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Critique de maevedefrance


Treize heures chrono en Afrique du Sud, au Cap et ses environs, voici ce que nous propose Deon Meyer. La journée commence à 5h36, pour l'inspecteur alcoolique africaner Benny Griessel, réveillé en sursaut par son téléphone portable. Au bout du fil, son collègue Vusumuzi Ndabeni, a un cadavre sur les bras : une jeune femme égorgée. Au même moment, une femme court à perdre haleine, poursuivit par des tueurs. La journée commence "fort" !

En effet, Deon Meyer nous montre toute l'intensité de la vie de son pays. Il déroule son roman par courtes séquences narratives et démultiplie des scènes qui a priori n'ont rien à voir les unes avec les autres. Au fur et à mesure, le mystère se lève sur les personnages et les scènes éparpillées finissent par trouver toute leur place dans une sorte de tableau géant où sont dépeints à merveille les problèmes de la société sud-africaine post-appartheid.

L'inspecteur Griessel Meyer découvre rapidement que la jeune femme égorgée était une touriste américaine, Erin Russell et qu'elle était accompagnée d'une amie, Rachel Anderson, qui fuit des tueurs, mais aussi la police ! C'est en tout cas ce qu'elle a confié à ses parents lors d'un coup de fil paniqué. le fait qu'il s'agisse d'un meurtre de touristes, américaines de surcroit, met toute la police du pays sur les dents : l'image de l'Afrique du Sud va encore être écornée alors que le tourisme est vital pour l'économie du pays ! Il faut donc absolument sauver Rachel et arrêter les meurtriers, il en va de "l'intérêt national" car le tourisme c'est "les devises, les créations d'emplois. C'est [la] plus grosse industrie et [le] principal moyen d'améliorer [les] conditions de vie". Donc on n'hésite pas à appeler des renforts et à mettre l'inspectrice de province zoulou Mbali Kaleni sur l'affaire, d'autant, que Adam Barnard, pdg d'une maison de disques, a été retrouvé mort chez lui. Il y a donc de quoi faire pour redorer l'image de marque du pays.

Seulement voilà, les rivalités ethniques, les jalousies ne manquent au sein de la police sud africaine et c'est avec douleur que l'on assiste aux réflexions racistes du collègue métisse de Mbali Kaleni, l'inspecteur Fransman Dekker, pour qui la "discrimination positive" post-appartheid est mal vécue, "parce qu'ils mettent les négros avant" , et que lui est "réduit à l'état de statitstique, d'autant plus que le commissaire n'a d'yeux que pour ces "foutus Xhosas". Pourtant toute l'équipe policière déployée est sympathique aux yeux du lecteurs car ils ne ménagent pas leur temps ni leurs forces, quitte à mettre leur vie en jeu. Et c'est ensemble qu'ils arriveront à avancer sur les différentes affaires qui leur sont confiées, sous la houlette de Benny Griessel, un Blanc un brin philosophe, tout comme le vieil homme historien, qui cache Rachel pour la sauver des tueurs, une sorte de mémoire sud-africaine qui explique que les Afrikaners ont, selon lui, vécu des épreuves similaires à celles des Noirs, mais qu'ensuite ils se sont relevés mais ont été corrompus par le pouvoir, comme le gouvernement noir est en train de l'être.

Car la corruption - et donc les traffics - ne manque pas, en effet. C'est bien là que nous mèneront les différentes enquêtes : celles du meurtre d'Adam Barnard, celles des meutriers d'Erin Russell et poursuivant de Rachel Anderson. Et c'est avec effroi que l'on découvre une certaine vérité sud africaine, une certaine image qui n'est pas tout à fait fausse... Mais heureusement, avec des policiers et des citoyens capables de surmonter les tensions ethniques, le problème de langues et d'accents (particularité de la prononciation afrikaner, entre autres, mais quelle belle trouvaille pour l'intrigue !), on se dit que l'Espoir est là.

J'ai vraiment apprécié cette peinture sud-africaine qui allie intrigue policière et étude sociologique, dans un style simple, direct et incisif. L'incursion dans le monde musical sud-africain était également fort sympathique.
C'est le premier roman que je lis de Deon Meyer et sans doute pas le dernier !
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