Que gagnerait-on à voguer vers la lune, si on n'est pas capable de traverser l'abîme qui nous sépare de nous-même.
Que gagnerons-nous à aller sur la lune si nous sommes incapables de traverser l'abîme qui nous sépare de nous-mêmes ?
Ces hommes du désert ne se révoltaient pas contre la société. Certes, c'étaient, en un certain sens, des "rebelles". C'étaient des hommes qui refusaient de se laisser passivement guider et gouverner par un État décadent, et qui jugeaient possible de vivre sans être asservis à des valeurs conventionnelles admises. Mais ils n'essayaient nullement de se mettre au-dessus de la société.
Autrefois, un philosophe grec ordonna à l’un de ses disciples de donner, pendant trois ans, de l’argent à ceux qui l’insulteraient. A la fin de cette période d’épreuve, le Maître lui dit : « Tu peux maintenant aller à Athènes apprendre la sagesse. »
En entrant à Athènes, le disciple rencontra un sage qui, assis à la porte de la ville, insultait tous les passants. Il fit de même pour le disciple qui éclata aussitôt de rire. « Pourquoi ris-tu quand je t’insulte ? demanda le sage. – Parce-que pendant trois ans j’ai payé ceux qui m’insultaient et toi, tu le fais pour rien. – Entre dans la ville, elle t’appartient », répondit le sage.
L’abbé Jean, qui avait l’habitude de raconter cette histoire, ajoutait : « Voilà la porte de Dieu à travers laquelle nos pères, qui se réjouissaient de leurs nombreuses épreuves, entraient dans la Cité céleste. » (pp. 60-61)
L’Abbé Alonios disait : l’humilité est la terre où Dieu veut que nous allions offrir des sacrifices.
(page 81)
L’un des Anciens disait : de même qu’une abeille fabrique du miel partout où elle va, ainsi le moine, où qu’il aille, si c’est pour obéir à la volonté de Dieu, peut toujours répandre la douceur spirituelle des bonnes œuvres. (p. 106)
Un ancien disait : le moine ne doit pas demander comment agit celui-ci, ou comment vit celui-là.
Des questions de ce genre nous éloignent de la prière et nous entraînent au bavardage et à la médisance.
Rien ne vaut le silence.
(page 109)
L’Abbé Jean disait : le moine doit être comme l’homme qui, assis sous un arbre, lève la tête et aperçoit toutes sortes de serpents et de bêtes sauvaient accourant vers lui.
Puisqu’il ne peut pas les vaincre tous, il grimpe dans l’arbre pour leur échapper.
Le moine doit toujours l’imiter.
Quand le démon réveille ses mauvaises pensées, qu’il grimpe, par la prière, vers le Seigneur et il sera sauvé.
(page 107)
Ce que nous nommerions aujourd’hui prière contemplative s’appelait alors quiet ou repos.
Ce terme lumineux est demeuré dans la tradition grecque monastique : c’est hesychia, « le doux repos ».
Le quiet est une concentration silencieuse aidée par la tranquille répétition d’une phrase isolée de l’Écriture, la plus populaire étant la prière du publicain : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, ayez pitié de moi parce que je suis un pécheur ! »
Sous une forme abrégée, cette prière est devenue « Seigneur ayez pitié (Kyrie eleison) » - que les Pères répétaient intérieurement des centaines de fois par jour, jusqu’à ce qu’elle devint aussi spontanée et instinctive que la respiration.
(page 32)
Ils cherchaient un Dieu qu’ils pouvaient seuls trouver, et non un Dieu « donné » sous une forme stéréotypée, fixée par quelqu’un d’autre. (…)
Leur départ pour les horizons arides du désert avait également le sens d’un refus de se contenter d’arguments, de concepts et de verbiage « technique ».
(page 14)