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Je lierai cette bande dessinée à une novela de science fiction, lue récemment, L'homme qui mit fin à l'histoire de Ken Liu car toutes deux ont le même contexte : La guerre sino-japonaise de 1931 à 1945. Si la novela se situait dans la première phase du conflit, à savoir l'invasion japonaise en Mandchourie, au nord de la Chine, de 1932 à 1937, en revanche, la bande dessinée se situe à une date marquant la seconde phase du conflit : 1937 dans laquelle survient le massacre de la ville de Nankin. En effet, pendant six semaines, la ville sera le théâtre d'un massacre sans précédent : l'invasion de la cité par les Japonais fera 300000 victimes.

La bande dessinée débute de nos jours, à Nankin. Un avocat, Maître Tan, recueille les témoignages d'une poignée de survivants. Ils ont tous pour point commun d'avoir connu Xia Shuqin, enfant à l'époque, qui elle-même blessée, a vu périr toute sa famille. La bande dessinée possède un code de couleur très caractéristique : les évènements actuels sont sur fond bleu (synonyme de paix, de calme et de sérénité) tandis que ceux du passé sont sur fond rouge (symbolisant la violence, la fureur, la guerre et le sang).

Basée sur des faits réels, cette bande dessinée possède la même vocation que la novela de Ken Liu : lutter contre le négationnisme. En effet, tout comme l'existence de l'Unité 731 (centre d'expérimentation soi-disant scientifique japonais sur des êtres humains dont la majorité sur des civils chinois), le massacre de Nankin a été minimisé par les Japonais, dans l'après-guerre, ne reconnaissant pas leur responsabilité. Même encore aujourd'hui, d'après la postface de l'auteur, des partis d'extrême-droite japonais nient les évènements en pratiquant les " Trois sans" : sans repentance, sans culpabilité et sans indemnité. En révélant la vérité nue sans fioritures avec des dessins violents, crus et âpres, les auteurs souhaitent marquer les esprits et révéler les évènements tels qu'ils ont été et relatés par les survivants dont Xia Shuqin.

En conclusion, Nankin est un récit de témoignages, qui a pour vocation de dénoncer des évènements terribles du passé. Elle possède ainsi certaines qualités éducatives non seulement pour contrer les négationnistes mais également pour éviter que cela ne se reproduise. Il est vrai que les dessins marquent les esprits par leur violence : cet ouvrage est donc réservé à un public averti. Néanmoins, les dessins, par leur vertus universelles est un bon moyen de transmettre le message, même à un public peu versé dans l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, en Asie.

Juste un petit bémol avant de terminer : l'édition présentée semble un peu fragile et j'ai bien peur qu'après maintes manipulations, certaines pages ne commencent à se détacher.

Je remercie Babélio ainsi que les éditions Fei pour m'avoir fait découvrir cette bande dessinée. Elle m'a permise de compléter mes connaissances sur cette période qui m'était peu connue.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Voilà une BD historique encartée dans une BD de reportage. En effet quelques pages au début, au milieu et à la fin nous emmène à suivre un avocat chinois qui désire voir reconnu par un tribunal japonais l'acte de diffamation qu'a constitué la publication en 1998 dans un livre révisionniste nippon d'un texte remettant en cause la véracité du témoignage d'une rare survivante de Nankin. Pour la majorité des pages il s'agit de vivre à travers les yeux de Xia Shuqin, alors âgée de huit ans, le Sac de Nankin, un épisode guerrier de décembre 1937 qui s'est déroulé dans la capitale de la Chine nationaliste. le massacre de Nankin a duré environ deux mois du 13 décembre 1937 et la fin janvier 1938 et près de 300 000 personnes y ont laissé la vie.
Soldats chinois prisonniers et civils chinois des deux sexes ont été massacrés et des femmes violentées pendant plusieurs jours. Quelques Européens jouèrent le rôle de ce que les historiens nommèrent de “juste“ ; il s'agit en particulier de l'Allemand John Rabe et de la missionnaire américaine Minnie Vautrin. le récit au passé se fait sans cartouche, n'est présent que le style direct dans des bulles. Cet album est en noir, rouge et sépia, il renvoie ainsi au lecteur l'importance d'une violence passée, le graphisme tire vers la caricature ce qui n'en rend que plus menaçant les agresseurs japonais. Avec un format à l'italienne le regard capte d'abord globalement les deux pages ce qui pousse l'esprit du lecteur à penser que les massacres vont se succéder les uns après les autres. Vues certaines scènes concernant en particulier l'usage de la baïonnette, l'ouvrage ne peut être conseillé qu'à un lectorat de plus de quatorze ans.

