agréable sentiment de confiance.