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Critique de sandrine57


1946, le Japon, vaincu, est occupé par les soldats américains. Démobilisé, Hisao prend le train pour rejoindre Hokkaido et sa fiancée Shigeko. Il y a dans sa valise, bien protégé par son caleçon de laine, un oeuf de jade qu'il compte offrir à celle qu'il ne connait pour l'instant qu'à travers des lettres échangées. Mais Hisao n'en a pas fini avec la guerre. Il est revenu de la terrible bataille de Peleliu des cauchemars plein la tête et une soif inextinguible dans la bouche. Ce désir de boire plus fort que tout l'a fait descendre du train, abandonnant la valise et le cadeau. Car quand Hisao a soif, il n'est plus qu'une bête prête à tout pour quelques gouttes d'eau, même lapées dans une flaque. Une fois sa soif momentanément étanchée, arrivent les regrets. Il faut courir le long de la voie ferrée jusqu'au terminus, vers cette valise et son précieux contenu, vers son avenir.


C'est dans une montagne qu'il a creusée jour et nuit jusqu'à ce qu'elle finisse par s'effondrer sur lui qu'Hisao a laissé son ami Takeshi, un ami qui partageait son temps, son labeur, sa peur, un ami qui avait le don d'écrire des chansons qu'il lui murmurait dans le creux de l'oreille avant qu'ils s'endorment, un ami mort sans eau, sans oxygène, écrasé par la montagne bombardée. Hisao a survécu mais son ami le hante toutes les nuits, lui et le soldat étranger qui lui a tendu sa gourde quand il a réussi à s'extraire de la montagne. Les cauchemars, la soif qui le taraude, il voudrait les laisser derrière lui et ne penser qu'à Shigeko sa future femme. Peut-être l'apaisement viendra-t-il de sa marche forcée, de ses rencontres avec d'autres laissés-pour-compte de cette guerre achevée dans le déshonneur...
Périple initiatique, L'homme qui avait soif est un roman âpre qui se lit la gorge sèche, avec l'impression de suffoquer à chaque page. le récit d'une douloureuse errance, illuminée toutefois par le souvenir d'une amitié très forte et l'espoir de jours meilleurs. Un homme en souffrance dans un pays en souffrance, marqués tous deux par la défaite, par les morts trop nombreux, supportant le fardeau de celui qui doit réapprendre à vivre après le chaos.
Un roman triste, douloureux mais porteur d'espoir. Magnifique !
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