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Critique de LaSalamandreNumerique


Avant de commencer je désire remercier très sincèrement les éditions noir sur blanc pour cet ouvrage faisant partie d'une opération masse critique spéciale.

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C'est un très joli livre.

Ses mensurations sont parfaites (128-200-10) ce qui fait qu'il repose de façon plaisante au creux de la main, son poids (192 grammes) est lui aussi idéal pour accompagner sans lasser. La couverture est d'un contact chaleureux, qui renforce l'impression visuelle d'un produit de qualité. Cette dernière est simple mais claire et évocatrice, les tons doux du papier (ici nulle recherche vulgaire du contraste le plus poussé possible) se marient au noir avec une touche de rouge pour la première et la quatrième de couverture. La page de garde, uniformément rouge, se dévoile à peine, le livre fermé, laissant supposer de doux mystères. Un marque page dans le même esprit achève d'habiller cet élégant produit, distingué et… sobre. L'envie d'aller plus loin est évidente à ce stade tant la première impression est charmante.
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J'ai été assez séduit par la plume de l'auteur. Dérouté parfois aussi, je l'avoue. Tenant à remplir honorablement ma mission j'ai demandé l'avis de mon épouse, agrégée de lettres, sur ce point. Las elle a été incendiaire. Devant, c'est un comble, me passer de ses chaudes lumières je ne peux vous offrir que ma bougie. le sujet, dur et désabusé, violent, parfois étouffant, empruntant à la tragédie classique sur bien des plans, avec une touche de Mauriac m'a fait penser à Houellebecq par sa noirceur. C'était d'actualité. Des images telles que la mère alcoolique finissant par se rendre, à pieds, au « Lodi » du coin pour acheter de quoi se détruire un peu plus et y croisant un SDF aux dents gâtées philosophant superficiellement ainsi que des pauvres achetant des produits bas de gamme, cela aurait pu être pesant. Fort heureusement l'auteur anime en permanence ce tableau social très noir par un monologue intérieur parfois vif, empruntant à Gollum le personnage clivé échangeant des répliques puissantes avec son double et à la chick-lit divers effets. Cette façon d'écrire, toute de contrastes, tient le lecteur éveillé (contrairement à la narratrice, souvent comateuse) mais aussi en attente de la suite, comme d'une fin que je m'en voudrais de déflorer.
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J'ai beaucoup aimé par ailleurs ce que j'ai pu apprendre en lisant ce roman. J'en retire le fait que l'alcoolisme est une addiction et une maladie et que cette dernière peut pousser à divers mensonges et dissimulations (vis-à-vis des autres mais aussi de soi-même). J'ai constaté que la personne ivre pouvait manquer de volonté comme devenir violente, sembler parfois perdre pied, qu'un verre en amène trop facilement un autre… Au-delà ce besoin pathologique de boire semble aussi pouvoir perturber la vie de couple, l'éducation des enfants, avoir des répercussions graves sur la vie professionnelle voire faire perdre son permis de conduire. le tableau social est tout aussi terrible, entre cette mère qui perd lentement mais inexorablement pied (et dire que nous ne saurons jamais son nom, cruel destin auquel il est donc facile de s'identifier), son fils entre douleur et absence, son mari inexistant et lâche et son amie-voisine au mieux dans une position de rejet brutal. Nous vivons cette violence, d'autant plus terrible qu'elle est souvent (plus ou moins) masquée. le cadre, entre petit confort bourgeois, isolement et un bois où la brume fréquente entre subtilement en harmonie avec ce tragique intime concourt à ce sentiment d'oppression.
Je n'ose développer plus tant la violence de ces révélations concernant l'état d'ivresse peut choquer un esprit non préparé. Ce livre n'est pas très agréable à lire mais le tableau, réaliste, violent et lucide d'une femme qui, comme précisé finement sur la quatrième de couverture, « s'enferme dans sa bulle qui pourtant menace de lui éclater au nez », est un véritable réquisitoire. Après une réflexion approfondie je n'hésite donc plus à affirmer que boire trop est mal et peut nuire gravement à la santé.
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Au final, je ne saurais trop dire pourquoi, subsiste cependant un sentiment d'incomplétude. Ce livre était si beau, la rencontre s'annonçait si parfaite que j'en attendais sans doute trop. J'en demande pardon à l'auteur. Céline a aussi désorienté bien des lecteurs en son temps, cela me console un peu. Si l'occasion m'en est donnée je tenterai de faire mieux la prochaine fois.

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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