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Critique de Osmanthe


Un titre long, qu'on ne comprend entièrement qu'au terme du roman de cet auteur de manga, qui s'essayait ici pour la première fois en 2013 au roman « jeune adulte ». Auteur incroyablement discret, apparemment aucune photo n'existe de lui sur la toile.

Evacuons d'entrée les imperfections d'édition, il manque en effet des mots de ci-de là, je l'ai relevé une bonne demi-douzaine de fois et sans prétendre à l'exhaustivité. Pas dramatique malgré tout…

Kusunoki, portant sa vingtaine d'années dans la souffrance psychique, se rend dans une mystérieuse boutique où l'on peut vendre sa santé, son temps, et son espérance de vie…C'est ce dernier choix qu'il fait, contre 300 000 yens (autant dire une goutte d'eau, environ 2 500 €). C'est qu'il n'attend plus rien de la vie. Quand il avait dix ans, lui et sa seule copine Himeno, ostracisés par les autres, s'étaient jurés de se mettre ensemble si dans dix ans ils n'avaient pas trouvé l'âme soeur. Seulement voilà, si lui n'a cessé de s'enfoncer, il semble qu'elle se soit mariée, et ait déjà un bébé. Elle aurait déjà divorcé, mais ne lui donne plus de nouvelles depuis quelques années.
Au terme de sa transaction, il lui reste trois mois à vivre. Il est libre d'en faire ce qu'il veut, mais sera affublé d'une observatrice permanente, la jeune et jolie Miyagi. La subtilité est que seul lui peut la voir. Elle a aussi le don de voir quel aurait été le futur du jeune homme, et lui déconseille de chercher à revoir Himeno, ce qui ne lui apporterait qu'un surplus de déception et d'amertume. D'abord un peu raide et artificielle, toute dévouée à sa mission d'observatrice qui prend des notes, Miyagi se révèle peu à peu plus fragile et sensible qu'elle n'y paraît. Elle aussi a des failles, et un passé douloureux...Et elle aussi est passée par la boutique, pour y vendre son temps. Kusunoki est attiré…mais il doit revoir Himeno…Il la reverra, en effet…Après cette rencontre, il y verra plus clair, et décidera d'écourter encore sa vie pour vivre intensément ses trois derniers jours, au rythme d'une complicité amoureuse.

Un roman plutôt plaisant qui aborde plusieurs thématiques universelles : l'amour bien sûr, traité sous l'angle platonique comme une communion d'âmes, le mal-être de la jeunesse, le sens et la valeur de la vie (qu'est-ce qui fait cette valeur ?), la volonté et la persévérance aussi, croire en ses rêves et ses passions (chez Kusunoki c'était le dessin, qu'il va redécouvrir), mais aussi admettre ses échecs et s'en nourrir pour grandir. L'approche est toute japonaise, nos héros s'émerveillent de petites choses anodines de ce quotidien si rétréci par le temps qui fuit…

Il est toutefois pénalisé à mon sens par un style d'écriture inconstant, qui alterne des passages assez poétiques avec des réflexions peu claires de Kusunoki sur sa philosophie de la vie, et un peu trop redondantes. Cela m'a semblé parfois indigeste, sans savoir évidemment si cela vient de l'auteur ou de la traduction. En outre, voir sur deux pages d'affilée l'erreur grossière du « j'ai été à tel endroit » au lieu de « je suis allé » m'a énervé.

Pour moi donc un roman sympathique, que j'ai trouvé paradoxalement un peu trop long alors qu'on le qualifie ici de roman court. Le sujet m'a fait penser à une lecture récente qui ne m'avait pas totalement convaincu non plus, Et si les chats disparaissaient du monde, de Genki Kawamura, où le héros condamné par un cancer avait vendu son âme à un Diable rigolard qu'il avait régulièrement dans les pattes.

Un grand merci néanmoins à Babelio et à Akata pour cet envoi, qui alimente toujours plus ma passion pour la littérature nippone.
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