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EAN : 9782882505507
140 pages
Noir sur blanc (03/01/2019)
3.78/5   61 notes
Résumé :
État d'ivresse brosse le portrait d'une femme brisée qui, en s'abîmant dans l'alcool, se fait violence à elle-même. La mère d'un adolescent, en état d'ivresse du matin au soir, se trouve en permanence en errance et dans un décalage absolu avec la réalité qui l'entoure. Épouse d'un homme absent, incapable d'admettre sa déchéance et plus encore de se confronter au monde réel, elle s'enferme dans sa bulle qui pourtant menace de lui éclater au nez. Comme dans ses deux p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Pas un gramme d'édulcorant dans ce roman radical qui nous plonge direct dans le quotidien infernal d'une femme, ivre du matin au soir, 7 jours sur 7. C'est brut, sans aucune tentative psychologisante à la Marie-Claire pour expliquer pourquoi cette mère de famille, vivant dans un confort tout bourgeois, intégrée au monde du travail comme rédactrice d'articles pour un magazine ( pas Marie-Claire hein, mais pas loin ), a basculé dans à un stade ultime d'alcoolisme.

Du coup tu te débrouilles avec tes émotions, qui, pour ma part, ont beaucoup oscillé entre agacement - tant il est horripilant de voir l'héroïne s'enfoncer et commettre erreur sur erreur, toujours les mêmes, sans issue – et pitié. J'aurais sans doute aimé ressentir de l'empathie pour elle, mais rien, difficile de m'émouvoir, sans que je sache si c'est lié à moi qui est eu le coeur un poil sec ou une volonté de l'auteur. Un peu comme si je regardais le délitement de la vie de cette femme de loin, en entomologiste, sans vraiment me sentir concernée.

Ce qui est sûr en revanche, c'est que l'auteur maitrise parfaitement son récit, et c'est un tour de force stylistique que de réussir le monologue quasi schizophrénique de son personnage principal, plusieurs voix sortent de sa bouche ou de son cerveau, sans répit. Car en fait, ce n'est pas un roman sur l'alcoolisme ordinaire, là on est bien au-delà, c'est plutôt à un glissement vers la folie auquel on assiste, c'est la psychose et la paranoïa qui engloutit la narratrice sous les yeux impuissants de son fils ou de sa voisine.

Une lecture assez éprouvante bien que le roman ne fasse que 160 pages.

Je profite de cette chronique pour évoquer mon plaisir à avoir découvert la maison d'édition. Noir sur Blanc. le graphisme de la couverture est moderne et épurée, très réussi, et la qualité du papier vraiment remarquable.

Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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État d'ivresse relate l'histoire d'une femme au fond du trou. Pas au bord du gouffre mais enfermée six pieds sous terre dans un état chronique d'ivresse à haut degré d'alcoolémie. Enfermée dans une réalité parallèle, elle raconte mille et une histoires à tomber debout. Seule avec son fils de 17 ans, son mari est souvent absent suite à des déplacements professionnels. Elle boit, cache ses bouteilles dans la cave, remplit les bouteilles de lait d'alcool, elle boit puis elle ment, elle boit puis s'embrouille avec son fils, elle boit puis s'endort dans son vomi.
Le sujet de l'alcoolisme est un sujet grave qui ne peut être traité et pris en charge que si la personne concernée admet son problème. Il est bien courant d'entendre un alcoolique crier qu'il n'a aucun problème avec l'alcool. C'est dans ce contexte que s'enlise la narratrice inconsciente de son problème ni du désastre qui s'abat sur elle et son entourage puisque toute sa vie s'étiole et s'évapore dans les relants de ses gorgées brûlantes. Une réalité parallèle pour l'alcoolique où c'est l'entourage qui trime et se désagrège. Une réalité faite de leurres, de mensonges, de paranoïa, de cris, de douleurs.

Nous sommes dans ce roman immergés dans la fournaise de la narratrice ivre du matin au soir. À côté de cette immersion, je relève plusieurs bémols comme le fait que jamais nous n'apprendrons le pourquoi de cet alcoolisme, nous n'aurons jamais non plus une lucidité sommaire sur cette réalité tortueuse et dévastatrice.
On tourne en huit clos dans la tête de la narratrice qui vit entre ses gorgées d'alcool et ses délires. Il m'aura manqué la lumière, le bout du tunnel, et quelques moments de lucidité où on finit par se rendre compte que quelque chose cloche...

Un récit très évasif sur un état d'ivresse qui n'apportera pas à mon sens, réponses et encouragements aux personnes concernées de près ou de loin par ce terrible fléau qu'est l'alcoolisme.

