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Critique de Lilinea


"Les Filles qui ne mouraient pas" se veut être une réécriture féministe de "Dracula" de Bram Stoker ; l'histoire se centre autour de deux des trois épouses de Dracula, aussi appelées parfois dans le folklore "les trois soeurs".
Nous avons très peu d'informations sur ces personnages secondaires, que l'on aperçoit dans le roman et ses adaptations en train de séduire Jonathan Harker, peu de temps après son arrivée au château du comte. Tout ce que nous savons concerne leur apparence : deux des soeurs seraient brunes et auraient un nez aquilin, tandis que la dernière serait blonde. Si rien n'est avéré, l'épouse blonde semble être vue comme la meneuse du trio.

Le roman de Kiran Millwood Hargrave cependant se concentre sur les deux femmes brunes, présentées ici comme deux soeurs jumelles, Lil et Kizzy, que tout semble opposer : Kizzy est belle et lumineuse, tandis que Lil se complaît dans son ombre. Appartenant à la communauté itinérante des Voyageurs, leur vie bascule quand leur camp se fait attaquer par les soldats du seigneur Valcar et qu'elles sont emportées dans sa demeure en tant qu'esclaves. Là bas, des rumeurs circulent au sujet du Dragon, un homme auquel des jeunes femmes seraient livrées en offrandes. Kizzy pourrait bien être la prochaine...

L'angle d'approche de l'histoire est assez original ; l'autrice aborde plein de thématiques différentes. On y parle de sororité, des gens du voyage, de vampire, d'homosexualité... le roman crée une ambiance prenante, mais qui à mon goût est inachevée. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère, et ait lu les deux cents premières pages très rapidement. J'ai également bien apprécié les personnages, même si Kizzy a eu une grande tendance à m'agacer (elle a caractère impulsif et dangereux, et est essentiellement définie par sa beauté).
Toutefois, la dernière partie du roman (à partir de l'enlèvement de Kizzy en fait) m'a nettement moins plût. Peut-être est-ce parce que cette phase de l'intrigue arrive assez tard : on s'attend presque, en lisant le résumé, que l'essentiel de l'histoire se passe dans le château de Dracula, alors qu'en réalité l'enlèvement de Kizzy n'arrive qu'au dernier tiers du roman, et que le comte en lui-même ne fait que de très brèves apparitions.

C'est pourquoi je ne suis pas vraiment d'accord quand le roman se décrit comme une "réécriture féministe de Dracula" ; l'intrigue s'inscrit dans l'univers de Dracula, mais ce n'est pas une réécriture. de plus, j'ai davantage vu de la sororité que du féminisme (attention, spoilers ) ; en effet, Kizzy et Lil subissent les hommes tout le long du roman et la fin sonne assez défaitiste vu qu'elles deviennent à leur tour vampires, sous le joug de Dracula. Ce n'est pas une mauvaise chose en soit, et peut-être que le roman souhaite dénoncer le patriarcat de par la perversion que cela entraîne sur le personnage de Kizzy, qui accepte de plein coeur le vampirisme afin d'obtenir le pouvoir de châtier tout individu qu'elle juge coupable. Mais j'ai trouvé que le message était léger .En fait, d'une manière générale le roman aborde plein de points très intéressants mais qui sont finalement très peu développés, ce qui laisse sur sa faim.

Je pense qu'il faut vraiment détacher l'oeuvre de Bram Stoker de ce roman, ironiquement, pour l'apprécier.
Il paraît aussi étrange que l'histoire se focalise uniquement sur deux des trois « épouses » de Dracula, en omettant celle qui paraît pourtant avoir le plus d'importance, et en survolant le comte Dracula lui-même, qui est expédié en toute fin de roman.

C'est une lecture qui me laisse donc mitigée ; l'univers était plaisant, mais peu approfondi, et si j'ai aimé plonger dans l'intrigue au départ, j'avais tout de même hâte à la fin de terminer ma lecture pour passer à autre chose.
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