AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ecceom


"C'est de la folie de vouloir punir son voisin en mettant le feu chez lui lorsqu'on habite juste à côté".

Cette citation de Publilius Syrus s'impose à la lecture de ce livre car encore une fois, le passé explique grandement le présent.

Si on veut comprendre le parti pris de cette BD, il faut rappeler quelques éléments parfois méconnus.
En décembre 1937, durant la guerre sino-japonaise, plusieurs divisions japonaises arrivent devant Nankin.

Hirohito qui jouera plus tard l'innocent fils du Ciel avec la complicité intéressée des Américains, charge alors son oncle, le prince Yasuhiko Asaka, de prendre la ville. Cette dernière résiste un peu trop à son goût et il va faire un exemple.

C'est un massacre.

C'est la guerre, me direz-vous, c'est triste mais c'est comme ça...

Vraiment ? Qu'est ce qui peut justifier que 6 semaines durant, sous les yeux des occidentaux impuissants (il y avait une zone internationale), 300 000 hommes, femmes, enfants, bébés, sont tués, violées, éventrés dans des conditions inimaginables ? Qu'est ce qui justifie des concours de décapitation qu'il faut prolonger pour désigner un vainqueur tant la concurrence est rude ?

Qu'est ce qui peut justifier aujourd'hui qu'on trouve encore autant de voix au Japon pour persister à nier ces crimes et les présenter comme un " incident" ?

Voilà ce que raconte le livre de Nicolas Meylaender et Zong Kai.

En nous faisant assister à l'enquête d'un avocat japonais qui soutient le combat que mènent aujourd'hui certains rescapés, il nous jette toute l'horreur de ces faits en pleine figure dans un tourbillon parfois insoutenable.

Le graphisme est minimal mais percutant, la mise en images est brute aussi bien dans ses découpages que dans sa sobriété : du rouge pour les scènes du massacre d'époque, du bleu pour les scènes actuelles.

C'est trop fort, trop dérangeant ? Peut-être.
Ca manque de nuances ? Certainement, mais découvrir qu'un Nazi (John Rabe), a sauvé des milliers de civils en les mettant hors de portée de ses alliés, en zone de sécurité, introduit quand même un enthousiasmant paradoxe.

Pour ma part, dans ces moments là, je me souviens de ma visite enfant, au village d'Oradour Sur Glane. A l'entrée, on y lit sur un petit panneau : " Souviens toi ".

Si la dureté de ce livre m'empêche de le conseiller sans réserve, sa parution me semble pourtant indispensable. Il ne s'agit pas de refaire l'histoire, de trier les bons et les méchants. Juste de rappeler que l'Homme est capable de tout.

Cela jete aussi un éclairage sur les tensions qui demeurent encore vives aujourd'hui en Asie et sur les dangers que L Histoire ensevelie pourrait réserver à cette partie du monde.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}