AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cecilit


Tout le monde a, paraît-il, un secret inavouable. Moi, j'en ai un et je vais vous le confier... Je suis fan d'Élisabeth II (et, de façon moindre toutefois, des membres de la famille royale anglaise avec des préférences, parfois injustifiées et arbitraires je l'avoue, pour certains d'entre eux).
Je ne suis pourtant ni anglaise, ni royaliste, ni midinette, ni sénile, ni abonnée à Point de vue Images du Monde. Les autres familles royales, qu'elles soient espagnole, belge, danoise ou martienne ne m'intéressent pas ; que leurs membres se marient, se reproduisent, divorcent, se concufient ou passent l'arme à gauche, je n'en ai cure !
Un psychiatre bien éclairé pourrait peut-être expliquer ma marotte par un désir de de stabilité éternelle car quelle autre famille royale peut susciter autant d'intérêt depuis des lustres et réunir autant de téléspectateurs de par le monde devant toute sorte d'événements la concernant (mariages, anniversaires, jubilés, enterrements) ?. Quelle reine peut se targuer aujourd'hui d'être aussi incroyablement populaire après soixante-dix ans de règne (faudrait il encore que cette autre reine puisse atteindre, si elle existe, ce record de longévité !) ?
C'est donc avec beaucoup de plaisir (coupable) que j'ai commencé cette bio avec cependant la crainte qu'elle ne soit une énième hagiographie de plus, people et pipelette, dégoulinante de courbettes et de louanges et surtout inutile car n'apprenant rien de ce que nous savons déjà. Et quelle bonne surprise, Bertrand Meyer-Stabley ( que je ne connaissais pas et qui semble spécialisé dans la famille royale anglaise) manie son sujet (la Reine devient Sujet, c'est le monde à l'envers ! Ahah ! ) avec autant d'anecdotes que de sérieux.
La première partie de cet ouvrage retrace de façon chronologique sa vie en trois chapitres : ses jeunes années de princesse (éduquée comme telle car troisième dans l'ordre de succession au trône après son oncle et son père), ses années de jeune reine et de jeune épouse, et toutes les années qui ont suivi jusqu'à aujourd'hui entre joies, drames, scandales et tutti quanti. La deuxième partie, plus anecdotique mais non moins intéressante, se penche par chapitres, sur ses relations à la presse et à ses premiers ministres successifs, son rapport à la nature et aux animaux (corgis et dadas), ses vêtements et chapeaux ( gérer son dressing et les choix stratégiques de ses tenues selon les occasions relève d'un grand brainstorming bien supérieur à celui que je ressens dès que je dois me mettre sur mon 31 !) mais aussi sur l'entreprise que représente le palais de Buckingham avec ses nombreux employés.
Même s'il se montre respectueux, Bertrand Meyer-Stabley n'en reste pas moins critique voire même très critique envers celle qu'il dépeint comme équilibrée mais d'une intelligence tout à fait moyenne (ô shocking !) , manquant d'imagination et prévisible, caractère qui, au début de son règne, a pu geler sa personnalité et la noyer, dit-il, dans une aura de majesté compassée ; il faut dire que son couronnement l'avait élevée au rang de quasi sainte aux yeux du public ; enfin, l'auteur souligne avec ironie que, si cette famille royale a perdu un empire, avec la fin des colonies, elle s'est trouvée à l'évidence un nouveau rôle, celui de monarchie-spectacle.
Les années et les scandales provoqués par ses belles-filles (entre une Diana qu'elle ne comprenait pas et une Sarah qu'elle appréciait mais dont la conduite excentrique la choquait) et ses fils ( entre un Charles qui l'a toujours déçue et un Andrew qu'elle adore mais qu'elle ne peut plus défendre aujourd'hui) l'ont finalement rendue humaine, laissant voir à tous que, bien qu'intouchable et sacralisée, elle ne peut éviter de subir, comme tout à chacun, les aléas et malheurs propres à la vie terrestre.
On découvre une femme ambivalente, à la fois corsetée par devoir, trop sérieuse et dévouée corps et âme à sa mission, casanière et solitaire, parfois dure et froide, éloignée de la vie réelle de ses "sujets" mais aussi sociable et au penchant spontané pour la fantaisie, globe-trotter et curieuse, économe et simple ( toutes proportions gardées) dans ses inclinaisons entre pique-nique, virées champêtres et cavalcades dans les landes. Difficile donc de cerner cette personnalité complexe, icône pour les uns et parasite (terme employé par un des protagonistes du roman de Jonathan Coe, le coeur de l'Angleterre) pour les autres.
L'épilogue de cette bio décrit avec précision tout ce qui se passera, heure après heure, à partir du moment où Elizabeth II disparaîtra ; qui annoncera son décès et quand ; tout est déjà prévu bien entendu, chronométré et exempt d'improvisation, à l'image de toute sa vie.
Merci à Babelio et aux éditions Pygmalion de m'avoir offert cet ouvrage que j'ai apprécié et dont je conseille la lecture ( à ceux dont évidemment le sujet intéresse).

Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}