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Critique de gerardmuller




L'homme qui devint Dieu /Gérald Messadié
Gérald Messadié est écrivain, catholique et croyant. Dans ce livre de 600 pages qu'il a mis 10 ans à écrire, ouvrage extrêmement documenté et intéressant, il effectue une relecture des Évangiles canoniques en y relevant les lacunes, les contradictions et les invraisemblances. Sa recherche dans les évangiles apocryphes a apporté un complément d'information décisif, notamment dans l'Évangile retrouvé de Thomas, puis dans les manuscrits de la Mer Morte. Ainsi une histoire de Jésus a pu être reconstituée et fait l'objet de cet ouvrage remarquable. Dans un volume annexe, l'auteur cite toutes ses sources.
Dans un style romancé et érudit en recréant une ambiance biblique sociale et politique plus vraie que nature, l'auteur nous relate la jeunesse de Jésus, un épisode pratiquement inconnu, et le rapport de Jésus avec les Esséniens, avant d'aborder la condamnation et la suite. La vie quotidienne et la fermentation mystique de l'époque avec la multiplication des messies et les intrigues qui divisent les Juifs, tout est très bien relaté dans les 600 pages de ce récit passionnant.
Il est probable que ce portrait inédit de Jésus et certains passages notamment concernant la Crucifixion pourront surprendre et même dérouter, mais sans jamais être irrespectueux.
Une postface extrêmement intéressante explique la nécessité pour l'auteur de publier par ailleurs un ouvrage complémentaire révélant les sources qui lui ont permis d'écrire cette vie de Jésus fondée sur des analyses historiques, des déductions et des reconstitutions. (Cf l'ouvrage : L'homme qui devint Dieu : Les sources). Évidemment est évoqué le sujet des Manuscrits de la Mer Morte découverts en 1949 par un berger. Des décennies après leur découverte, seulement une partie du contenu a été publié comme si une conspiration du silence régnait sur le sujet. On ne s'étonnera pas quand on saura que ces manuscrits révèlent une part importante de l'enseignement de Jésus et l'influence essentielle de l'enseignement dispensé par les maîtres des communautés esséniennes de Qoumrân sur Jésus. le rôle de cette communauté juive est capital pour expliquer la transition entre le judaïsme et le christianisme, secte qui apparut environ 150 ans avant notre ère et disparut lors du siège de Massada à la fin du premier siècle.
La découverte de l'Évangile de Thomas en 1945 en Haute Égypte à Nag Hamadi est essentielle aussi quant à son contenu qui a inspiré bien des pages du livre. Ce Cinquième Évangile nous éclaire grandement sur le personnage de Thomas et son entourage. Il faut savoir qu'il existe 31 autres évangiles dits apocryphes, parfois sous forme de fragments, qui ont été mis à l'index par les autorités religieuses au Ve siècle. Ces évangiles et notamment le Protévangile de Jacques ont fourni beaucoup d'informations sur nombre de personnages du livre, en particulier sur Joseph le prêtre charpentier et sur Marie l'orpheline. À noter que sur nombre de personnages, les quatre Évangiles Canoniques se contredisent, ce qui a rendu compliqué le travail de recherche de l'auteur. Les évangiles apocryphes montrent que Joseph n'était pas de Nazareth, ni Jésus. Il était de Jérusalem et emmena Marie à Bethléem pour accoucher. L'Évangile arabe de l'Enfance révèle beaucoup d'informations sur la vie de Joseph prêtre du Temple devenu tuteur d'une orpheline par tirage au sort. Marie tombée enceinte, Joseph patriarche vénérable fut contraint par le grand prêtre de l'épouser pour éviter le scandale.
Parmi les sources les plus importantes sur l'histoire des Juifs figure les oeuvres de Flavius Josephe qui relatent l'antagonisme entre Hérode et Joseph, la fuite en Égypte de Joseph, Marie et Jésus encore enfant et le retour en Galilée pour s'installer à Capharnaüm.
La lecture des différents évangiles et de Flavius Josephe permet par recoupements de confirmer que Jésus est né en fait 7 ans plus tôt que ce que l'on croyait et donc qu'il ne fut pas crucifié à 33 ans mais à environ 40 ans.
L'auteur par ailleurs nous apporte grâce à ses sources la certitude de l'historicité de Jésus qui fut souvent mise en doute. Sa naissance n'eut pas lieu dans la nuit du 24 au 25 décembre qui correspond à la date d'une fête païenne, la victoire de Mithra sur les ténèbres. Il est né au printemps au moment de la Pâque, seule période où Jérusalem connaît une affluence exceptionnelle, d'où la nécessité de partir vers Bethléem pour l'hébergement et l'accouchement.
Concernant le supplice final, selon Marc, Pilate s'étonna d'entendre que Jésus fût déjà mort quand Joseph d'Arimathie et Nicodème réclamèrent le corps la veille de la Pâque. Ils savaient que Jésus n'était pas mort. Ce passage est capital, car lorsqu'ils demandent à disposer du corps, insuffisamment de temps s'est écoulé pour que Jésus soit mort d'autant plus que les tibias n'ont pas été brisés. Ils n'ont pas été brisés parce qu'on a cru Jésus déjà mort écrit Jean. La vérité c'est qu'il y eut complot pour sauver Jésus. Les écrits de Jean sur le sujet sont révélateurs. le coup de lancette donné par un soldat romain pour voir la réaction du supplicié ne fut pas mortel mais on le crut mort.
Complot ? et pourquoi ? Pour des raisons différentes, Pilate, Hérode et Joseph d'Arimathie avaient intérêt à voir Jésus vivant pour restaurer le trône de David et rétablir la paix en Palestine. Ils imaginaient Jésus roi des Juifs.
Fait suite un clair exposé sur le terme de Messie qui est une notion fondamentalement juive désignant un envoyé de Dieu destiné à être à la fois roi des Juifs et grand prêtre. Mais Jésus n'a jamais dit qu'il était le Messie. Il a été dit dans les siècles ultérieurs que la condamnation de Jésus avait été une persécution contre les Chrétiens fomentée par les Juifs, ce qui est faux : ce fut une affaire strictement juive. La condamnation par le Sanhédrin eut des raisons politico religieuses. La judaïté de l'aventure de Jésus est selon l'auteur indubitable.
Une mention particulière concernant les disciples qui ont brillé par leur absence lorsque Jésus fut supplicié.
Enfin que devint Jésus par la suite ? Il fut revu dans les jardins de Gethsémani, reconnu par Marie de Magdala. Puis par des pêcheurs à Tibériade. Il se dirigea ensuite vers Jaffa. Pour prendre un bateau ? S'embarquer pour l'Asie peut-être ?
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