Pologne

Dans une petite communauté agricole de Pologne, au moment des semailles de l'automne 1981n se déroulèrent des événements qui devaient attirer l'attention du monde entier, provoquant des remous de vaste amplitude dans des capitales aussi lointaines que Washington, Pékin et Moscou.

Le village de Bukowo, 763 âmes, se trouve à l'endroit où la Vistule oblique vers le nord, quittant ses majestueuses montagnes natales des Carpates, au sud, pour se diriger vers sa destination finale : la mer Baltique. En 914 après J.-C., les paysans de l'endroit avaient construit un château fort pour défendre le hameau contre des maraudeurs venus de l'est ; il avait été finalement détruit lorsque ces maraudeurs étaient arrivés en force et en nombre. Par la suite, chaque propriétaire du village avait projeté, à un moment ou autre, soit d'abattre les ruines, soit de le reconstruire, mais aucun ne l'avait fait, car le vieux château exerçait un charme sur tous ceux qui le voyaient.

(En 1655) Des communautés entières furent effacées par le feu et la fureur. Aucun envahisseur ne s'était comporté avec un mépris aussi sauvage que les Suédois au cours du sac de la Pologne. (p.182)

- L'homme court un grand risque, Szimon, quand il s'arroge le droit d'administrer un châtiment. (p. 766)

Chaque fois les Polonais obstinés reconstruisirent, car l'amour de leur pays était enraciné dans leur âme, même s'ils n'avaient pas encore trouvé un moyen de le protéger.
Ils réussirent même à illustrer ces invasions horribles par une des plus belles légendes dorées de l'histoire européenne. Au cours d'une attaque de Cracovie, les Tatars rampèrent au pied des murailles à minuit et ils auraient capturé la ville si un trompette, depuis la tour de guet, n'avait sonné de son instrument pour réveiller les défenseurs. Mais, quand il voulut sonner à nouveau, un archer tatar, d'une flèche en pleine gorge, le réduisit au silence.
Depuis lors, toutes les heures, sur la grand-place de Cracovie, la même sonnerie de trompette retentit du haut de la tour. Et au moment où se dessine la mélodie, la trompette s'arrête. La flèche a atteint son but.
Depuis cette nuit-là, il y a sept cents ans, des milliers, des millions d'hommes et de femmes sont venus sur cette place écouter le trompette de Cracovie, et , entendant ce bref avertissement plein de courage, plus d'un s'est sans doute juré "Quand les Tatars reviendront, je serai prêt."