Voir l'article "Chine: 75 ans après le massacre de Nankin, Xia Shuqin vit toujours l'horreur" qui évoque le combat de cette survivante des massacres de Nankin contre le négationnisme nippon à
http://www.lepoint.fr/monde/chine-75-ans-apres-le-massacre-de-nankin-xia-shuqin-vit-toujours-l-horreur-10-12-2012-1549666_24.php

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Lorsqu'on étudie la Seconde Guerre Mondiale, on s'y intéresse du côté européen, et on évoque très peu les évènements du côté asiatique. le massacre de Nankin, je l'ai découvert dans le roman "Tokyo" de Mo Hayder. Et, on apprend encore plus dans cette BD chinoise.

Le 13 décembre 1937, l'armée japonaise envahit dans la ville de Nankin, capitale la Chine nationaliste et se lance dans un massacre qui va durer 6 semaines et faire plus de 300 000 victimes. Cette histoire nous est présentée à travers les témoignages de rescapés, ce qui met l'accent sur l'importance de la transmission de la mémoire collective. En lisant cette oeuvre, on réalise que le terme de massacre est tout à fait justifié, en effet les militaires japonais ont commis les pires atrocités possibles : exécutions, tortures, humiliations, viols... Rien ne nous est épargné et il vaut mieux à avoir le coeur bien accroché à la vue de certaines planches. le dessinateur exploite aussi le format à l'italienne de la BD où il nous montre un tas de cadavres (dont certains sont encore vivants) en train de brûler afin de dénoncer l'inhumanité des soldats japonais. L'horreur de cette période est encore intensifiée grâce aux dessins et à l'utilisation quasi exclusive des couleurs rouge et noire.

Merci à Babelio et aux Editions Fei pour l'envoi de cette BD lors de l'opération Masse Critique. Grâce à vous, j'ai découvert une BD poignante où se mêle ignominie et détresse humaine.
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La précédente fois où j'ai eu l'occasion de lire l'effroyable histoire du massacre de Nankin en 1937, c'était en 2005 via le superbe roman de Mo Hayder, Tokyo.
Dans Nankin, publié aux éditions Fei, Nicolas Meylaender nous plonge au coeur de cette page d'histoire, dont la véracité est encore de nos jours contestés par certains, au Japon. À la manière de Frank Miller dans sa saga Sin City, le scénariste utilise une petite fille comme fil rouge, pour nous faire découvrir les différents points de vue de cette abominable attaque. Jalonnée par l'enquête de nos jours d'un avocat chinois, l'histoire nous guide dans cette journée sanglante de décembre 1937.
Zong Kai, l'illustrateur joue efficacement avec les ombres qu'il plonge dans un fond rouge sang pour évoquer le massacre et dans un fond bleu pour le récit au présent. Avec un style quasi-photographique, il saisi des instants tragiques tout en parvenant à ajouter une note d'espoir dans certains regards.
Cet album n'a pas pour but de répondre à la question du pourquoi de ce massacre. Mais elle nous invite surtout à nous demander comment une telle chose peut encore de nos jours être sujet à interprétation et à négation de la part du camp japonais.
La bibliographie en fin d'album nous invite à ne pas en rester là et à nous plonger plus en détail sur les éléments qui entourent cette triste page de l'histoire sino-japonaise.
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A ce niveau-là, la bande dessinée, c'est un art majeur, à part entière.

Format proche de l'A5 horizontal. Quadrichromie où les noirs et les rouges dominent. L'histoire de l'Histoire en plein révisionnisme japonais, où nombreux sont ceux qui voudraient effacer Nankin de la mémoire et des livres. 300.000 morts en même pas 3 mois. Des exactions à faire pâlir le plus aguerri des tortionnaires. Viols, meurtres gratuits, éviscérations, exécutions, pillages, sadisme, la panoplie complète d'une guerre sans codes.

Et au milieu de ces souvenirs cruels, omniprésents, le lecteur suit le combat d'une femme pour éviter que son passé ne lui soit retiré par des révisionnistes sans scrupules (doux pléonasme).

Cheminer entre les abominations (reconnues, n'en déplaise aux habituels négationnistes) avec pudeur (un mot bien peu approprié finalement), c'est un pari difficile à tenir. Et pourtant, à force d'ombres, de rouges et grâce à un découpage très bien pensé, les auteurs y parviennent.

Puissant, incontournable. Une grande réussite. Pour que jamais nous n'oublions.
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À l'occasion d'un procès au Japon, l'auteur nous fait vivre la période de l'invasion de Nankin (décembre 1937) par les troupes japonaises, jusqu'au mois de février qui suit : un massacre de 300000 chinois, qu'on peut qualifier de génocide. Cette histoire est évidemment très dure, les épisodes sont parfois insoutenables d'horreur. L'invasion de la Chine par les Japonais, depuis la Mandchourie a de toute façon été impitoyable, comme si le niveau du différent sino-japonais surpassait toute l'histoire de ces deux peuples et justifiait les exactions purement inhumaines. le comportement des agresseurs, les actions des soldats sont liés au contexte et à l'environnement et l'auteur ne juge pas les soldats mais l'armée et son encadrement. À noter aussi la présence des nazis dans Nankin qui accueillent les réfugiés civils chinois : le jeu avec l'armée japonaise, alliée, est on ne peut plus cynique. le monde observant cette invasion peut ainsi assister au caractère "charitable", du sauveur allemand...

