A quoi sert de pleurer le soleil ?
Tes larmes t'empêchent de voir les etoiles
Tout commença le 28 décembre 1936.
A l'école de la souffrance, j'appris à devenir un homme. Je fis connaissance avec la peur que l'on surmonte parce qu'il le faut pour soi-même et pour les autres. J'appris qu'un homme pleure la mort de son ami et que sa souffrance le poussera à haïr son ennemi au point de tuer pour le simple plaisir de le faire. J'appris à ne plus respecter la vie en contemplant de trop près la mort. Petit à petit, mon sourire avait fait place à un rictus. Mon regard n'était plus le même, une certaine lassitude y était entrée. Devant une exécution, je restais indifférent.
Ceux que nous appelions les rebelles luttaient pour obtenir leur indépendance et reconquérir ce que mes ancêtres leur avaient pris un siècle plus tôt. J'allais donc participer à une guerre absurde avec la certitude que ce ne sont jamais ceux qui la déclenchent qui la font.
Voilà pourquoi le "chevalier Ducon" épousa "sainte salope" pour le meilleur et surtout pour le pire.
Cela fut ma première leçon : si tu vis dans l'ombre, tu n'approcheras jamais le soleil.
Je regardais les anciens avec leurs visages marqués par la monotonie de leur travail. Je me jurai de ne pas m'éterniser dans ce genre de vie terne et sans surprises. Je ne voulais pas devenir comme eux.
À quoi sert de pleurer le soleil,
Tes larmes t'empêcheront de voir les étoiles.
Seigneur, protège-moi de mes amis... mes ennemis je m'en charge.
Cela fut ma deuxième leçon : il ne faut pas prendre l'escalier de service.