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Critique de Chestakova


Ceux qui écrivent sont des imposteurs magnifiques, en particulier lorsque les fictions qu'ils écrivent ont ce pouvoir magique de nous convoquer dans une réalité à peine déguisée, où les repères, en trompe l'oeil, n'ont d'autre but que de nous perdre.
L'opération est réussie au-delà de toute attente avec « Les Onze ». J'ai recherché en vain les traces de cet improbable François-Elie Corentin, fils de François, disciple zélé de Tiépolo, jusqu'à son surnom de « Tiepolo de la terreur ». La virtuosité de l'écriture tient la corde dans ce leurre somptueux. Magnifiquement dixhuitiémiste dans ses rondeurs, ses couleurs à la Watteau, ses allées et venues entre les peintres et leurs tableaux, les scènes champêtres drapées de jupes lourdes et satinées, le mystère du Paris des sections, celle des Gravilliers pour ne pas la nommer, là où la commande du fameux tableau est donnée à Corentin.
Il est inutile donc de chercher le tableau de Corentin au Louvre, il ne s'y trouve pas et ne s'y est jamais trouvé. L'imposture est quasi parfaite. Pour en trouver les failles il faut convenir que le portrait de chacun des Onze tient plus à l'imagerie convenue de l'après terreur qu'à la réalité. L'idée même de cette commande n'aurait pas effleuré l'un de ces onze du comité de salut public, qui ne se voyait pas en structure politique établie, l'idée même de la forme d'un quelconque état n'était pas débattue, la seule logique étant de faire front aux monarchies européennes, rassemblées aux frontières.
Une centaine de pages d'une incroyable densité où l'écriture crée l'illusion.
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