AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de folivier


Une fois refermé ce court roman ma première réaction a été : quel style remarquable!
Un style impressionnant au service d'une histoire impressionnante. le narrateur se trouve au musée du Louvre, dans une salle du pavillon de Flore à l'extrémité de l'aile du musée du Louvre, où il nous fait découvrir en s'adressant à un personnage anonyme l'unique oeuvre présente dans la salle :le tableau dit "Les Onze". de François-Elie Corentin. Immense toile de 4m sur 3m représentant le Comité du salut public en 1794. Il nous raconte l'histoire de ce tableau, son auteur. Il nous apprend ce que d'autres ont pu y lire et y voir notamment Michelet qui décrit ce tableau dans son histoire de la révolution française. le tableau est pour le narrateur une métaphore de l'histoire et la représentation des forces et des puissances qui gouvernent le monde depuis la nuit des temps et que les artistes ont tenté de représenter aux travers des siècles. L'histoire des ancêtres du peintre qui ont réussi leur vie sur la misère et l'exploitation des hommes, soit dans la construction d'un canal par les ouvriers-esclaves Limousin, soit par la vente à ces mêmes ouvriers d'une piquette, la vie même du peintre, symboliser par son aspect physique ou la manipulation de l'amour que lui portent les deux femmes, sa mère et sa grand-mère, qui l'entourent, la vie des membres du comité du salut public tous à une exception près ayant des vélléités de littérature et tous ayant du sang sur les mains par la répression et les massacres lors des années de la révolution française, toutes ces vies qui font l'histoire illustrent aux yeux du narrateur ce que nous sommes : des êtres ballotés par des puissances tyranniques ou divines... et que toute beauté, tout progrès se créé sur le malheur et la misère.
"... car les réussites sociales qu'on attribue aux seuls mérite et travail dans ce temps comme dans le nôtre, procèdent d'infiniment plus de scélératesse..." (p36 Ed Folio)
"...car Dieu est un chien et quand on est infime, on ne grandit qu'en marchant sur plus infime"
" Il se dit avec une sorte de joie que le zèle compatissant pour les malheureux et la plaine des Brotteaux, la table hospitalière et la lande de Macbeth, la main tendue et le meurtre, nivôse et avril, c'est dans le même homme. (..). Il se dit encore que tout homme est près à tout. Que onze hommes sont près à onze fois tout. Que cela peut se peindre." (p114 Ed Folio)
C'est le premier roman que je lis de Pierre Michon et je reste sur une impression assez équivoque. Par moment j'ai été emporté par l'histoire et le style, notamment lorsqu'il décrit, il imagine les conditions de construction du canal le long de la Loire, ou bien lorsqu'il décrit le tableau. Mais à d'autre moment le style m'a bloqué en me donnant le sentiment que l'auteur forçait le trait à trop vouloir utiliser des termes très peu usités et à les faire tourner en boucle au fil des pages comme par exemple : anacréon. Néanmoins ce style particulier a au moins le mérite de nous faire découvrir du vocabulaire et d'ouvrir le dictionnaire.
Malgré ces remarques sur le style, ce court roman m'a impressionné par sa densité, ses multiples références picturales et artistiques et surtout par le fait que Pierre Michon arrive à rendre crédible l'histoire de ce tableau et de son auteur.
Commenter  J’apprécie          211



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}