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Critique de Stockard


A première vue et pour peu qu'on ne soit pas trop vigilant, on aurait vite fait de croire qu'on lit les ultimes écrits d'un genre de Tatie Danielle qui aurait versé dans la littérature, vieille femme cynique et indigne s'il en est. Ce serait aller un peu vite en besogne et enterrer la narratrice de ce singulier So Long, Luise dans un costume qui finalement ne lui va pas aussi bien qu'on aurait pu le croire. Et puis, enterrer, enterrer, faut le dire vite car si elle nous assure vivre ses derniers moments (et on n'a pas de raison d'en douter), son écriture est, elle, bien vivante ; plus que ça même : enlevée, corsée, survitaminée !

Célébration de la nature, des mots, de l'amour et du monde fantasmagorique, Céline Minard, ou plutôt XXX comme son personnage – auteure au succès international – est anonymement désigné, nous entraîne dans un univers totalement déjanté où les femmes se réapproprient leur droit à la même sexualité débridée que les hommes, sans honte et quand bon leur semble, où la supercherie de toute une vie ne leur fait pas froid aux yeux, où elles continuent à hanter les stands de tir à 80 berges passées et où elles n'hésitent pas à flinguer les jeunots qui seraient assez naïfs pour voir en elle des proies facilement dépouillables.

Se foutant de tout ce qui se fait en matière de conventions littéraires, Céline Minard nous balance son texte comme l'on sauterait à l'élastique, sans élan, et nous invite à la suivre dans un trip intime, déjanté et amoureux qui dresse le bilan d'une existence bien remplie sous une plume truculente, au vocabulaire riche et à la verve érudite et poétique balançant constamment entre bacchanales et monologue amoureux pour un dernier échange avec Luise, le grand amour, la peintre de talent, la compagne de presque toujours.

Après m'être bêtement trouvée incapable d'entrer dans Faillir être flingué il y a quelques mois, je ne regrette pas de m'être entêtée à lire cette écrivaine, même si je me suis malheureusement parfois perdue dans ce délirant labyrinthe folklorique pourtant crée avec magnificence mais peut-être était-ce voulu, ce legs littéraire étant finalement réservé à Luise, on peut au mieux le lire par dessus son épaule tout en regrettant de ne pas être à sa place. Pas tous les jours qu'on croise un telle déclaration-testament.
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