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Critique de jfmathm


Sherlock sur des rails

Au tournant du XXe siècle, Sherlock Holmes s'ennuie. Remarié, Watson a quitté le 221B Baker Street, et le détective peine à trouver des adversaires à sa mesure. Lorsque son frère, suite au meurtre à Londres d'une de ses employées, lui demande d'enquêter sur un pamphlet haineux et antisémite, les tristement célèbres Protocoles des Sages de Sion, le duo s'empresse de se reformer pour aller retrouver leur auteur en Russie, quitte pour Sherlock à affronter des aspects sombres de sa personnalité.

Au sein de la montagne de pastiches holmésiens parus au fil des ans, le New-Yorkais Nicholas Meyer a signé l'un des plus remarquables, La Solution à 7 %, qui demeure aujourd'hui encore la meilleure exploration de la toxicomanie de Holmes. Sherlock Holmes et les Protocoles des Sages de Sion s'inscrit dans le même mélange de roman historique et d'enquête, et entraine Holmes et Watson à la poursuite du supposé manifeste programmatique d'un groupe de comploteurs juifs visant à la conquête du monde, les sinistres Protocoles des Sages de Sion, dont les nazis feront un usage immodéré dans leur propagande et qu'on retrouve à travers toute l'histoire du siècle écoulé, des stalinistes aux extrémistes musulmans en passant par les conservateurs radicaux américains. Mais face à cette contrefaçon emplie de haine, que peut faire Holmes ? Comment même le plus brillant des détectives anglais pourrait-il réussir à empêcher le Mal de se répandre ? C'est toute la question à laquelle ne parvient pas à répondre Nicholas Meyer qui promène son duo de détectives, opportunément augmenté d'une jeune, brillante et socialiste traductrice du russe, à travers la France et l'Ukraine (alors part de la Russie), peu après le soulèvement d'Odessa, immortalisé par le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein, qui allait, par ricochets, provoquer la révolution russe. Faute de vrais enjeux, "l'enquête" suit des rails, en l'occurrence ceux de l'Orient Express, à mesure que Holmes et ses acolytes tentent d'échapper aux services secrets du tsar lancés (un peu paresseusement) à leurs trousses. Très en retrait, Holmes laisse souvent Watson prendre l'allant de l'aventure, préférant ruminer, se livrer à quelques violentes intimidations et même, ô sacrilège !, à un début de romance. Aisée à lire, bardée de références historiques qui servent hélas trop souvent de cache misère, cette nouvelle aventure de Holmes déçoit. Les péripéties s'enchainent sans convaincre et ne laissent qu'une succession de visites pittoresques et de faits historiques sans grand rapport avec l'intrigue en cours. Transplanter Holmes hors de son environnement londonien pour lui faire vivre des enquêtes à l'étranger n'a rien de nouveau dans les pastiches, et la Russie figure déjà largement dans le Sherlock Holmes en Sibérie de P. Orlovets, daté de 1908 et publié chez nous il y a peu par les éditions Lingva, qui s'avère à la fois plus "authentique" et plus holmésien que ces Protocoles... mais après tout, puisqu'il est ici avant tout question d'un faux littéraire, peut-être ce semi-ratage est-il délibéré ?
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