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Critique de jullius


Pour qui parle le poète ? Pour quoi ? S'il écrit son journal plutôt qu'un recueil, l'ouvrier poète, s'il se dit manoeuvre, lui qui façonne les mots : pourquoi ?
C'est en lisant Joseph Ponthus qui encense ce texte, que j'ai eu envie de le connaître. Sans doute Joseph le goûte-t-il plus que moi qui n'ai jamais connu la cadence de la chaine ou les morsures glacées et poussiéreuses du terrassement ; sans doute n'ai-je pu savourer tout le plaisir d'un repos, entendre chaque note de la mélodie du silence après le vacarme, apprécié toute la chaleur de la présence du collègue, de ses mots, quand l'horizon s'approche pour vous montrer que la fin de la peine n'est que le signal de son recommencement… sentir tout le baume d'une peau aimée sur le derme abimé de paumes laborieuses.
Pour dépasser la cruelle beauté des mots et accéder à tous les enivrements des images de Thierry Metz, il me manque l'expérience du manoeuvre. Mais ce que je crois comprendre c'est l'effort, le travail, la volonté de (re)faire oeuvre chez celui qui, justement, se présente en ouvrier non spécialisé, que l'on prive, dans son occupation quotidienne, de sens par l'ouvrage, de pouvoir de dire et de pouvoir d'agir... d'humanité en somme, pour n'être que bête de somme. le besoin de clamer dans un journal, le cri écrit du sort de celui qui trime, plutôt que de réserver aux esthètes les versets du poète, la démarche évangélisatrice de celui qui sait faire de son enfer un salut, peut-être, et nous montrer la lumière : « où sommes-nous ? Pourquoi demander ? Cette table, cette chaise ne te suffisent pas ? Voir ce qui passe, toucher ce qui demeure. Ne rien faire qu'être là, dans les coïncidences de la maison et du monde. Cet ailleurs qui tonne à l'horizon… Mais n'écoute pas ce que je dis, j'ai rempli nos verres. Et mon vin, lui, connaît la substance du domaine ».
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