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Citations sur La Vallée (163)

L’horloge digitale du tableau de bord indiquait 3 h 45 quand il entra
dans la ville thermale plongée dans le sommeil, tel un chat blotti près d’un
poêle. Ses façades qui, autrefois, par une nuit aussi clémente, auraient gardé
leurs fenêtres grandes ouvertes, étaient cadenassées comme un coffre de
banque suisse.
Il traversa la ville sans s’arrêter en direction de la montagne sombre qui
fermait la vallée dans le fond.
En cette heure douteuse, elle semblait aussi morte que s’il avait
débarqué sur une planète sans vie. Au sortir d’un virage, il faillit louper
l’embranchement. Sur le bas-côté, la flèche « ABBAYE DES
HAUTSFROIDS » était presque entièrement dissimulée par le feuillage
d’un noisetier. Il freina, effectua une rapide marche arrière sur la route
déserte et vira à droite pour engager la Volvo dans la forêt. Il gravit la
colline au milieu des arbres aux troncs serrés et des tapis de fougères qui
creusaient un tunnel végétal, et bascula de l’autre côté, découvrit par une
grande trouée les bâtiments du monastère en contrebas, au creux d’un val
boisé : l’abbatiale du XIIe siècle, typiquement cistercienne avec sa tour et
son plan en croix latine, le cloître ceint d’arcades, les bâtiments des moines
– réfectoire, dortoirs – dont l’architecture massive semblait avoir été conçue
pour résister aux rigueurs de l’hiver et pour dissuader le curieux. Le tout,
caverneux, hostile, monumental. Il y avait des pelouses le long de la rivière,
dans le fond plat du vallon éclairé par la lune, mais les flancs des
montagnes qui entouraient le monastère étaient intégralement boisés.
Marianne… C’était de ces bois qu’elle avait appelé…
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Il cliqua sur l’un des symboles, et une nouvelle page s’ouvrit. Les
quatre symboles apparurent : alignés verticalement à gauche, sur un fond
d’un noir intense, comme une portion d’espace dépourvue de lumière. En
face de chacun, un portrait. Un visage souriant, juvénile, innocent. Des
enfants… Entre dix et quinze ans, estima Servaz. Son regard glissa sur les
jeunes visages et son cœur tambourina, son cerveau se mit à gémir, empli
d’effroi : il en connaissait au moins deux. Il les avait croisés quelques
heures plus tôt.
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En émergeant du café, alors que Gustav et lui reprenaient le chemin de la maison, il avisa un graffiti qui s'adressait à lui et aux membres de sa profession :

Nique la police

- Ça veut dire quoi "nique" ? demanda Gustav
- Ça veut dire " j'aime".
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Dans le silence qui suivit, il la regarda. Elle fit un pas de plus et son beau visage sortit des ombres. Tout proche du sien. Trop proche. Presque identique à son souvenir. Un peu amaigri peut-être, un peu flétri. Mais les traits demeuraient les mêmes. Ou peut-être était-ce la pénombre qui les adoucissait? Les grands yeux, eux, se détachaient comme deux billes d’opale et le fixaient. Il avait oublié combien ce visage était capable de l’émouvoir, de l’anéantir au premier coup d’oeil. Il sentit une onde sismique le traverser, une fois de plus, magnitude 7 sur l’échelle de Servaz. Un tremblement de terre intérieur.
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Il songea à ce qu'avait dit un jour un psychologue lors d'une conférence à laquelle il avait assisté: les foules aimaient les réponses simples. Les mots comme "justice", "liberté". Les slogans. Elles préféraient l'irréel au réel, les croyances . aux faits, la désobéissance à l'autorité, la colère à la raison, la simplification à la complexité. Les revendications d'une foule pouvaient être légitimes, avait expliqué le psychologue, et elles l'étaient souvent mais les travaux de Le Bon, de Freud, de Festinger, de Zimbardo sur la psychologie des masses avaient établi que la plupart des individus présents dans une foule ont beau être des gens sensés, raisonnables, dès quon les plonge dans un collectif ils perdent non seulement leurs inhibitions, mais aussi leur sens commun, leur indépendance d'esprit et bien souvent leurs valeurs personnelles. En psychologie sociale, on appelait ça la désindividuation de groupe. Servaz avait apprécié la formule. La conséquence, avait ajouté le psychologue avec un sourire gourmand au-dessus de son noeud papillon, c'était que les foules aimaient le sang: les guillotines, les incendies, les lapidations, les lynchages, les destructions, les boucs émissaires... Sur l'écran derrière lui passaient des images d'Inde, du Pakistan, de Centrafrique, mais aussi de Garges-lès-Gonesse.
Sauf qu'aujourd'hui, se dit-il, les réseaux sociaux plongeaient des individus naguère autonomes et autoconscients dans une désindividuation permanente, un bain de faits et de fantasmes constamment alimentée par le ou les groupes avec lesquels ils restaient connectés.
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L'ecclésiastique fronça ses sourcils noirs et broussailleux. Sous sa barbe, il passa un doigt dans son col romain.
- Tous ces scandales dans l'Eglise... Au Vatican, dans les paroisses... Ces cardinaux, ces évêques qui prêchent le contraire de ce qu'ils font, qui mènent des vies de débauchés à quelques mètres à peine du Saint-Père, qui vivent dans le luxe et le péché, tous ces prêtres pédophiles... S'ils n'étaient qu'une poignée, mais on a l'impression qu'ils... qu'ils sont des milliers... L'Eglise en est infestée : la foi, la tempérance, la force morale, la justice, où sont -elles aujourd'hui ?
P 329
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Ces chaînes d’info qui montent en épingle le moindre embryon d’information, et qui meublent avec à longueur de journée.
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Servaz se souvint d'avoir lu que la production mondiale annuelle de béton est d'un mètre cube par habitant. Il imagina que chaque habitant de cette planète recevait tous les ans en cadeau un cube de béton parfait d'un mètre de côté - qui venait s'ajouter aux cubes des années précédentes et à tous ceux des autres membres de sa famille : c'était la réalité de l'actuelle « bétonisation du monde ».
P 127
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- Parce que le seul sens à donner à la vie, continua-t-il, c’est de la vivre. Pleinement, consciemment, à chaque minute, chaque instant...
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A Toulouse, le "deal" se faisait au grand jour - dans des supermarchés à ciel ouvert qui offraient des cartes de fidélité et des promotions, de véritables "drives" où l'on pouvait récupérer son « menu » comme dans un fast-food. Le client recevait sur Snapchat une capture d'écran de Google Earth, avec la sortie de métro, le menu du jour et l'itinéraire à suivre. Sur place, des flèches peintes sur les murs lui indiquaient obligeamment le chemin de la place de "deal". Se procurer de la came n'avait jamais été aussi facile. Normal dans un pays qui était devenu le plus gros consommateur de cannabis en Europe et que les narcos colombiens eux-mêmes considéraient comme le prochain eldorado pour le marché de la coke.
P 179-180
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