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Critique de gruz


Bernard Minier creuse son sillon depuis dix ans maintenant, une carrière exemplaire. Cet « anniversaire » méritait bien qu'il fasse exploser une montagne pour créer un immense huis clos à ciel ouvert.

Une vallée encaissée, dans les Pyrénées, en partie coupée du monde, terrain d'une série de meurtres horriblement mis en scène. Et le capitaine (ex commandant) Martin Servaz qui mène l'investigation (mais pas seul).

Sixième enquête de Servaz, dans une situation particulière (il est suspendu, voir épisodes précédents).

Suspendu également, le lecteur, à la formidable plume de Minier. La vallée est le genre de lecture littéralement avalée. 520 pages bourrées jusqu'à la moelle d'actions, de rebondissements, d'émotions et de violence. Aucun moment de répit, l'air pur des Pyrénées ne suffit pas à oxygéner une atmosphère asphyxiante, saturée de tensions.

L'écrivain maîtrise à la perfection l'art du thriller, ce n'est pas nouveau. Tout comme l'art de créer une ambiance, de parler du monde actuel, et de dépeindre graphiquement cette violence, par la grâce d'une écriture enlevée et rythmée.

Ce nouveau roman peut aussi se voir comme un joli cadeau à ses fans de la première heure. Ils comprendront, tout coule de source. Mais les autres ne seront pas dépaysés, et auront ensuite une envie folle de se précipiter sur le passé de Servaz.

Voilà une intrigue qui va toucher le flic au coeur, par son passé et à travers ses valeurs, car un bon roman noir ne peut se priver d'une large palette d'émotions. Sa vie est déjà chamboulée, et ça ne va guère s'améliorer pour lui…

A l'image d'une société qui se cherche, en perte de confiance et en perte de valeurs. Dans un tel contexte, la situation confinée au grand air devient vite volcanique (le roman a été en partie écrit durant la période « Gilets jaunes » et ça se ressent parfois).

Après le face-à-face ahurissant qui clôturait le roman Nuit, entre Servaz et Julian Hirtmann, le Mal et la violence ont cette fois-ci de multiples visages. Certains inédits, d'autres plus familiers. Mais le Bien aussi, en balance, Bernard Minier faisant preuve d'autant de générosité que de noirceur.

Sa profonde humanité passe par ses personnages, du genre auxquels on s'attache, de ceux dont on se souvient. Et qui évoluent, changent, se questionnent.

Un livre de Minier ne fait pas que se lire, il se vit. Celui-ci autant que les autres, peut-être même avec une plus grande urgence (due au rythme soutenu de l'intrigue). le lecteur ressent, et donc participe. Et ce qu'il éprouve (et parfois endure) ne peut que le remuer et le perturber.

Après un formidable roman visionnaire, M le bord de l'abîme, Bernard Minier revient à une forme plus traditionnelle de thriller. Qu'il maîtrise à la perfection. Car il a compris que la pire des noirceurs doit aussi être contrebalancée par la lumière.

Oui, en matière de thriller, La vallée est un modèle du genre. Impossible à lâcher, diablement addictif, et furieusement humain.
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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