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Critique de Annabelle19


Au scalpel suit plusieurs situations et personnages en parallèle. D'abord Karl Kane, détective aux airs de dur mais qui, au fond, a bon coeur. Il accepte d'enquêter sur l'incendie d'une maison qui a tué une famille entière, sans savoir que celui-ci a été causé par un homme en lien avec son passé. Ensuite, il y a Tara et Dorothy, deux jeunes filles qui ont été enlevées par celui que Tara a surnommé "Scarman", et qui sont toutes deux enfermées dans la même pièce. Pendant que la petite Dorothy, terrifiée, s'en remet à ses prières, Tara, qui a déjà eu a surmonter ce genre d'épreuve dans sa vie, s'efforce de trouver un moyen de s'enfuir. Enfin, on a le fameux Scarman, pédophile et assassin psychopathe, qui entame un jeu du chat et de la souris avec notre détective.

Il est intéressant de lire un livre policier où le héros n'a pas conscience du fait que deux gamines ont été enlevées, et n'est donc absolument pas à leur recherche ! le lien se fait surtout entre le tueur et Karl Kane, l'accent est mis sur le passé traumatisant du détective. le roman nous permet aussi d'apprendre à connaître ce personnage qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Quelques allusions sont faites aux romans précédents dans lesquels Kane figure, notamment au sujet de ses rapports apparemment compliqués avec la police et de sa fille et son ex-femme. Je n'ai pas lu ces autres romans, mais je n'ai pas été gênée dans ma lecture.
Le personnage de Karl Kane est sympathique, son ton sarcastique donne souvent lieu à des dialogues savoureux.

Je salue l'originalité de la construction du roman, qui fait qu'on s'étend peu sur l'enquête à proprement dit, et plus sur les personnages, que ce soit le détective, le coupable ou les victimes. D'ailleurs, mention spéciale au personnage de Tara, qui parait détestable au premier abord mais qui se révèle au final particulièrement émouvant, dans cette force-fragilité qui la caractérise. La relation construite entre les deux jeunes filles enlevées est très intéressante.

Après, on reste malgré tout assez en surface, que ce soit pour le développement des personnages ou des situations (le lien Tara / Dorothy, la psychologie du psychopathe, et même la chasse entamée par Karl Kane après les indices laissés pour lui par le tueur). le roman est court, peu porté sur la description et va à l'essentiel.

De ce roman, je retiendrais sûrement les personnages aux nombreuses fêlures, qui donnent souvent quelque chose de poignant à ce récit. le point négatif, c'est le manque de tension du roman : la pression ne monte qu'à la fin, pour arriver vite au dénouement. On n'a jamais vraiment peur pour aucun des personnages, peut-être à cause de ce ton léger que garde Karl Kane en toutes circonstances, ou de la distance qui est mise avec les horreurs dont est responsables Scarman et qui nous sont décrites. On n'a jamais l'impression que la situation est grave, dangereuse ou horrible. Même Dorothy et Tara sont rarement mises face à face avec leur kidnappeur, ce qui fait que la menace de Scarman n'est jamais réelle.

Deux autres petites choses en passant : d'abord, je n'ai rien contre les citations en début de paragraphe, mais là, c'était un peu trop pour moi. En effet, les paragraphes sont courts, du coup on se retrouve avec une citation tous les trois-quatre pages, et ça nous sort à chaque fois du récit. Ensuite, je ne sais pas si c'est dû à la traduction (sûrement), mais certaines phrases m'ont parues bizarres, surtout les dialogues, pas très naturels parfois.

En résumé, c'est un roman pour le moins surprenant, qu'on lit sans ennui. La collection "cadre noir" est censée se composer de romans particuliérement sombres, je ne trouve pas que "Au scalpel" le soit. Trop de second degré dans les dialogues et les situations, pas assez de moments de tension. Ce sont, surtout, des personnages que la vie n'épargne pas et pour qui l'on a de la compassion.
Merci à Babelio et aux éditions du seuil pour cette découverte, j'ai bien envie de suivre de près les prochaines sorties de la collection.
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