#Merci à NetGalley France pour l’envoi de ce roman.#
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Elle s'enivre, entend des voix, se pense persécutée. Il lui arrive même de s'en prendre à son fils de dix-sept ans. Elle est en état d'ivresse permanent et personne ne sait d'où lui vient cette volonté de se détruire et d'abîmer ceux qu'elle aime. Tout ce que l'on voit c'est une longue descente aux enfers d'une femme plutôt favorisée — même si elle attend un mari toujours absent — étant mère, journaliste et d'un milieu aisé.

Ces quelques jours dans la tête d'une femme alcoolique sont saisissants. Parfaitement décrits par Denis Michelis sont l'obsession de se procurer l'alcool, de le dissimuler et de boire en cachette qui envahit toute l'espace mental de la malade, au détriment de toute autre considération, et au plus fort de l'addiction, avec les mensonges et la folie paranoïaque qui la désocialisent, le processus effrayant d'enfermement et de destruction qui peut aller jusqu'à l'ultime fin.

« Des falaises aux arêtes aiguisées comme des couteaux s'enfonçant dans mes pieds nus. Je ne veux pas avancer. En contrebas, le fracas des vagues, assourdissant, je les imagine grandes, noires, toutes dentelées de mousse. Tremblante, je parviens à reculer d'un pas, mais je sens le souffle de l'ombre sur ma nuque. Si tu sautes, me dit-elle, ce sera plus simple pour tout le monde. »

#ÉtatDivresse #NetGalleyFrance
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Quelques jours dans la vie d'une femme, quelques jours dans la tête d'une alcoolique. Quelques jours qui suffisent pour entrevoir le désespoir, la noirceur du monde dans les vapeurs délétères de l'éthylisme. La terre chancelle sous les pieds et tout finit par s'écrouler, lentement au ralenti mais inéluctablement.

Cette mère de famille coincée en elle-même, incapable d'aller plus loin que le supermarché de peur de manquer de "carburant", de peur de se perdre voit son monde réduit à son domicile dont elle n'arrive même plus a cerner les limites. C'est à peine levée qu'elle commence sa consommation qui l'emmène toujours plus loin dans ses délires paranoïaques et finit par nuire en profondeur aux relations qu'elles tentent de maintenir avec son fils ou encore son mari. Alors qu'elle s'enfonce dans le déni et les mensonges, elle ne maitrise plus ses sens et la réalité lui échappe laissant son entourage dans la détresse et l'incompréhension. La violence est toujours omniprésente comme une révolte qui ne peut aboutir, une nécessite autodestructrice.

Dans cette escalade progressive on a du mal a envisager autre chose que le drame.

Ce livre décortique, ausculte la maladie et son impacte sur la personnalité, les répercutions physiques, cognitives et sociales de l'alcoolisme. J'ai particulièrement apprécié la méthode narrative du monologue intérieur utilisée par l'auteur qui témoigne de l'enfermement et du délire.
L'auteur le rappelle et il faut le dire, l'alcoolisme est bien une maladie stigmatisante qui rejette et exclut celui qui en souffre de son environnement social, transformant à un tel point la réalité qu'elle finit par empêcher le regard autocritique et mène à l'aveuglement.
Pour sa précision et son réalisme sur le sujet, c'est un livre qui, à mon sens va au-delà de l'intérêt littéraire.

Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc qui offrent un livre agréable au toucher, sensuel, et à la belle qualité de papier. Car on a parfois tendance à oublier de dire que le plaisir de la lecture passe aussi par le support utilisé. C'est pour ma part très important et c'est pour cette raison que je n'ai jamais réussi à passer aux versions numériques.
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"Etat d'ivresse" ou une semaine de la vie d'une femme alcoolique. Ou un peu plus ou un peu moins, elle ne se souvient pas. Et après tout, qu'importe. La vie? Une femme? La vie de la narratrice, imbibée chronique, qui ne quitte jamais sa robe de chambre, ni son verre tulipe, ni sa maison, sauf pour aller refaire le plein de sancerre et de vodka au supermarché, si nécessaire au volant de sa voiture (enfin, celle de la voisine, empruntée au prix d'un mensonge éhonté). La vie d'une femme, une épave, naufragée de la bouteille, qui pourtant a une famille et un boulot. Enfin, si on veut: le mari est très souvent absent, le fils de 17 ans méprise sa mère et fuit chez ses copains dès qu'il en a l'occasion. Quant au travail, elle écrit de vagues articles pour une revue de psychologie, depuis son domicile et sa connexion internet, sans mettre un orteil sur le terrain, pour un patron qu'elle n'a jamais rencontré. Rédiger des articles de développement personnel quand on vit cloîtrée chez soi et qu'on respire en permanence des vapeurs d'alcool plutôt que la joie de vivre, avouez que c'est assez paradoxal.
On ne sait ni quand ni pourquoi cette femme a commencé à sombrer, mais on comprend très vite qu'elle ne cherche pas à s'en sortir, et semble se complaire dans sa soûlerie perpétuelle. "On dit que l'espoir fait vivre, alors que c'est tout le contraire. L'espoir nous épuise, il nous ronge de l'intérieur, à cause de lui sans cesse nous scrutons l'obscurité à la recherche de lumière, nous tendons les mains, nous crions à l'aide". Mais crie-t-elle vraiment à l'aide? Son seul remède à la souffrance, c'est l'alcool, encore et toujours. Perdue sur son île déserte au milieu d'un océan éthylique, elle préfère se noyer dans sa dernière bouteille de cognac plutôt que d'y mettre un message et la balancer à la mer. Dans ces conditions, difficile d'éprouver de la compassion pour un tel personnage, qui ment, délire, s'aveugle, oublie, s'oublie, vomit, se vomit, se vautre dans la paranoïa et l'auto-apitoiement, se donne en spectacle sous les yeux de son fils, qui ne peut que s'éloigner de cette mère de plus en plus indigne.
Un texte court, avalé cul sec en quelques heures, qui raconte l'effondrement au quotidien d'une femme qui trinque dans la spirale du couple infernal alcool-solitude, dont les ravages sont parfaitement décrits. Le constat amer, brut et sec (sans glace) d'un terrible gâchis.
En partenariat avec les éditions Noir sur Blanc via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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critiques presse (1)
LeMonde
23 janvier 2019
Le troisième roman de l’auteur sonde l’âme d’une femme alcoolique et paranoïaque dans un récit d’une grande finesse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
On dit que l’espoir fait vivre, alors que c’est tout le contraire.
L’espoir nous épuise, il nous ronge de l’intérieur, à cause de lui sans cesse nous scrutons l’obscurité à la recherche de lumière, nous tendons les mains, nous crions à l’aide.
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D'un autre côté, l'amour que porte un fils à sa mère ne va pas de soi, car un fils n'a rien demandé, encore moins à venir au monde, et si ça se trouve, il te le reprochera jusqu'à la fin.
L'amour d'un mari, c'est une autre histoire. Lui a tout demandé. La maison, c'était son idée, non ? L'enfant aussi. Ce qu'un mari demande, un mari l'obtient. Et pour sa première demande (le mariage), il n'a pas hésité à le faire devant un représentant de la loi, un peu plus et il l'aurait fait devant Dieu.
T'en souviens-tu ? 'Pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et dans la pauvreté, dans la santé et dans la maladie,' etc.
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On dit que l'espoir fait vivre, alors que c'est tout le contraire. L'espoir nous épuise, il nous ronge de l'intérieur, à cause de lui sans cesse nous scrutons l'obscurité à la recherche de lumière, nous tendons les mains, nous crions à l'aide.
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Le rhum dédié à la pâtisserie n'est pas terrible, mais la flasque a au moins le mérite d'être presque pleine. Les tempes brûlantes, j'envoie un autre SMS à Tristan [fils de 17 ans] : « Je ne sais toujours pas si tu restes pour le dîner ! » Afin de faire naître en lui un vague sentiment de culpabilité, j'ajoute : « Je me sens un peu seule ces derniers jours. » Je n'ose écrire
« depuis plusieurs semaines. Des mois ».
(p. 31)
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Encore un café, noyé de sucre, histoire de me donner un bon coup de fouet. Des heures que je suis debout sans avoir écrit la moindre ligne. Je vois déjà d’ici la scène où mon fils, à grands coups de sous-entendus grossiers, laissera entendre que je me tourne les pouces. D’habitude, j’encaisse. Je courbe l’échine, il m’arrive même de tendre l’autre joue, mais la prochaine fois je l’enverrai peut-être sur les roses, mon Tristan. Comme si tu ne l’avais jamais fait.
Je ne comprends pas. Tu n’es pas très crédible en amnésique, mais nous y reviendrons. Pas plus tard que la semaine dernière, tu as été fortement désobligeante à l’égard de ton fils. Moi, désobligeante? J’ai peut-être fait montre de sévérité. Je… Ce n’était pas mon jour. Tu ne vas pas recommencer! Recommencer quoi?
Rappelle-moi ce que je lui ai dit? Tu lui as dit dégage. Tu inventes. Tu profites de mon état de faiblesse et du fait qu’en ce moment ma mémoire n’en fait qu’à sa tête…
Dégage ? J’ai du mal à te croire. Ou alors ce mot m’aurait échappé. Comment une mère peut-elle utiliser des mots pareils à l’égard de son fils?
Un fils qui par ailleurs a toujours fait bonne figure: gentil, poli, serviable, le visage fin, de bonnes manières, de belles dents, un sens aigu de l’ironie.
C’est important, l’ironie, ça vous permet de tenir debout. Moi aussi, j’ironise quand je dis dégage à Tristan. p. 18-19
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Vidéo de Denis Michelis
VLEEL 284 Rencontre littéraire avec Denis Michelis, Amour fou, Éditions Noir sur Blanc, Notabilia
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