Souviens toi qu'un amour dénué d'honnêteté ne mérite pas le nom d'amour
Nous sommes tous fous, je crois, d’une certaine façon.
- Vous savez, dans ma jeunesse, j’hésitais entre une carrière de musicien, de prêtre, ou de médecin.
Il rit.
- Et aujourd’hui, je suis les trois.
Le problème, c’est que nous sommes devenus tellement frileux que nous préférons avoir recours à la surmédication plutôt que prendre des risques. Il nous faut être assez courageux pour nous adapter à la folie, pour l’accueillir plutôt que d’essayer de l’emmurer.
Souviens-toi qu’un amour dénué d’honnêteté ne mérite pas le nom d’amour.
Mais le véritable amour est très calme, très tranquille. Il est ennuyeux, comparé au tumulte de la passion. L’amour est profond, calme, et constant.
Son silence agissait comme un miroir, vous revoyait votre image.
La colère est un mode de communication puissant.
Journal d’Alicia Berenson
14 juillet
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Une fois qu’on a nommé une choses, on ne l’a voit plus en entier, on ne sait plus pourquoi elle a de l’importance. On se focalise sur le mot, la plus infime partie en réalité, la partie émergée de l’iceberg. […]
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La notion de « contenance » a été introduite par le psychanalyste Wilfred Bion pour d’écrire la capacité de la mère à gérer la douleur du bébé. Rappelez-vous que la petite enfance n’est pas une époque de félicité ; c’est une époque de terreur. En tant que bébés, nous sommes pris au piège d’un monde étrange et inconnu, incapables de voir correctement, dans un constant état de surprise à l’égard de notre corps, alarmés par la faim, les gaz et les selles, submergés par nos sensations et nos émotions. Nous sommes littéralement attaqués. Nous avons besoins de notre mère pour calmer notre angoisse et donner du sens à nos expériences. À mesure qu’elle agit, nous
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apprenons à gérer seuls notre corps et nos émotions. Mais la capacité à nous procurer nous-mêmes cette « contenance » dépend directement de celle de notre mère à nous l’apporter. Or, si la propre mère de cette dernière ne lui a jamais apporté de contenance, comment peut-elle transmettre ce qu’elle n’a pas connu ? Quelqu’un qui n’a jamais appris est assailli par l’anxiété pour le restant de ses jours. Émotions que Bion a judicieusement appelé « terreur sans nom ». Et une telle personne recherche insatiablement cette contenance dans des sources extérieures. Elle a besoin d’un verre ou d’un joint pour « atténuer » cette anxiété sans fin. [..]
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