Il convient de lire en complément L'histoire deSayo qui se déroule après la défaite japonaise : ce sont des Japonais coincés en Chine qui subissent cette fois-ci la haine et la vengeance des Chinois. le niveau d'horreur est tout à fait comparable.
À l'heure actuelle, les relations sino-japonaises sont toujours tendues et marquées par cette période. Les manuels d'histoire révisionnistes japonais sont dénoncés par les autorités chinoises, tout comme l'histoire officielle chinoise post-1945 par les Japonais...

Ces deux oeuvres, Nankin et L'histoire de Sayo arrivant chez nous à quelques mois d'intervalle ont énormément de raisons valables d'être publiées et d'être lues : devoir de mémoire, diffusion au grand public grâce au support de la BD, rôle de la justice indépendante des pouvoirs...

Concernant Nankin, il est juste dommage que le dessin soit parfois inabouti, faiblement contrasté. Cherchant à forcer l'expressivité des visages, il les rend souvent grimaçant, caricaturant le manga, mais cela n'apporte rien à l'histoire.
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Le traitement des couleurs (noir - rouge - sépia) souligne l'insoutenable réalité du massacre japonais en 1937.
Où je n'ai pu m'empêcher de faire l'écho avec un film récemment revu "Valse avec Bachir" ...
Les horreurs humaines, éternels recommencements ?
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"C'est de la folie de vouloir punir son voisin en mettant le feu chez lui lorsqu'on habite juste à côté".

Cette citation de Publilius Syrus s'impose à la lecture de ce livre car encore une fois, le passé explique grandement le présent.

Si on veut comprendre le parti pris de cette BD, il faut rappeler quelques éléments parfois méconnus.
En décembre 1937, durant la guerre sino-japonaise, plusieurs divisions japonaises arrivent devant Nankin.

Hirohito qui jouera plus tard l'innocent fils du Ciel avec la complicité intéressée des Américains, charge alors son oncle, le prince Yasuhiko Asaka, de prendre la ville. Cette dernière résiste un peu trop à son goût et il va faire un exemple.

C'est un massacre.

C'est la guerre, me direz-vous, c'est triste mais c'est comme ça...

Vraiment ? Qu'est ce qui peut justifier que 6 semaines durant, sous les yeux des occidentaux impuissants (il y avait une zone internationale), 300 000 hommes, femmes, enfants, bébés, sont tués, violées, éventrés dans des conditions inimaginables ? Qu'est ce qui justifie des concours de décapitation qu'il faut prolonger pour désigner un vainqueur tant la concurrence est rude ?

Qu'est ce qui peut justifier aujourd'hui qu'on trouve encore autant de voix au Japon pour persister à nier ces crimes et les présenter comme un " incident" ?

Voilà ce que raconte le livre de Nicolas Meylaender et Zong Kai.

En nous faisant assister à l'enquête d'un avocat japonais qui soutient le combat que mènent aujourd'hui certains rescapés, il nous jette toute l'horreur de ces faits en pleine figure dans un tourbillon parfois insoutenable.

Le graphisme est minimal mais percutant, la mise en images est brute aussi bien dans ses découpages que dans sa sobriété : du rouge pour les scènes du massacre d'époque, du bleu pour les scènes actuelles.

C'est trop fort, trop dérangeant ? Peut-être.
Ca manque de nuances ? Certainement, mais découvrir qu'un Nazi (John Rabe), a sauvé des milliers de civils en les mettant hors de portée de ses alliés, en zone de sécurité, introduit quand même un enthousiasmant paradoxe.

Pour ma part, dans ces moments là, je me souviens de ma visite enfant, au village d'Oradour Sur Glane. A l'entrée, on y lit sur un petit panneau : " Souviens toi ".

Si la dureté de ce livre m'empêche de le conseiller sans réserve, sa parution me semble pourtant indispensable. Il ne s'agit pas de refaire l'histoire, de trier les bons et les méchants. Juste de rappeler que l'Homme est capable de tout.

Cela jete aussi un éclairage sur les tensions qui demeurent encore vives aujourd'hui en Asie et sur les dangers que L Histoire ensevelie pourrait réserver à cette partie du monde.
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J'ai découvert cette BD lors du salon du livre de Paris. A cette occasion, j'ai pu échanger avec le scénariste qui m'a donné envie de l'acheter. Les dessins sont magnifiques, adaptés au sujet, à savoir le massacre de Nankin par les Japonais. J'avais déjà lu un livre sur cette histoire, et j'avoue que j'ai (re)découvert des anecdotes que j'avais oublié.
C'est une excellente BD qui traite d'un sujet peu connu par les occidentaux et qui montre bien la mentalité japonaise avant et pendant la 2ème GM.
Je recommande donc la lecture de celle-ci à tous les passionnés de BD mais aussi d'histoire.
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Historique sur le massacre de Nankin
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