Catherine Millet est une femme d'exception, qui semble avoir réussi sa vie et qui n'a pas froid aux yeux. J'ai connu sa prose dans ses livres "scandaleux" comme celui où elle évoque sans vergogne ses multiples aventures sexuelles. Il faut qu'elle soit forte (et narcissique) pour écrire un tel livre.
Dans "
Une enfance de rêve", ce n'est pas du tout la même ambiance. Certes, l'auteure est toujours aussi franche. Mais on ne trouve rien de croustillant dans cette collection de souvenirs. Il y a une bonne raison à cela: sa famille, petite-bourgeoise, était peu fortunée et surtout déchirée. Son père et sa mère ne s'entendaient absolument plus, leurs disputes violentes étaient fréquentes, sous le regard de la grand-mère. La petite Catherine a vite compris que sa (médiocre) famille sortait de l'ordinaire et qu'il lui fallait assumer cet écart par rapport à la norme. Elle a grandi à côté d'un frère instable. Elle s'est éveillée à la vie, a découvert la lecture, puis l'écriture. Elle a entretenu une relation avec Dieu. Cela ne l'a pas empêchée pas de se livrer à la masturbation… A la fin du livre, qui ressemble à un sinistre épilogue,
Catherine Millet indique le devenir des personnages qui ont peuplé sa jeunesse.
Le mérite de ce long témoignage est de décrire tous les aspects de l'enfance, telle que l'auteure l'a vécue puis revisitée dans sa psychanalyse. Elle ne passe rien sous silence, elle n'hésite pas à évoquer des faits et des états d'âme que je trouve très banals. C'est pourquoi je me suis ennuyé en lisant certains passages. J'aurais préféré lire un livre plus bref et - sans être scandaleux - plus percutant peut-être.